À l’occasion de la rentrée parlementaire, l’ADR a réuni ce mardi toute la fraction pour une conférence de presse au siège du parti. Le président de la fraction Fred Keup est au micro et se lamente sur un Luxembourg en crise. Il souhaite le retour à un « sou séchert Land ewéi méiglech, wat mer fréier och haten ».
C’est une masterclass en rhétorique populiste. D’ailleurs, Keup se doit de mentionner ce terme. La question parlementaire de l’ADR, portant sur le recensement et la publication de données sur la nationalité des auteurs de délinquance, a été qualifiée de « éischter populistesch » par le ministre de l’Intérieur Léon Gloden (CSV). « Dat soll een als Minister net an eng Äntwert schreiwen », se plaint Keup avant de s’embarquer dans un monologue sur les attaques de couteau. L’absence de statistiques spécifiques démontrerait une tendance générale du gouvernement à cesser de produire des statistiques « wann se net mei gefalen ». Ce long développement avait été introduit par une « Klammer op », devenue dissertation, sur le recensement de la prévalence de la langue luxembourgeoise par le Statec. Long jump.
Prochain sujet : La rentrée scolaire. À part le « Handyverbuet » qui aurait été l’idée du ADR (à ne pas voler !), le vrai sujet pour le parti est l’alphabétisation en français. Proche de son discours tenu lors de la Commission de l’Éducation nationale, le 16 septembre, Keup proclame les risques de « Trennung » et « sougenannten nivellement vers le bas » qui menaceraient selon lui, la cohésion sociale. Il considère que débuter la formation des enseignants à ce projet est « onéierlech ». Il préfère attendre des « objektiv Etuden, wat och hei am Land schwéier ass » qui analysent, au-delà de la performance scolaire des élèves, les « Auswierkungen op d’Gesellschaft » de l’alphabétisation en français. Selon lui, de telles évaluations ne pourraient être achevées avant 2030.
Fred Keup aborde ensuite la thématique des migrations en parlant de la croissance démographique. « Ganz vill Saache funktionéieren net méi wéi se sollen », comme les écoles, le système de santé, la sécurité ou l’accès au logement. La politique de « Asselborn an Anerer » aurait mené le pays à ses limites démographiques : « Mer sinn um Bord vun dem wat méiglech ass ». La solution de l’ADR se trouve dans la question : « Wee wëlle mer dann am Land hunn ?». Pour y répondre, Keup fait référence à une étude néerlandaise qui calcule la valeur ajoutée potentielle d’une personne pour l’État. « Wann do Leit kommen ech soen elo aus Afrika », cela coûterait 600 000 euros à l’État, alors qu’une personne hautement qualifiée créerait un rendement de 500 000 euros. Les personnes d’origine africaine ne pourraient-elles pas être hautement qualifiées ? Et comment réduire une vie humaine à une valeur monétaire ? Prône-t-il l’expulsion de tous ceux qui ne sont pas considérés rentables ?
Finalement, Keup fait l’éloge du pétitionnaire qui appelait à l’exclusion des thématiques LGBTQI+ de l’éducation des mineurs. Comme l’aurait fait Keup avec Nee2015, le pétitionnaire aurait donné une voix aux « Leit dobaussen ». Le succès de la contre-pétition qui revendique de développer d’avantage les thématiques LGBTQI+ et du Vivre Ensemble, serait l’effet de la « Propaganda Maschinn » qu’incarneraient les organisations non-gouvernementales.
Ainsi, l’ADR dépeint un Luxembourg au bord de l’effondrement. Les « sozial Strukturen », la famille et les « sozial Ankeren », comme la vie associative, s’écrouleraient, laissant sombrer les gens dans la dépression. Cette image d’une société à bout de souffle suscite la peur auprès d’une frange de la population que l’ADR prétend représenter. Le parti serait le porte-parole de ce « peuple » délaissé face à des problèmes qui se créent loin de lui : Par le cadre européen qui serait dysfonctionnel, la migration, ou encore les « Politiker dei an enger Blos liewen ».