Plateforme d’expérimentation scénique très convoitée, essentielle au développement de jeunes artistes, d’où la plupart reviennent transformé, le TalentLAB est devenu en six éditions un laboratoire d’interdisciplinarité du spectacle vivant qui accueille chaque année des artistes du monde entier, issus de l’émergence des scènes du théâtre, de la danse et de l’opéra. Pour cette septième année les Théâtres de la Ville de Luxembourg avec, comme chaque année, la grande complicité du Théâtre du Centaure et du TROIS CL, refont bouillir leur recette pour une édition résonnant au rythme de la présidence QuattroPole de la Ville de Luxembourg, sous entendant des partenaires de Trèves, Sarrebruck et Metz. Jusqu’au 12 juin, le TalentLAB ouvre ainsi à dix jours d’échanges, d’expériences, de spectacles, master classes, tables rondes, ou d’ateliers, dans plusieurs lieux consacrés de la capitale luxembourgeoise, pour inciter les rencontres entre artistes confirmés ou émergents, publics, badauds, et acteurs institutionnels.
« Né du désir de trouver une formule pour encourager les formes nouvelles et le processus de recherche », dès la création du projet, la volonté des promoteurs a été de faire du TalentLAB un « laboratoire à projets ». Aussi, c’est l’envie d’un dialogue pluriel entre les formes de spectacles vivants, comme autour de l’appartenance culturelle des artistes qui les jouent, qu’encourage le TalentLAB. Et cette année QuatroPolle en est un marqueur évident dans les rencontres qu’elle provoque. Ce sont en effet huit porteurs de projets, originaire de France, d’Irlande, de Suisse, d’Afrique du Sud, de Grande-Bretagne, de Hongrie et de Pologne, qui se rencontrent cette année. Et la stature de pôle de rencontres ne s’arrête pas là. Les porteurs de projet ont été sélectionnés par un jury de neuf professionnels de la scène culturelle, venus également des quatre coins du monde, composé de Sarah Baltzinger, Bernard Baumgarten, Bodo Busse, Serge Aimé Coulibaly (parrain danse), Dan Jemmet (parrain théâtre), Waut Koeken (parrain opéra), Tom Leick-Burns, Florence Martin et Myriam Muller, qui ont eu à cœur d’inviter un panel éclectique, aux lignes artistiques puissantes et passionnantes.
Le principe reste inchangé pour les porteurs de projets que sont Aude Kerivel et Lionel Rougerie avec Paroles d’Amoureuses et Chris Moran avec A Normal Woman, pour le théâtre ; Brian Caillet et Julia Rieder avec Ultra et Kieron Jina avec Breaking Down Walls, pour la danse ; Zsuzsanna Ardó avec Hekate’s Picnic et Ewa Rucinska avec Kitchen Symphony, pour l’opéra. Guidés avec bienveillance par « le conseil expert d’artistes confirmés choisis parmi les collaborateurs∙internationaux∙des Théâtres de la Ville », il s’agit pour eux de vivre ces dix jours en songeant à construire, avec leur équipe, en toute liberté, une maquette présentée en clôture du TalentLAB, le dimanche 12 juin. Le TalentLAB est tout aussi stimulant, par son aspect école d’art, que déroutant, par la charge émotionnelle qu’il provoque. Si la dimension de création est dans les esprits de chaque porteur de projet, il s’agit aussi de profiter d’un cadre de rencontres assez unique, et forger plus encore un réseau dépassant les frontières. Nourris par les contraintes de temps, de technique, d’espace, chacun doit composer en s’interrogeant sur ce qu’est la création du spectacle vivant contemporain aujourd’hui, pour faire défaillir sa pratique, la réévaluer, la ressourcer, trouver de nouvelles méthodes de travail, élaborer de l’inédit.
Le TalentLAB s’est donc ouvert ce jeudi, par Life Writing, un workshop de Alexander Zeldin, à destination des participants et des professionnels du théâtre. Ensuite, plusieurs spectacles ont cadencé le début du programme, KIRINA de Serge Aimé Coulibaly, qui « puise à la source des contes épiques mandingues, et tire sa force du chant de Soundiata », sera joué ce vendredi, comme RIDER SPOKE, une balade immersive à vélo autour du Luxembourg, par le collectif britannique Blast Theory, également au programme du week-end. Ce vendredi, le fameux 3 DU TROIS, rendez-vous mensuel du TROIS CL, s’invite et fait résonner The Shade of my Own de Ioanna (Jovi) Anousaki et Bodies of Water de Isabella Oberländer.
Ce samedi, Frieda Gerson, ancienne porteuse de projet, montre Parasite, aboutissement de trois années après son projet de recherche montré en maquette au Théâtre des Capucins en 2019, et aujourd’hui en un spectacle concret au Théâtre National de Luxembourg. Le lundi 6 juin le Belarus Free Theatre fait entendre son Dogs of Europe au Grand Théâtre, « un drame viscéral et psychologique se déroulant dans un futur proche, dépeignant un super-État dystopique dans lequel les droits individuels ont cédé la place au contrôle ».
Voulant se positionner cette année comme un rouage de synergie entre les scènes de la Grand Région par son adage QuattroPole, le TalentLAB 2K22, reste néanmoins campé sous sa formule magique qui a fait ses preuves six éditions durant, bien que trois événements labellisés QuattroPole viendront marquer ce positionnement sur les journées du mercredi 7, jeudi 8 et vendredi 9 juin. Le mercredi, c’est le Belge Jérôme Michez et la Luxembourgeoise Elsa Rauchs, qui s’affichent avec leur AMER AMER, un spectacle d’un genre nouveau qui coche toutes les cases de l’expérimentation qu’admet la nouvelle création théâtrale. Le jeudi 9 juin viendront Les Furtifs de la Compagnie Roland Furieux, une pièce tirée de l’excellent roman de science-fiction du même nom signé Alain Damasio. Le vendredi 10 juin le QuattroPole Danse, son nom résumant l’ancrage, clôture ce partenariat tri-frontalier. Alors, si cette édition QuattroPole résonne un peu comme une « coïncidence », elle est un prétexte en or pour permettre la venue de ces différents artistes sillonnant depuis longtemps le territoire de la Grande Région, pour émerveiller ses publics. Le dimanche 12 juin le public verra se succéder les présentations des maquettes théâtre, opéra et danse, pour profiter d’une grande fête de clôture, dont seuls les Théâtres de la Ville de Luxembourg ont le secret.