Ticker du 30 juin 2023

d'Lëtzebuerger Land vom 30.06.2023

77 + 21x*(747) = ?

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, pose ce jeudi sur la piste d’Astana (photo : MAEE) où vient d’atterrir le 77e Boeing 747 de Cargolux depuis le 7 mai 2023 (en présence du directeur général Richard Forson et du CFO Maxim Straus). Le ministre socialiste a signé en marge de l’événement un mémorandum d’entente sur les services aériens qui fera passer de sept à 21 le nombre de vols hebdomadaires de Cargolux vers le Kazakhstan où le régime adopte une position ambiguë à l’égard de la Russie. Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev (rencontré par Jean Asselborn cette semaine), avait affiché son unité avec son homologue russe, Vladimir Poutine, en novembre dernier. La semaine passée, les autorités de cette ex-République soviétique d’Asie centrale ont déprogrammé le concert d’un chanteur russe (Grigori Leps) qui soutient l’invasion en Ukraine. pso

Perquisition dans l’immobilier

Selon les informations du Land, la police luxembourgeoise a perquisitionné le siège du groupe immobilier Adler, allée Scheffer, ces mercredi et jeudi. La descente policière a été organisée dans le cadre d’une décision d’enquête européenne émanant du parquet de Francfort-sur-le-Main. Selon le communiqué de l’instance, l’enquête (qui ne cite pas nommément Adler) vise 21 sites (locaux commerciaux, bureaux, appartements et un cabinet d’avocats) en Allemagne et six autres pays européens dont le Luxembourg. Il est reproché aux prévenus d’avoir falsifié les comptes de l’entreprise et opéré des manipulations de marché. Ce groupe immobilier d’origine allemande est dans la tourmente depuis plusieurs années en raison de lourdes accusations de fraudes. pso

Jusqu’ici tout va bien

Le Comité du risque systémique (CdRS) a publié ce mardi son rapport annuel 2022. Présidé par la ministre des Finances, Yuriko Backes (photo : sb), cet aréopage réunit les directeurs généraux de la CSSF, de l’ACA et de la BCL. Le rapport aborde surtout, quoique de manière très prudente, les risques émanant d’un marché immobilier en plein freeze (lire page 11). Or, il existe d’autres sources potentielles d’instabilité financière. La profitabilité du secteur bancaire luxembourgeois reste ainsi « à un niveau faible » : Sur les deux dernières décennies, le ratio coûts-revenus s’est détérioré significativement (mais l’évolution est similaire dans la zone euro).

Si le secteur bancaire luxembourgeois a largement bénéficié de la remontée des taux (les revenus nets d’intérêt ont augmenté de 36 pour cent en l’esapace de douze mois), ces profits auront été phagocytés par la constitution de quelque 1,3 milliard d’euros de provisions additionnelles afin de compenser le risque de crédit et la « détérioration des perspectives économiques induite par les tensions géopolitiques et les incertitudes y associées ». Le CdRS promet de suivre de près l’évolution de la profitabilité bancaire : « En effet, la persistance d’un niveau de profitabilité faible serait un facteur déterminant pour la capacité d’absorption des chocs pour certaines banques dont les coussins de capitaux propres demeurent faibles ».

Le secteur des fonds d’investissement reste, lui, exposé à la volatilité des marchés qui pourrait déclencher des demandes de rachats de parts, qui à leur tour, risqueraient de provoquer un choc de liquidité pour les banques dépositaires. (L’industrie des fonds au Luxembourg a enregistré une perte de valorisation de ses actifs nets de 8,8 pour cent.) En réponse, les coussins de liquidité ont été augmentés et les expositions aux contreparties les plus risquées réduites, écrit le CdRS. bt

Assess Yo Self

La place financière ne s’est toujours pas mise à l’heure de la décarbonation. C’est ce qui ressort d’un exercice de « self-assessment » que la CSSF a fait passer à un échantillon de quinze banques. Les résultats ont été présentés le 20 juin lors d’un webinar et publiés cette semaine. Ils sont dégrisant. On y apprend qu’« only 35 per cent of the banks have achieved concrete progress regarding climate-related and environmental risks (CR&E) ». Les banques ne considèreraient que « rarement » ces risques dans leur stratégie d’affaires. Le dérèglement climatique impacterait d’ailleurs peu leur « risque d’appétit ». Déjà parce qu’elles ne disposent pas des données nécessaires : « It appears very challenging for banks to determine and compute meaningful key risk indicators due to lack of reliable (internal or external) data. »

En juin 2022, la CSSF avait envoyé un questionnaire à quinze banques de petite et moyenne tailles (qu’il supervise directement) afin de se faire une idée plus précise de leur niveau de préparation aux règlements européens à venir. Les résultats des « assessments » furent ensuite discutés en bilatéral avec chacune des banques testées. La CSSF constate que la moitié des banques testées n’ont pas évalué les « risques de transition ». Et de revenir à son dada : « Reputational risk was often a blind spot ». La CSSF voit pourtant « some progress » en ce qui concerne la gouvernance interne, et estime qu’il y aurait désormais « a widespread awareness » : « Institutions started to update their policies, assigned responsibilities for managing C&E risks and deployed dedicated trainings. » Or, les banques restent loin du compte. Elles devraient ainsi accomplir des « progrès significatifs » pour satisfaire les attentes de la CSSF : « It seems that several banks started to adapt their practices only when they received the CSSF self- assessment questionnaire ».

Le régulateur distille ensuite des éléments de « bonne pratique ». Les banques devraient ainsi garder à l’œil tant les « physical risk drivers » (inondations massives, sècheresses sévères) que les « transition risk drivers », comme un « increase of carbon emissions price affecting market value of issuers from industrial sectors ». Le prochain exercice en « self assessment » a été lancé ce mois-ci. Les résultats devraient être publiés au printemps 2024. (photo : grève pour le climat ; sb) bt

Des réserves, mais ça passe

L’assemblée plénière du Groupe d’action financière (Gafi ou FATF en anglais) a constaté vendredi dernier « l’efficacité et la conformité » des mesures luxembourgeoises de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Voilà qui met fin à presque dix ans de sueurs froides pour réparer l’infamie de 2010. À sa troisième évaluation mutuelle, le Grand-Duché avait été placé sur la liste grise du Gafi. Le Luxembourg en est sorti en 2012 puis a confirmé ses progrès en 2014 pour devenir « largement conforme ». Puis sont arrivés les scandales médiatiques (Luxleaks, Offshore leaks, Panama Papers, Openlux) qui ont jeté le discrédit sur les paquets législatifs qui avaient officiellement renforcé l’arsenal anti-blanchiment. Dans le quatrième rapport d’évaluation mutuelle toisé la semaine passée par les membres de l’organisation, le Gafi estime que « Luxembourg has reached a high level of technical compliance with the FATF’s requirements and its AML/CFT regime is delivering good results ».

Il s’agit de l’avant dernière étape du processus d’évaluation. Le rapport final, qui comprendra une analyse approfondie du système LBC/FT et des recommandations pour l’améliorer encore davantage, sera publié d’ici septembre, informe l’organisation dont le secrétariat général est basé à Paris. « Tant que le rapport n’aura pas été publié, le pays n’est pas autorisé à communiquer sur les détails de l’évaluation », informent les ministères de la Justice et des Finances dans un communiqué diffusé en fin de semaine passée. La ministre Yuriko Backes (DP) a tout de même affiché sa satisfaction sur Linkedin : « This evaluation holds significant importance as it assesses not only the technical compliance with FATF standards but also the effectiveness of the national AML/CFT framework for the first time ». Sollicitée par le Land, la ministre de la Justice Sam Tanson (Déi Gréng) « salue les efforts de tous les acteurs impliqués dans la préparation en amont de l’évaluation ». « Le résultat obtenu est le fruit d’un travail d’équipe intense et de longue haleine », poursuit-elle.

Le Gafi explique effectivement que le pays a atteint « un bon niveau de compréhension des risques de blanchiment et de financement du terrorisme auquel il s’expose en tant que centre financier régional et international ». L’organisation souligne une coopération « robuste » des autorités nationales en charge, aux niveaux politique et opérationnel, y compris dans le renseignement financier (CRF) et les informations sur les bénéficiaires effectifs, mais aussi des autorités avec leurs contreparties au niveau international. L’organisation recommande en outre au Luxembourg de veiller au renforcement de ses mesures « in certain areas », notamment la détection, l’instruction et les poursuites des cas de blanchiments « plus complexes », conformément « au profil-risque du pays », dorénavant tourné vers une clientèle « sophistiquée », avec des montages opaques. « Luxembourg should also strengthen the risk-based supervision of its non-financial sector, further develop and disseminate its understanding of terrorist financing risks to both the public and private sectors and apply proportionate and dissuasive sanctions for non-compliance to its financial and non-financial sectors », conclut le Gafi. La suite après les vacances avec une conférence de presse des deux ministres de tutelle pour présenter le rapport. Opportunément, avant les élections. pso 

BIL perd virtuellement 112 millions en Suisse

Dans le détail de ses comptes publiés récemment, Banque internationale à Luxembourg (BIL) annonce avoir perdu 112 millions d’euros en Suisse dans le cadre de l’impairment de sa filiale sur place. La Banque de la route d’Esch a procédé à une première dépréciation de 53 millions en décembre 2020 et une autre en décembre dernier, écrit-elle dans son rapport 2022, ramenant la valeur actualisée de son investissement à 62 millions d’euros. La Handelzeitung annonçait en 2019 que la filiale helvétique de la BIL avait levé 85 millions de francs suisses pour recruter « quinze à trente collaborateurs » censés attirer de riches clients chinois en Suisse. « The trigger for impairment at 31 December 2022 is related to a review of the business plan of BIL Suisse and the increase of the cost of equity used in the dividend discount model », écrit la banque détenue à 90 pour cent par le groupe chinois Legend Holdings (et dix pour cent par l’État).

Le groupe informe se concentrer sur ses deux « centre d’excellence » que sont le Luxembourg et la Suisse, où trois bureaux (Zürich, Genève et Lugano) emploient 108 personnes « while growing its expertise and business in its two Chinese locations Beijing and Hong Kong (onze collaborateurs). BIL a récemment fermé ses bureaux à Dubaï et Copenhague. BIL Suisse a réalisé un bénéfice d’un million d’euros en 2022 contre sept de pertes en 2021. Le groupe dans son ensemble a signé un bénéfice de 99 millions d’euros l’année dernière. pso

Pierre Sorlut, Bernard Thomas
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