Un important syndicat allemand a annoncé cette semaine qu’il s’associe à la grève pour le climat organisée le 20 septembre par Fridays for Future. Sans aller jusqu’à appeler formellement à la grève, Frank Bsirske, le chef du syndicat des services Ver.di, a invité les deux millions de membres de sa centrale à participer à cette action en s’absentant légalement de leur lieu de travail.
« Evidemment, nous n’appelons pas tout le monde à une grève ordinaire, ça ne va pas. Chacun ne sera pas non plus en mesure d’interrompre son travail. Mais tous ceux qui le peuvent devraient quitter leur travail en horodatant et participer. Moi en tout cas je vais y aller », a-t-il déclaré à la Westdeutsche Allgemeine Zeitung.
Sur le fond, il a expliqué : « Nous allons appeler à participer aux manifestations. Il s’agit de porter haut les couleurs – nous avons besoin d’une action politique nettement plus conséquente en matière d’action climatique ».
Face à l’inaction crasse des décideurs, il est logique pour les jeunes engagés dans la lutte pour la préservation du climat de passer à la vitesse supérieure et de viser une grève générale, outil de mobilisation non-violente par excellence. Jusqu’à présent, aucun syndicat d’envergure n’avait sauté le pas. L’initiative du syndicat des services montre que malgré les limitations strictes qu’imposent la plupart des législations au droit de grève, les organisations représentatives des salariés cherchent à faire entendre leur voix dans le concert grandissant de ceux que l’inaction climatique exaspère.
On lit souvent qu’en Allemagne, les grèves dites « politiques » sont illégales, n’étant autorisées que celles, dument agendées et votées, qui portent sur des conflits entre salariés et employeurs. Le politologue et expert des mouvements de grève Jörg Nowak, interviewé par ZDF, s’est montré beaucoup plus circonspect sur ce point. L’interdiction des grèves politiques, qui date d’une grève des imprimeurs dans les années 1950, relève selon lui d’une interprétation sujette à discussion. Ainsi, il y a bien eu des grèves politiques des syndicats qui n’ont pas été interdites, comme celles contre la fameuse « double décision » de l’Otan prise fin 1979. Pour Nowak, le caractère illégal ou non d’une grève ne peut en réalité être déterminé qu’a posteriori, un des critères centraux étant très probablement sa durée.
Reste que l’appel de Frank Bsirske exauce les vœux des jeunes à l’origine de cette action du 20 septembre, pour qui une participation massive des adultes est essentielle pour démontrer que la base de leur mouvement s’élargit. Luisa Neubauer, l’étudiante en géographie à la pointe du mouvement Fridays for Future en Allemagne, a salué l’avancée de Ver.di comme « un pas immensément important ».