Ticker du 7 juillet 2023

d'Lëtzebuerger Land vom 07.07.2023

Fuck / yeah

La Commission européenne a relevé mardi les progrès du Luxembourg en matière d’état de droit, évaluant notamment le cadre de la lutte contre la corruption et la criminalité financière ou encore l’équilibre des pouvoirs. Le quatrième rapport annuel souligne prioritairement la réforme constitutionnelle et la loi instaurant le Conseil national de la justice, instance qui renforce l’indépendance du parquet vis-à-vis de l’exécutif. La Commission remarque aussi des « progrès significatifs » accomplis dans l’allocation de ressources pour poursuivre les crimes en matière financière, conformément aux recommandations formulées dans les précédentes éditions. « The number of prosecutors at the economic and financial crime section of the Prosecutor’s Office increased by three in 2023 to a total of 16 and the Prosecution Service intends to recruit more magistrates in 2024 », souligne-t-on à Bruxelles. La loi du 23 décembre 2022 sur les référendaires de justice devrait, elle, permettre une augmentation de quinze pour cent du nombre de juges à la section économique et financière. Sont enfin notés les recrutements engagés dans la police, mais il est pour l’heure difficile de savoir dans quelle mesure ils bénéficieront au département luttant contre la criminalité financière.

Les principaux reproches de Bruxelles visent la Chambre des députés. D’abord son « registre de transparence ». « Its structure and implementation remain minimal and legislation on lobbying remains to be evaluated », écrivent les experts de la Commission. Il s’agit pour l’heure d’une simple liste des organisations autorisées à rencontrer les députés mais ces derniers (qui ont défini ces « règles » eux-mêmes) ne sont pas tenus de dire qui ils voient dans le cadre de leur activité (photo : capture d’écran/chd.lu). Idem, les experts jugent que le processus législatif doit être « amélioré en termes de transparence et de consultation publique ». Pour rappel, les débats des Commissions ne sont ni publics ni retransmis. Enfin, le rapport sur l’état de droit constate que la Cour des comptes n’a trouvé aucune irrégularité dans le financement des partis politiques, mais relève que le contrôle financier des communes est opéré par le ministère de l’Intérieur. pso

Urgence location de logements abordables

Télescopage d’informations mardi dans les boîtes mail des rédactions avec la réception quasi-simultanée mardi du communiqué
d’AtHome.lu sur la forte augmentation des loyers et de celui de l’Observatoire de l’habitat sur l’aggravation de l’exclusion des ménages précaires du marché privé de la location. Selon le leader des annonces immobilières, la hausse des loyers annoncés se poursuit. Ils ont augmenté en moyenne de 11,2 pour cent pour les appartements et de 13,4 pour cent pour les maisons entre le deuxième trimestre 2023 et le même exercice en 2022 (les locations de maisons ont notamment augmenté de 16,5 et 19,8 pour cent dans l’Ouest et l’Est du pays). Les loyers des appartements avaient déjà progressé de 6,3 pour cent en glissement sur un an au deuxième trimestre 2022. Les augmentations des loyers sont confirmés par l’Observatoire de l’habitat (qui vise aussi les nouveaux baux). « Par conséquent, les ménages à faibles revenus sont encore plus exclus du marché locatif privé », écrivent les experts du ministère du Logement qui constatent aussi une augmentation rapide des candidats à un logement abordable. +43,1 pour cent entre 2021 et 2023, soit 5 555 candidats-locataires sur la liste d’attente contre 3 881 début 2021. L’Observatoire de l’habitat attribue notamment cette tendance à l’augmentation des taux d’intérêt et aux exigences plus strictes du secteur bancaire pour l’obtention d’un prêt hypothécaire… ce qui limite la « mobilité résidentielle ». Les familles monoparentales et les familles nombreuses sont surreprésentées parmi les candidats-locataires. La moitié des candidats-locataires dispose d’un revenu net disponible pondéré inférieur à 1 643 euros par mois. pso

De la place rouge à la salle rouge

Une vie « ruinée » par une accusation qui ne tient pas la route. L’avocat parisien Thierry Marembert a défendu mardi devant le Tribunal de l’Union européenne ses deux clients milliardaires russes. Mikhail Fridman et Petr Aven, deux fondateurs d’Alfa Bank dans les années 1990, principale banque commerciale russe à capitaux privés, puis du groupe d’investissement LetterOne basé au Luxembourg, ont déposé recours devant la justice européenne contre les sanctions prononcées contre leurs avoirs et leur liberté de circuler en UE. Ces « mesures restrictives eu égard aux actions compromettant ou menaçant l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine » ont été publiées au Journal officiel le 28 février 2022, soit quatre jours après la tentative de prise de Kiev par Moscou.

Pour punir la Russie, amenuiser ses ressources financières (sans toutefois couper les liens avec Gazprom), saper la popularité de Poutine et l’éloigner de ses soutiens, le Conseil européen avait, à la hâte, pêché une centaine de noms de réputés proches de l’autocrate russe. Mikhail Fridman a ainsi été identifié comme « top Russian financier and enabler of Putin’s Inner circle ». Un concept « vide de sens » pour l’équipe de défense de l’oligarque ce mardi dans la salle rouge du Tribunal de l’UE. Les avocats soulignent que les « graves accusations » se basent sur neuf documents qui « ne prouvent rien ». Les avocats parisiens brossent les reproches et prétendues « évidences » du dossier monté par le Conseil, essentiellement des coupures de presse (le public n’y a cependant pas accès).

Au JO de l’UE est écrit que l’aîné des filles de Vladimir Poutine, Maria, « ran a charity project, Alfa-Endo, which was funded by Alfa Bank. » La pièce sur laquelle s’appuie l’accusation est une dépêche Reuters datant du 10 novembre 2015 présentant la fille du président russe comme une spécialiste en sciences biomédicales dont la défense ne conteste pas la véracité. Au contraire de celle d’une seconde source, « un obscur site internet » selon lequel Maria Poutina aurait dirigé le programme.

Selon l’exécutif européen Mikhail Fridman et Petr Aven auraient échangé des « faveurs » avec Vladimir Poutine « en échange de soutien politique à ses affaires et ses gains financiers ». Pour preuve est cité un investissement réalisé en 2005 par la branche télécom d’Alfa Group en Turquie, salué par Vladimir Poutine à l’issue de la visite de Recep Tayyip Erdogan à Sochi : 18 ans avant l’agression russe.

Thierry Marembert évoque les problèmes rencontrés au quotidien par ces hommes d’affaires. Les parents de Mikhail Fridman vivraient en Allemagne, seraient âgés de plus de 80 ans et leur oligarque de fils ne pourrait leur rendre visite. « Pour se déplacer il faut beaucoup beaucoup de tampons de beaucoup beaucoup de gens », a martelé son avocat. Au rayon affaires, les deux hommes se sont retirés de leurs mandats d’administrateurs de leurs sociétés, notamment au Luxembourg. Selon son dernier rapport annuel publié au Registre de commerce, celui de 2020, LetterOne Holdings gère sept milliards d’euros depuis le Glacis. ABH Holdings pèse 3,3 milliards d’euros (dont des filiales en Ukraine… et Alfa Bank, sanctionnée). L’objectif du retrait : ne pas nuire à la continuité des sociétés. Le juge rapporteur Dean Spielmann intervient : « Expliquez-moi. Pourquoi ils ne peut pas vendre ses parts ? ». « Il n’a pas vendu ses parts car elles sont gelées. Quand bien même il voudrait le faire, il ne pourrait pas », répond l’un de ses avocats. Étrangement, le rapport annuel 2021 renseigne sur la vente en 2022 des parts de deux autres actionnaires sanctionnés, German Khan et Alexei Kuzmichev, à un minoritaire en 2022.

Mikhail Fridman et Petr Aven sont liés par leurs richesses accumulées avant l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Petr Aven a même piloté la privatisation de l’économie russe à l’effondrement de l’URSS. L’affaire de celui que le conseil identifie comme l’un des « cinquante hommes d’affaires russes les plus riches qui rencontrent régulièrement Vladimir Poutine au Kremlin » a été entendue mardi après-midi devant le tribunal. « On 24 February 2022, in the aftermath of the initial stages of Russian aggression against Ukraine, Petr Aven, along with 36 other businesspeople, met with President Vladimir Putin and other members of the Russian government to discuss the impact of the course of action in the wake of Western sanctions », écrit le Conseil au Journal officiel. Pour l’UE, le fait que Petr Aven soit invité montre qu’il fait partie du cercle le plus proche du président russe. « That special invitation shows that he is supporting or implementing actions or policies which undermine or threaten the territorial integrity, sovereignty and independence of Ukraine, as well as stability and security in Ukraine. » Or, pour ses avocats, Petr Aven est « profondément » occidental. « Il fait partie de ces gens qui ont mis par terre l’économie soviétique », explique Thierry Marembert. Petr Aven est en outre Letton, donc Européen. Toutes les prétendues preuves apportées par le Conseil seraient des « éléments d’ambiance ».

En réplique, le représentant de l’exécutif européen se montre serein. « Le conseil a fourni un faisceau d’indices, comme le veut la jurisprudence, pour montrer que Monsieur Aven répond aux critères d’inscription » sur la liste des sanctions, avance Vincent Piessevaux, flegmatique. Il doit l’être. Selon les informations communiqués au Land par la CJUE, 74 recours ont été déposés contre des mesures restrictives liées à l’invasion de l’Ukraine. Les sanctions visent 1 473 personnes et 205 entités. pso

Bénévolat patronal

Touchées par la crise du bénévolat, les organisations patronales peinent à renouveler leurs cadres. Cela se traduit par une provincialisation et fonctionnarisation des chambres et fédérations d’employeurs. Une manager de la Spuerkeess paraétatique, Doris Engel, remplace ainsi Luc Frieden à l’assemblée plénière de la Chambre de commerce. Le grand patronat aux réseaux internationaux est de plus en plus aux abonnés absents. Après les sidérurgistes Kinsch et Wurth, les présidences de l’UEL et de la Chambre de commerce sont aujourd’hui occupés par le chauffagiste Reckinger et le libraire Ernster. Cette tendance s’explique souvent par le refus des maisons-mères de voir leurs directeurs locaux endosser de tels postes chronophages. Le délitement est perceptible depuis un certain moment déjà chez l’ABBL. (Mais de toute manière, le rôle de porte-parole de « la place » est aujourd’hui trusté par Luxembourg for Finance dans la personne de Nicolas Mackel, fonctionnaire et diplomate de carrière.) L’association des banquiers vient en outre de perdre une de ces directrices. Après 24 ans à l’ABBL, Catherine Bourin a intégré en juin le ministère de la Justice où elle a pris la direction de la lutte contre le blanchiment. Pendant ce temps-là, le Premier ministre cherche des interlocuteurs prestigieux à l’international ; il les trouve aux sommets de Davos. Sur recommandation de sa sherpa Yuriko Backes, le Premier y est monté une première fois en 2015, brisant avec 18 ans de boycott de Jean-Claude Juncker. Bettel a utilisé le Forum économique pour réseauter et pour s’afficher en compagnie de Tim Cooke, Bill Gates ou Lakshmi Mittal. bt

Butzebuerg

49 Maison Relais und Crèches werden derzeit landesweit nach 19 Uhr von mindestens einem Kind besucht (Stand April 2023). Die vom Bildungsministerium zur Einsicht gestellte Liste zählt eine einzige Einrichtung (die Crèche Amitola) in Luxemburg-Stadt; dafür sechs in Differdingen, jeweils drei in Wiltz und Esch/Alzette, zwei in Larochette, Ettelbrück (eine davon im CHdN) und Weiswampach. In kleineren Gemeinden wie Boulaide oder Stauseegemeinde, ebenso wie in einer Handvoll Orte im Speckgürtel (Leudelingen, Roeser, Sandweiler, Dippach, Contern) werden derzeit ebenfalls Kinder nach den Regelzeiten betreut. Die Konzentrierung von Schicht-Arbeitenden wie Putzfrauen oder Krankenschwestern auf einige Gemeinden des Landes, allen voran Differdingen, und das damit einhergehende Bedürfnis für längere und flexiblere Öffnungszeitungen, legt die Liste trotzdem nahe. Mit jeweils neun und sieben dominieren die landesweit agierenden Anbieter Nascht und Butzemillen, gefolgt von Les p’tits bouchons. sp

Pierre Sorlut, Bernard Thomas
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