La nation des locataires
Dans une note publiée ce jeudi, l’Observatoire de l’habitat fournit une image assez précise du processus d’appauvrissement d’une partie de la population, qui voit une part de plus en plus importante de son salaire engloutie par le loyer. Il serait évidemment instructif d’en savoir plus sur l’autre côté de la médaille, c’est-à-dire sur la partie de la population qui, grâce à l’immobilier, s’est enrichie. Car au « taux d’effort » des locataires correspond forcément un taux de rente des bailleurs. Faute de données statistiques (et de volonté d’y donner accès), cette étude ne sera pas pour demain. En attendant, la note 22 de l’Observatoire dresse une cartographie de la nation des locataires, ces trente pour cent majoritairement non-luxembourgeois et donc largement absents du débat politique. Première donnée (contre-intuitive) : Les locataires sont en moyenne plus âgés (de un à deux ans) que les propriétaires avec emprunt. Deuxième donnée (moins contre-intuitive) : Leur niveau de vie est plus faible. Troisième donnée (plus du tout contre-intuitive) : Les locataires récents paient plus de loyer (huit à seize pour cent) que les locataires installés depuis plus longue date. Entre ouvriers immigrés, jeunes Luxembourgeois et expats hautement qualifiés, la catégorie reste très floue. Le « taux d’effort » (part des revenus accaparée par les loyers) du premier quintile des locataires (c’est-à-dire des vingt pour cent les plus pauvres) est ainsi passé de quarante à cinquante pour cent, et ceci en seulement trois ans. Pour le cinquième quintile (c’est-à-dire les vingt pour cent les plus riches), ce taux est passé sous la barre des vingt pour cent. Bref, les inégalités se creusent. (photo : sb) bt
De Brennes
Au dernier conseil communal du 27 septembre, la maire de la Ville de Luxembourg, Lydie Polfer (DP), se montra outrée : « Ech fannen dat net passend [Je trouve que ce n’est pas convenable] ». 18 copropriétés n’avaient pas acquitté leur facture de déchets, en tout des dizaines de milliers d’euros d’impayés. « Nous allons les citer en justice. C’est effrayant de voir combien de copropriétés ne paient plus leur facture. C’est inouï ! On va parler un langage clair, dans l’espoir que cela ramène certains à la raison. » Mais parmi les mauvais payeurs ne figuraient pas que des copropriétés : On y retrouve également le fonds immobilier d’une grande banque luxembourgeoise qui avait oublié de régler sa facture pour chauffage urbain, soit des milliers d’euros d’impayés. Le conseiller socialiste Tom Krieps s’est emporté à la séance du conseil communal, sortant le grand jeu : « La Ville devrait simplement leur couper le robinet. Dann zidderen se sech waarm ! » bt
Crémant Mea Culpa
Entgegen der Aussage, die die kleine Zeitzeugin, die seit Greta und Corona nicht mehr abgehoben hat, in der Kolumne „Flying Dirndln“ getroffen hat, gibt es Crémant bei „Glücksair“. Das „Distinktionsmerkmal der Luxair“ (Peter Feist, Interview mit Generaldirektor Gilles Feith, d’Land, 24.9.2021) wird wieder ausgeschenkt. Von der Mosel natürlich. Und auf Business gibt es Knippercher! Die Kleine Zeitzeugin möchte sich für diese unqualifizierte Aussage entschuldigen. Michèle Thoma
Des licenciements qui font des vagues
Une large restructuration, des licenciements et la mise à pied de représentants du personnel créent des remous dans le groupe Docler, géant local de l’informatique qui opère le site de streaming érotique livejasmin.com depuis Luxembourg. La société du magnat hongrois Gyorgy Gattyan, qui emploie 1 500 personnes dans le monde et plusieurs centaines au Grand-Duché, déclare en interne préparer sa cotation en bourse et réorganise ses structures luxembourgeoises depuis un an dans cette perspective. D’un côté apparaitrait Jasmin holding (nom susceptible de changer selon nos informations), la société bientôt cotée liée à l’exploitation du site phare livejasmin, un peep show géant (environ 2 000 prestataires en simultané) sur internet. De l’autre côté : Docler Services. Y resteraient les activités connexes comme le commerce de luxe, le Teqball (une table de ping pong concave sur laquelle on joue avec un ballon de foot) ou la communication avec Farvest (société événementielle qui organise notamment l’ICT Spring). Selon les plans, Docler Services serait le pôle administratif de tout ce qui n’est pas directement alimenté par les capitaux du livestreaming XXX (photo: sb). Le transfert des troupes, le cas échéant, passe par des actes de candidatures « alors qu’il s’agit souvent d’effectuer le même travail », affirment des sources concordantes.
Selon les témoignages recueillis par le Land, la délégation du personnel a contesté le modus operandi auprès de la direction, laquelle a subi quelques changements ces derniers mois. Le fondateur Gyorgy Gattyan a remplacé tous les dirigeants locaux de l’entreprise. Cité dans un article de Paperjam paru en juin, un porte-parole de Docler ne s’embarrasse même pas des formules diplomatiques d’usage : « György Gattyán reprend régulièrement les manettes du groupe sans qu’il n’y ait rien de spécial à en dire ». Dans ce contexte, les représentants du personnel ont informé le nouveau directeur général Gabriel Paal de leur volonté d’alerter l’Inspection du travail et des mines (ITM) de la restructuration, à leurs yeux illégale, notamment au regard de la mise au ban d’une déléguée du personnel. Celle-ci accédait à une promotion en sautant de Docler à Jasmin, mais il lui fallait renoncer à la représentation du personnel. Ce qu’elle a refusé. Des discussions entre la direction et la représentation du personnel ont été entreprises mais ont achoppé. C’est un euphémisme. Le 15 juillet, deux délégués du personnel, membres du département juridique, ont été mis à pied pour faute grave, mais pour des motifs différents. Docler reproche à l’un d’entre eux d’avoir, en 2018, acheté un faux témoignage à un salarié licencié qui défendait devant le Tribunal du travail un autre salarié licencié, en accusant notamment l’ancien CEO. Ledit délégué du personnel, l’ancien directeur général et Docler Holding sont aujourd’hui visés par une instruction pour subornation de témoin, nous informe le parquet (la direction de Docler parle d’inculpation). Le deuxième délégué du personnel a été suspendu le même jour. Lui pour avoir prétendument saboté une opération de fusion (qui a eu lieu cet été) entre deux structures détentrices de la propriété intellectuelle.
Le même 15 juillet, les autres membres du département juridique de Docler Services ont été virés, eux pour raisons économiques. Leur fonction n’avait plus de raisons d’être. Un autre département juridique avait été fondé parallèlement dans Jasmin holding. Depuis, la membre de la représentation du personnel en conflit avec la direction a démissionné. L’autre quitte aussi l’entreprise, si bien que les délégués du personnel titulaires, élus en 2020 (date à laquelle la masse critique pour des élections était atteinte) ne font plus partie de l’entreprise.
Contactée, la direction de Docler Holding ne répond pas aux questions, ne souhaitant pas s’exprimer sur des licenciements en particulier et ignorant le sujet de la restructuration. Elle rappelle son engagement total pour la responsabilité sociale des entreprises et « reconfirme que respecter la loi, en particulier le droit du travail, est et restera un pilier fondamental de son management et de culture de la société ». La direction conclut par la menace, en VO : « Without prejudice for our general respect for the media activities, our company will have to carefully evaluate any third parties attempt to defame and/or diffuse confidential information or spread false information about our company and its management and for this reason we reserve all rights. »
Saisie par la délégation du personnel cet été, l’ITM n’avait, selon nos informations, pas encore réagi. L’institution responsable du contrôle de l’application de la législation sur les conditions de travail et la protection des salariés refuse de commenter des dossiers en particulier. Elle assure néanmoins que « dans le cas où une société génère des doutes persistants quant au respect du droit du travail, l’ITM effectue un contrôle ».
Le groupe Docler Holding a déplacé en 2013 son siège social de la Hongrie au Luxembourg. Une partie de ses généreux revenus alimentent le milieu associatif, notamment par la voie du sponsoring. La communauté locale feint d’ignorer que les sous proviennent pour l’essentiel de l’industrie du streaming érotique. Livejasmin a d’ailleurs récemment lancé bimbim.com, une plateforme qui permettrait « aux créateurs » d’empocher cent pour cent des revenus, selon un communiqué diffusé en mars depuis Luxembourg, mais pas aux rédactions locales. Ici Docler, c’est sérieux. pso
On ne badine plus avec l’AML
La Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) a prononcé en fin de semaine dernière des sanctions administratives contre cinq gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs qui n’avaient pas soumis à temps le questionnaire relatif à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme pour l’année 2020 mis à disposition par le régulateur. Le montant des amendes est anecdotique, de 5 000 à 10 000 euros, mais la publication des noms (Agriland Management, Lafayette Industriebeteiligungen, Infrastructure PPP Africa Management, LIA Luxembourg Investment Advisors, Federale Management) des entités et le timing interpellent quelques semaines avant la visite du Groupe d’action financière (annoncée en novembre sur le site du Gafi). Suite à sa dernière inspection en 2009, l’organisme de contrôle des dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme avait jugé que les établissements du secteur financier n’étaient que trop peu sanctionnés pour des déficits en la matière. Depuis, le gendarme de la place a réagi, multiplié les contrôles et sévi. Les banques ont été les premières visées (d’Land, 8.11.2019). Les gestionnaires de fonds d’investissement alternatifs sont également marqués à la culotte depuis 2019. Cette année-là, quatorze d’entre eux avaient été sanctionnés pour avoir failli à remettre à temps leur questionnaire AML, mais il n’y avait pas eu de name & shame. pso
Luxembourg Stock Exchange2
« Consolider durablement l’ancrage de la Bourse au Grand-Duché ». Ainsi le gouvernement a-t-il vendu vendredi dernier aux rédactions l’information selon laquelle il avait racheté 11,4 pour cent du capital de la plateforme d’échange de titres financiers à Banque internationale à Luxembourg (Bil). La banque de la route d’Esch conserve toutefois dix pour cent du Luxembourg Stock Exchange, sa nouvelle appellation officielle selon les statuts modifiés cette semaine. La Bil, capitalisée à 90 pour cent par les Chinois de Legend Holdings, mais aussi à dix pour cent par l’État, doit garder un pied dans cette infrastructure de place dont les actionnaires sont essentiellement nationaux et qui joue un rôle déterminant dans l’écosystème financier, par la cotation d’obligations (sa ligne de revenu principale) et son investissement dans le durable, un objectif politique. La main publique détient presque la moitié capital, 25,35 pour cent à travers la BCEE, 21,2 pour cent en direct… et donc un pour cent via la Bil. Sur Radio 100,7, le président de la Bil Luc Frieden justifie la cession par une revue des participations et d’une concentration sur le core business, non sans avoir précisé au préalable que « la Bil est l’une des trois-quatre banques de la place qui soutient l’économie luxembourgeoise aujourd’hui, pendant la crise et avant encore ». Restent dans son portefeuille 13,21 pour cent du capital de Luxair, une autre entreprise stratégique pour le pays qui a, pour le coup, lourdement souffert de la pandémie, mais qui a été grandement soutenue par l’État. Interrogé sur l’opportunité de céder les parts dans ce contexte, Luc Frieden n’a pas (encore) répondu à notre sollicitation. pso