Arcades-Georges
Elles se voient d’emblée, elles ne passent pas inaperçues sur le Pont Saint-Georges. Construction fantasmée à l’image des Fabriques de jardin du XVIIIe siècle et qui ne donne pas à voir un bâtiment précis ou ayant existé, les Arcades, au travers desquelles on peut déambuler, construisent l’image de la ruine romantique tout en utilisant une mise en scène contemporaine. Longtemps l’un des axes principaux de la ville, habité pendant plus de cinq cent ans et ce jusqu’au XVIIIe siècle, ce Pont, qui a accueilli de nombreux commerces et prenait place comme un lieu de vie et de rencontres, se trouve ici revisité par « Les Nouveaux Voisins », Nicolas Grun et Pierre Laurent, auteurs de l’installation Les Arcades. Diplômés de l’École Supérieure d’Architecture de Strasbourg, ils réalisent des installations architecturales à travers la France. L’œuvre est loin d’être la seule dans ce parcours à nous faire réfléchir à notre place dans l’espace.
Verdis-toi !
Une autre installation, fresque végétale typographique, joue sur les mots : « Metz toi au vert! » sise rue des Roches. En lettres majuscules et en vert, difficile de passer à côté de cette œuvre au croisement des parcours street art et « Art et Jardins » proposés par le Festival. La technique utilisée pour l’inscription est le graff végétal mais l’installation utilise aussi la nature comme œuvre d’art. Passionné du monde végétal, semeur de rêves, Christophe Guinet est « Monsieur Plant », auteur de cette installation. Il choisit d’user du végétal pour dénoncer les dérives du consumérisme. Ses matériaux sont collectés dans la nature : fleurs, écorces, mousse, graine. Projet ludique et poétique, l’apparente simplicité de l’injonction immerge son spectateur : contemplateur ébahi comme simple badaud qui passerait devant l’œuvre.
Des créatures éphémères
L’œuvre restera-t-elle ou non ? Le fruit du temps, l’érosion, l’éludera-t-elle bientôt ou à l’inverse la renversera-t-elle d’une autre manière ? Tel est bien aussi l’intérêt de ces sculptures à même la nature qui entrent en résonance historique avec les artistes du Land Art, reconfigurant par traces et témoignages notre rapport à la nature. Sentier des Remparts, allée de la Tour des Esprits, Les Créatures de Philippe Bercet propose aussi cette matière à penser. Agrémentant des lieux, des paysages et des environnements avec des dispositifs proches de formes contemporaines faisant irruption dans un cadre où elles ne sont pas attendues, ces silhouettes végétales nommées Créatures prennent place le long des anciens remparts de la ville. Philippe Bercet, formé comme paysagiste, est artiste plasticien et crée des dispositifs pour des scénographies paysagères.
Le retour de Saint-Vincent
Ce parcours ne serait complet sans évoquer les trouées poétiques visibles en journée et même dans certains lieux dé-sanctuarisés. La magnifique bâtisse de la basilique de Saint-Vincent accueille ainsi Paysage immatériel de Valentina Canseco. Composé de plaques de plexiglas noir, jaune et vert découpées en de curieuses formes organiques, cette installation monumentale est suspendue au cœur de la nef de la basilique. Canseco, dont la pratique s’étend du dessin à l’installation, fascinée par l’architecture auto-construite et le paysage informel, livre sa propre interprétation de la lumière divine qui frappe la terre, en un clair-obscur vibrant. Retour à la nature, immensité de l’environnement et de ses atours : le parcours de l’édition 2021 du Festival « Constellations », ludique, se laisse parcourir joyeusement. En ces temps covidesques il invite (aussi) à nous interroger sur notre place.