Le gros avantage d’une machine de guerre comme les Francos, outre la diversité des espaces du site (devenu un véritable petit village), c’est la ponctualité dans les passages des groupe. Shaka Ponk arrive donc sur scène à 21h15 pile, devant un public varié allant du groupe de bobos quelque peu éméchés aux jeunes enfants bien vissés sur les épaules de leurs parents. On ratisse large du côté des Ponks et c’est tant mieux.
Actuellement en pleine tournée d’adieu (avec 87 dates quand même !), le show semble calé au millimètre près. Il faut dire que le groupe a toujours pris un malin plaisir à pimenter ses concerts de séquences vidéo de plus en plus impressionnantes au fil du temps. Seulement parfois, c’est tellement bien calé que ça coince ! Et en plein milieu du premier morceau, pan, tout s’arrête. Patient, le public ne bronche pas et la machine redémarre après quelques minutes. Le groupe reprend alors le même morceau et, croyez-le ou non, mais au même moment, (re)pan, tout s’arrête à nouveau. Sam, la chanteuse, en rigole et s’allume une clope tout en discutant avec le public. Frah, le chanteur, semble, lui, vouloir faire la peau au responsable de cette pseudo-blague et sort de scène. Commence une assez longue attente qui va tout doucement énerver un public pourtant tout acquis à sa cause. Et au moment où l’on se dit que ça ne va pas reprendre, magie, le concert (re)reprend. Au final, cet accroc, qui aurait pu plomber l’ambiance va, au contraire, booster le groupe qui déroule son show dans une fulgurance de décibels et une section rythmique basse-batterie déchaînée.
Pour cette tournée, Shaka Ponk a vu les choses en grand et on retrouve donc seize choristes tout de blanc vêtus qui, par moment, donneront un côté véritablement mystique au concert. La set-list, elle, est sensiblement la même à chaque date et, si l’on peut regretter de ne pas avoir entendu Let’s bang ou My name is Stain, la foule a explosé néanmoins sur les classiques I’m picky, Wanna get free et, bien évidemment, la classique reprise de Nirvana, Smells like teen spirit.
Groupe un peu rigolo au début, Shaka Ponk est aussi devenu, au fil du temps, bien plus engagé et semble avoir décidé, depuis quelques années maintenant, de ne plus la fermer. Frah ne se gênera d’ailleurs pas pour envoyer quelques punchlines bien senties, piquant çà et là les grands de ce monde tout en n’oubliant pas de remercier les parents venus ce soir avec leurs enfants. La morale peut sembler clichée (« Le bonheur, c’est maintenant ») mais elle est surtout de plus en plus juste. Attentifs au monde qui l’entoure, proche d’associations comme Sea Shepherd, Shaka Ponk se retire du business musical justement pour revoir sa façon de vivre, plus proche de la nature et de l’environnement.
Juke-Box hero
Ce qu’on pense de lui, franchement, David Guetta s’en moque ! Son kiff, c’est de faire danser les gens et rien de plus. Et si vous n’êtes pas convaincus, demandez aux 10 000 personnes agglutinées devant la scène dimanche dernier si elles se trompent !
David Guetta, c’est le Deadpool du milieu de la nuit électro, l’anti-héros, le mec sympa mais qu’on adore détester. Le fameux DJ dont on se demandera toujours s’il mixe vraiment ou si tout son set n’est pas simplement calé sur une clé USB ; le reste relevant alors un mélange de comédie dramatico-comique. Mais David Guetta, c’est aussi un mec qui, il y a déjà 22 ans, a sorti Love don’t let me go, tube absolu devant lequel on ne peut que s’incliner. Il l’a rappelé dimanche soir, ça fait 22 ans qu’il traîne ses platines (ou sa clé USB) sur toutes les scènes du monde.
Qu’on le veuille ou non, David Guetta est un artiste important dans le monde de la musique et ses collaborations avec des pointures telles Sia, Black Eyed Peas ou encore Kid Cudi sont là pour l’attester. Quand ce gars a décidé d’écrire un tube, il l’écrit. Point final. Et peu importe finalement si, en concert, tout ça ressemble un peu à une sorte de juke-box foutraque dans lequel, lui, s’amuse, le public en redemande. En fait, le public, son public, n’a pas besoin de plus ! On ne lui demande pas de parler de physique quantique ou de donner son avis sur le conflit Israélo-Palestinien, non, on lui demande simplement de balancer ses tubes, les aiguilles dans le rouge et d’envoyer, comme dimanche aux Francos, quelques gerbes de feu et des confettis. Et c’est exactement ce que le DJ de 56 ans a fait !
Parler n’est probablement pas son truc, donc il s’abstient. Bien sûr, il y a toujours quelques phrases ultra clichées (comme « Put your f**g hands in the air ! » ou encore « Vingt ans après, on est toujours là en train de faire la fête ! » entendues des milliers de fois) mais le sourire qu’il arbore tout au long du set ne fait que confirmer que, au final, ce mec est juste à sa place, là, sur un podium, avec ses (vraies ou fausses) platines et des milliers de gens qui n’ont que faire des préjugés et des mauvais penseurs. Alors, dimanche, il n’a pas vraiment prouvé qu’il était le meilleur DJ du monde. Mais on s’incline devant son travail et sa réussite qu’il n’a volés à personne.