Ticker du 27 janvier 2023

d'Lëtzebuerger Land vom 27.01.2023

What happens in Davos…

… stays in Davos, dit-on parmi les habitués du World Economic Forum. Xavier Bettel s’est peut-être convaincu du contraire en voyant le titre d’une dépêche de l’agence Asian News International du 20 janvier : « Luxembourg PM told me he is Modi bhakt [fan] », y lit-on. Lors d’un meeting politique, un politicien du BJP a relaté une anecdote de Davos : « I met the Luxembourg PM... he got a photograph clicked with me. Then, he said: ‘I am bhakt [follower] of Modi… show it to him ». Ce serait bien la preuve que Modi serait « hugely popular, not just in India, but across the world […] It makes me tremendously happy that PM Modi’s charisma is not just spread across India but even in Davos ». L’info a été relayée par une partie des médias indiens, notamment le Hindustan Times et le Times of India, des journaux qui circulent à des millions d’exemplaires. Une conversation à Davos vient ainsi alimenter la campagne du parti hindou-nationaliste BJP. Contacté, le ministère d’État ne dément pas, mais souligne à son tour la bonne relation entre Xavier Bettel et Narendra Modi, qui aurait été « consolidée » durant l’India-Luxembourg Virtual Summit en 2020 (photo : ME). bt

Something’s got to give

Le télétravail dévie les flux de frontaliers vers Paris, Francfort ou Bruxelles. Pourquoi continuer à affronter les trains bondés et les bouchons sur les autoroutes pour travailler en présentiel si on peut passer le gros de la semaine en mode home-office pour une boîte située dans son pays de résidence (même si elle se trouve à des centaines de kilomètres) ? « De plus en plus de frontaliers travaillant dans ces domaines [de l’informatique] quittent leur travail au Luxembourg pour pouvoir travailler en télétravail pour des sociétés de leur pays d’origine », notaient ainsi les représentants d’ICT Luxembourg à l’issue de leur rencontre avec Xavier Bettel sous la rubrique « positions défendues » du Registre des entrevues des ministres. Un récent sondage lancé par l’UEL auprès de ses membres révèle que près deux entreprises sur trois pratiquent le télétravail. Or même parmi celles-ci, quarante pour cent disent avoir perdu au moins un candidat potentiel pour ne pas avoir pu lui proposer assez d’heures en télétravail. Le sondage fait apparaître un large consensus (83 pour cent) : Les patrons se disent prêts à accorder deux jours de télétravail « ou plus » par semaine. Seulement voilà : Il faudra d’abord garantir aux frontaliers la « neutralité fiscale et de sécurité sociale » d’un tel arrangement.

Le lobby patronal appelle donc le gouvernement à « renforcer ses démarches proactives » auprès des pays-voisins. Afin d’assurer « sphère de sécurité », l’État luxembourgeois devrait négocier un relèvement des seuils fiscaux à 96 jours par an, lit-on dans l’étude de l’UEL. Un objectif qui semble très ambitieux, puisque le seuil vient d’être relevé à 34 jours pour la France et la Belgique. (Cette avancée reste timide, dix jours respectivement cinq jours de plus.) Suivant la signature de l’accord franco-luxembourgeois en novembre dernier, la ministre des Finances, Yuriko Backes (DP) avait indiqué que ces dispositions « pourront s’appliquer à compter des revenus perçus en 2023, le temps de définir, avant la fin de l’année 2024, une solution pérenne. »

La France est allée plus loin vis-à-vis de son voisin helvète. Les quelque 100 000 frontaliers français travaillant dans le canton de Genève peuvent désormais prester quarante pour cent de leur temps de travail depuis leur domicile : Soit deux jours par semaine, la revendication de l’UEL. Or, si le travailleur pendulaire devait dépasser ce pourcentage, il sera soumis à l’impôt sur le revenu en France et en Suisse, au prorata de l’activité réalisée dans ces deux juridictions. Restera à déterminer la hauteur de la « compensation adéquate » que les cantons et la Confédération (suisses) devront reverser aux départements et à l’État (français).

La pression est montée d’un cran ce mercredi. Les députés luxembourgeois ont écouté Katia Litim et Laurent Mertz, deux employés bancaires résidant en Belgique, présenter leur pétition qui exige « deux jours de télétravail par semaine pour tous, y compris les frontaliers ». Elle avait récolté 13 892 signatures, un record pour 2022. Les pétitionnaires ont mis en avant la question des « déséquilibres » entre frontaliers et résidents. « Au sein d’une entreprise ou d’un même service », certains pouvant travailler depuis la maison sans restriction légale, tandis pour d’autres cette option est fortement limitée. Laurent Mertz, un ancien secrétaire général de l’Aleba, a pointé le risque de « délocalisations » que pourraient engendrer le manque de main d’œuvre.

La ministre des Finances, Yuriko Backes (DP), a expliqué que « cela ne vient pas d’un manque de volonté de notre part », et promit de continuer les négociations bilatérales, notamment avec l’Allemagne. Le député vert Charles Margue a douché les espoirs, rappelant l’obligation européenne de 75 pour cent de présence dans un pays pour y bénéficier de la sécurité sociale. « Il ne faut pas se faire d’illusions, ce texte ne sera pas réformé », se fait-il citer dans L’Essentiel. Le gratuit titre en une : « Deux jours de télétravail, c’est non ! » Le ministre de la Sécurité sociale, Claude Haagen (LSAP), avait pourtant esquissé une piste. La Belgique aurait déjà assuré de manière informelle suivre la voie luxembourgeoise si aucun accord n’était trouvé. (La France ne se serait pas encore prononcée.) Haagen espère donc qu’un accord pourrait être trouvé au niveau de la Grande Région. Restera la question fiscale. Or, le Luxembourg s’est jusqu’ici toujours refusé aux rétrocessions fiscales. Something’s got to give. bt

Position dominante

La Bundeskartellamt allemand vient de lancer une procédure contre PayPal Europe, l’entreprise de paiement en ligne dont le siège européen se trouve au Luxembourg. La procédure vise des clauses dans les conditions générales pour les commerçants « Nach diesen Vorgaben dürfen Händlerinnen und Händler ihre Waren und Dienstleistungen nicht zu niedrigeren Preisen anbieten, wenn die Kundinnen und Kunden für die Bezahlung eine günstigere Zahlungsmethode als PayPal wählen. » bt

„Co-création“

In den Bereichen Fintech sowie digitalisierte und personalisierte Medizin wollen Forschungsministerium und Forschungsfonds (FNR) je ein „nationales Forschungs-Exzellenzzentrum“ entstehen lassen. Fünf bis acht Jahre lang würde jedes Zentrum mit 15 Millionen Euro vom FNR gefördert, um anschließend „in der Forschungslandschaft verankert“ zu werden, wie Forschungsminister Claude Meisch (DP) am Dienstag auf einer Pressekonferenz erklärte. Der Ansatz lässt sich verstehen als Investition der öffentlichen Hand in Themen von strategischer Wichtigkeit, die top-down festgelegt werden. So wird es in der 2019 von der Regierung beschlossenen Forschungs- und Innovationsstrategie beschrieben. Meisch betonte, es gehe einerseits um die Förderung von Spitzenforschung, andererseits um „Impakt fir eist Land“. Womit Lösungen gemeint sind, die sich anwenden lassen und im besten Fall rasch zu Innovationen führen. FNR-Generalsekretär Marc Schiltz unterstrich, „von Anfang an“ werde in den Zentren eine „co-création“ zwischen Wissenschaft und Praxis angestrebt. „Es soll nicht so sein, dass auf der einen Seite die Forscher sitzen und auf der anderen der Sektor“. Meisch beantwortete die Frage, warum die Fintech-Initiative nicht von der Finanzbranche selber finanziert wird, mit dem Hinweis, die Beteiligung von Unternehmen an den Exzellenzzentren sei „nicht ausgeschlossen“. Es sei nicht so, dass die öffentliche Hand mit den Zentren generell in eine Vorleistung tritt, die zu finanzieren dem Privatsektor zu riskant wäre, obwohl die Themen strategisch wichtig sind. Aus der Taufe gehoben werden sollen das Fintech- und das Medizin-Zentrum im März. Zwei weitere zu den Themen „Energie-Transition“ und „Zukunft der Bildung“ werden noch vorbereitet. Sie sollen aber wie die beiden schon konkreten Vorhaben in den Finanzierungsrahmen 2023-2025 des FNR fallen, aus dem für die Exzellenzzentren dann insgesamt 60 Millionen Euro aufgewandt würden. pf

Pierre Sorlut, Bernard Thomas, Peter Feist
© 2024 d’Lëtzebuerger Land