Selon les cas, la consécration vient sous forme de citation dans un ordre, de palmes académiques, de prix Nobel ou encore de couverture médiatique enthousiaste. En Autriche et en Nouvelle-Zélande, pour les jeunes activistes de Youth for Climate et d’autres militants engagés pour la sauvegarde du climat, elle a pris un tour quelque peu glaçant. En Nouvelle-Zélande, OMV, une compagnie pétrolière détenue en partie par le gouvernement autrichien, a fait appel aux services d’une agence de renseignement privée pour les espionner et entraver leurs efforts de protestation contre ses activités extractives. Révélé par la journaliste Nicky Hager, cet espionnage a duré plusieurs années. Non contents de surveiller leurs activités en ligne, cette agence et OMV se sont efforcés d’identifier des activistes individuels pour pouvoir entamer des poursuites contre eux à la suite de leurs actions sur le terrain. En Autriche, OMV a fait appel pour surveiller Greenpeace et les organisateurs de grèves d’écoliers à Welund, une compagnie fondée par un ancien agent du MI6, ce qui a valu à son patron, Rainer Seele, d’être interpellé par le vice-chancelier Werner Kogler. OMV a répondu de manière évasive, refusant, au nom du secret des affaires, de rendre publics les contrats liant l’entreprise à ces officines.
« C’est un nouveau point bas pour OMV et l’industrie pétrolière. Les protestations pacifiques et l’activisme climatique sont vitaux dans une démocratie saine et pour nos efforts collectifs pour éviter une catastrophe climatique », s’est emporté Greenpeace Aotearoa, pour qui « appliquer une surveillance digne de la Stasi à des étudiants qui utilisaient la protestation pacifique dans leur lutte pour leur avenir est impardonnable ». Ce qui a déclenché cette surveillance ? « Avoir dansé la macarena, défilé dans les rues, pacifiquement occupé le site d’OMV à New Plymouth avec leurs sacs de couchage et leurs bannières », a précisé l’organisation environnementale, réclamant la tête de Seele. Lorsque des jeunes de « School Strike 4 Climate » se préparaient à protester contre les activités d’OMV, l’officine envoyait à cette dernière un rapport quotidien, avec des informations qui servaient à les contrecarrer. Mieux, ses employés concevaient des dispositifs et se concertaient avec la police pour empêcher la tenue des protestations. Or, OMV avait été expressément avertie de ne pas recourir à ce genre de tactique en Nouvelle-Zélande, après une enquête officielle qui avait conclu que Thompson and Clark a coutume d’intervenir délibérément pour saper des protestations légitimes. L’entreprise agissait donc en connaissance de cause.
Seule consolation pour ces jeunes qui ont choisi de s’engager face à la crise climatique : après avoir été ainsi épiés comme des malfaiteurs ou de dangereux espions, ils peuvent se targuer d’être pris au sérieux par ceux dont ils essaient de faire cesser les activités.