« Moi, je vis d’amour et de danse. Je vis comme si j’étais en vacances. Je vis comme si j’étais éternelle, comme si les nouvelles, étaient sans problèmes… Laissez-moi danser en liberté, tout l’été ! » Comme Dalida nous l’entonne (sur des paroles de Pierre Delanoe), le temps de danser et chanter est bel et bien arrivé ces dernières semaines. Avec les températures estivales, voire caniculaires, l’hiver a été chassé de nos esprits, même si les nouvelles ne sont pas sans problèmes. Les jours se rallongent, les robes et pantalons raccourcissent, les six grands parcs de la ville et tous les nombreux espaces verts du pays se remplissent de nos rires, nos jeux, nos apéritifs. Il aura fallu le court temps d’un battement d’aile pour que les flocons d’avril et les crocus naissants soient renvoyés aux oubliettes, comme ce virus qui jadis nous contraignait à éviter les contacts et nous privait de toutes les excentricités ou comme le yoyo des tarifs de notre précieux pétrole. Ce printemps prend résolument des airs d’un moment extraordinaire, que ce soit par son climat digne d’un mois d’août, ou par ce désir ardent qui plane de profiter de chaque seconde qui passe, comme si le monde pouvait de nouveau basculer aussi rapidement que les perce-neige ont laissé place aux marguerites.
Si la chanson appelle à vivre comme si nous étions éternels, il semble que, au contraire, nous vivons comme si nous pourrions mourir plus vite que ce que nous avions prévu. Quand le temps devient bon, quand vient le temps des flâneries, des heures perdues à regarder les herbes pousser, vient aussi la saison des festivals et autres festivités. Les organisateurs et les artistes qui s’y produisent sont déterminés à faire de notre printemps-été 2022, un instant d’une rare intensité. Pour bien débuter la saison, à un bon millier de kilomètres d’ici, le glamour est enfin de retour sur la croisette de Cannes, pour la plus grande joie des amoureux du bling bling, des paillettes, de la haute couture et accessoirement du cinéma. On ne va pas se mentir, Cannes en ligne ou en comité restreint, ça n’a aucun intérêt ! Du côté du Grand-Duché la saison des festivals a commencé sur les beats du Luxembourg Open Air (ceux qui savent disent LOA) Festival à Esch il y a deux semaines et s’annonce chaude dans les semaines à venir. Commençons par le festival qui avait essuyé les plâtres l’année dernière parce qu’il était le tout premier à accueillir de nouveau son public. Il fallait alors rester assis à des places assignées et garder son masque dans les espaces fermés, avec une jauge réduite. Les Francofolies à Esch sont pleinement de retour cette année, au cœur du charmant parc de Gaalgebierg, du théâtre de la ville et de la Kulturfabrik. Le même week-end, du 11 au 12 juin, les amoureux de la musique se verront face à un réel dilemme, à moins de développer des dons d’ubiquité. Il faudra choisir entre la poésie unique de Grand Corps Malade à Esch et les riffs électrisants de Kings of Leon, sur le lieu pas moins unique du site industriel Neischmelz de Dudelange pour le tout nouveau festival Usina22. Même s’ils ne sont séparés que d’une quinzaine de kilomètres (mais d’une heure de transport en commun!), le défi proposé par les organisateurs d’aligner les deux festivals en même temps semble difficile à relever, même après près de deux ans de silence et de sourdine. Mais soit, soyons un peu fous et comme dirait Dalida dans la même chanson : « Quand ça n’va pas je tourne le disque, Je vais, je viens ».
Suivront, du côté de la musique deux autres festivals importants que sont le Siren’s Call et les Congés Annulés qui viennent tout juste d’annoncer une programmation qui nous fera aussi oublier la traversée du désert des dernières années, ou même l’idée d’un désert. Et enfin, l’annonce est tombée il y a quelques jours, faisant l’effet d’une bombe : l’inoubliable ou trop souvent oubliée (pour des raisons de taux d’alcoolémie trop élevé) veille de la Fête nationale est enfin de retour, en chair, en os, en bière et crémant chaud. Je ne voudrais pas porter le mauvais œil, mais il semble y avoir une véritable tradition au Luxembourg lors de la fête nationale, celle de ressortir imperméables, bottes, voire doudounes. Espérons que ce grand retour se fasse sous des cieux plus cléments si le pays entier n’a pas migré vers les rivages des côtes belge ou françaises. Autre évènement de la plus haute importance de la saison d’été qui s’ouvre a annoncé son grand retour : l’incontournable Schueberfouer ! La vraie cette fois, pas une version réduite qui n’a pas fait illusion l’été dernier. Quelle joie de retrouver les effluves de fritures, pommes d’amour, bières chaudes (encore une fois), de la foule, sur fond de hurlements incessants de « Fantastique machine » et de « Aller roulez jeunesse ! ». La saison est officiellement ouverte ! De la musique trop forte, de la bière trop chaude, des jupes trop courtes, des apéros qui se terminent quand le soleil se couche, des nuits plus belles que les jours… « Comme si les nouvelles étaient sans problèmes… Laissez-nous danser, chanter en liberté. Tout l’été. Aller jusqu’au bout du rêve… ».