Initialement prévue en mai dernier et malgré de nombreuses incertitudes quant à la situation actuelle, la Nuit de la Culture d’Esch-sur-Alzette aura bel et bien lieu demain, samedi 19 septembre. L’an dernier déjà, l’évènement avait été décalé en catastrophe pour respecter le deuil national en hommage au grand-duc Jean. Cette nuit incontournable prend place à un moment où la ville, qui sera capitale européenne de la culture en 2022 – autant dire demain - est sous le feu des projecteurs. La réputation de la commune a souffert des départs en cascade et des multiples polémiques artistiques autour d’Esch2022, mais aussi des évènements d’envergure décalés ou annulés pour cause de Covid. En effet, Esch misait déjà beaucoup sur sa première « vraie » édition des Francofolies où étaient attendus en juin dernier Nekfeu, Philippe Katerine, Mr. Oizo et Véronique Sanson. On se souvient de l’édition test ou « warm up » en 2018, qui s’est avéré être un fiasco dont on reparlera encore le siècle prochain. Le festival a été reporté à juin 2021. En attendant, Esch a tout misé sur une soirée, qui malgré ce bagage négatif, propose un programme plus qu’alléchant.
Cette année encore, la Nuit de la Culture a été développée autour d’une thématique : « Prendre l’air ». Un vaste programme, très à propos lorsqu’il est mis en perspective avec les longs mois confinés et asphyxiants. L’an dernier, c’est le thème de l’eau qui était développé, l’année d’avant, celle des rêves. Mais le public, impressionné sans doute par les sculptures de feu déployées ce soir-là, l’avait assimilé à cet élément. « Prendre l’air », c’est aussi une formule réfléchie en lien avec le site Université/Belval, nouveau terrain de la culture eschoise. Non seulement « très exposé aux courants d’air », mais aussi caractérisé par « la verticalité de grands bâtiments qui nous poussent à regarder vers le haut » explique Loïc Clairet, coordinateur général de l’événement.
Au programme donc, une articulation en deux temps. Une premier transfrontalier et cycliste avec une première édition d’un parcours à vélo prévu de Villerupt, côté français, à Esch où la Place du Brill prendra des airs de garage à vélos, avec ateliers de cerfs-volants, expositions et un avant-goût d’Esch2022. Une mise en scène « immersive et déambulatoire » signée Renelde Pierlot est aussi prévue dans les locaux du Escher Theater. Toutefois, la place du Brill ne sera qu’un arrêt puisque les cyclistes et piétons, devront se rendre à Belval pour assister à une deuxième partie plus traditionnelle. Des propositions musicales d’Hariko sont attendues tout au long du parcours, ainsi qu’Un air d’inattendu, une installation « multidimensionnelle » mise en place par l’asbl Blanc Murmure.
« Puisque la frontière est à côté et que les frontaliers font en général le trajet en voiture, nous voulions privilégier le temps d’une journée les chemins cyclistes » précise encore Loïc Clairet. Des vélos en libre-service seront disponibles à cet effet. Pour les moins téméraires, le plat de résistance aura donc lieu dans le quartier Université/Belval qui va prendre « des airs de pistes aux étoiles » avec visites nocturnes des Hauts Fourneaux, expositions, banquets mais surtout, performances. On attend beaucoup d’Exit, un spectacle de montgolfière concocté par la compagnie Inextremiste et d’une lecture-concert reprenant les plus belles compositions du mythique studio japonais Ghibli. Une proposition très à propos là encore, tant la thématique du vent est prégnante dans l’œuvre de Miyazaki notamment. Les fidèles musiciens du Bortsch Orchestra seront de retour pour un concert de musique des Balkans. Un grand bol d’air frais à n’en pas douter.
Les curieux pourront encore découvrir une œuvre de Bert Theis ou une installation signée Sandy Flinto et Pierrick Grobéty rappelant le confinement récemment vécu. Dans l’ensemble, l’évènement annonce 37 projets culturels, 170 participants actifs (artistes et bénévoles). Le budget est similaire à celui des années précédentes, soit plus ou moins 600.000 euros.