Mon cher Charlie,
En allant voter ce 22 avril pour les présidentielles françaises, tu auras réussi, comme ta sœur il y a un quinquennat, ton permis de conduite citoyenne avant de passer ton permis de conduire. Remarque, c’est un peu dommage, car ce n’est ni l’emploi, ni l’immigration et encore moins le pouvoir d’achat qui ont été au centre de cette campagne électorale, mais bel et bien … la bagnole. Jamais à court d’une proposition démagogique, le président candidat vient en effet de promettre des délais plus courts pour passer le permis de conduire et son challenger veut bloquer le prix du carburant. Quant à l’innénarrable Marine Le Pen, ça fait belle lurette qu’elle veut mettre fin à ce qu’elle appelle « le racket des radars automatiques ». L’essence de la campagne se limite donc, au Total, à des questions de pompe et c’est fort logiquement qu’on reproche à cette terne campagne de rouler au diesel. Comme un vulgaire Bayrou en somme, qui se compare d’ailleurs à un tracteur.
Sarkozy (se) conduit comme un chauffard et, depuis la tragédie de Toulouse, il n’hésite même pas à rouler à tombeaux ouverts. Il a encore perdu des points en téléphonant, pendant la conduite de sa campagne, à son « ami » Obama, ce que le gendarme Hollande n’a que très modéremment apprécié, et on le comprend. Mais au moins ne boit-il pas de vin au volant (ni au Château d’ailleurs), contrairement à une Marine Le Pen qui, cela n’étonnera personne, adore le vin blanc, comme elle l’a confié l’autre jour à La Revue du Vin de France.
Cela fait bien longtemps, mon cher Charlie, que tu ne crois plus au Saint Nicolas et tu n’as jamais cru en Sarkozy. Avec tes compatriotes français, tu lui retireras, j’en suis convaincu, le permis de conduire du char de l’État. Au premier tour, tu rouleras donc pour la « vraie » gauche. Avec ta mère et ta sœur tu t’es dit « mélenchons nos voix à ceux des partis communiste et de gauche. » Soit. Mais si ta mère peut évoquer sa nostalgie d’une enfance rythmée par des fins de semaine occupées à distribuer L’Humanité-Dimanche, toi par contre tu risques fort de ne retrouver dans le programme de l’éloquent tribun que des propositions dignes des gadgets de Pif Le Chien. Pardonne-moi alors de me répéter et de te dire que si tu ne votes pas à gauche dans ta jeunesse, tu n’as pas de cœur, mais si tu continues à voter à gauche dans ta maturité, tu n’as pas de cervelle. Mais ne t’en fais pas, le deuxième tour nous mettra d’accord quand tu iras voter pour Hollande, qui ne roule ni à droite ni à gauche.