En mai 2024, la Chambre des Députés a adopté à main levée une motion visant à lutter « contre l’une des pires crises humanitaires au monde au Soudan ». Par ce texte, le Luxembourg entend s’engager en fournissant des aides humanitaires, en œuvrant pour le respect des droits de l’homme et à la mise en place d’un cessez-le-feu, ainsi qu’un embargo sur les armes, à travers des institutions internationales telles que l’UE, l’ONU, et l’UA.
Cependant, ce mardi 27 août le 500e jour de guerre au Soudan a été atteint. Ce conflit a entrainé la « plus grande crise de déplacement au monde », selon l’ONU. En 500 jours, 10,7 millions de personnes ont dû fuir leur foyer, 25,6 millions sont menacés par la faim et 2,5 millions se trouvent au bord de la famine mortelle. Les deux parties belligérantes, les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (SAF), ont systématiquement recours à la violence sexuelle comme arme de guerre, tout en imposant des restrictions qui exacerbent l’insécurité extrême de la population soudanaise. Tuna Turkmen, coordinateur de Médecins sans Frontières au Darfour, souligne que l’aide urgente « peine à arriver et, quand elle arrive, elle est souvent bloquée ». D’ailleurs, la guerre a mis hors service 80 pour cent des établissements de santé, rendant l’accès aux soins médicaux – « y compris les soins de maternité et les soins d’urgence » – de plus en plus difficile.
Pour les personnes qui essaient de fuir le conflit dans les pays voisins, les conditions demeurent critiques. En Égypte, elles sont confrontées à des détentions arbitraires et des déportations illégales vers les zones de conflit, tandis qu’en Éthiopie, des milices attaquent les camps de réfugiés, y compris ceux gérés par l’ONU, contraignant ainsi les personnes déplacées à se cacher dans des forêts pour échapper à la violence.
Face à cette guerre, « oubliée » et « ignorée », des journalistes et des mouvements de solidarité avec la population soudanaise, souligne la nature contre-révolutionnaire de ce conflit. Il se déroule en toile de fond de la révolution populaire de 2019 et du coup d’État de 2021 qui impliquent des puissances étrangères, telles que les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, la Russie et l’Arabie Saoudite dans un « Proxykrich ».
Aujourd’hui, trois mois après l’adoption de la motion 4243 par la Chambre, les violences au Soudan demeurent et mettent en péril la population soudanaise. Un cessez-le-feu semble toujours improbable et le Soudan continue à être considéré comme « champ de bataille » pour les intérêts des belligérants et d’autres puissances internationales.