Réforme de l'école

De l’éducation

d'Lëtzebuerger Land vom 25.11.2011

En ces temps troublés où la pauvre Mady Delvaux doit se bagarrer contre une sainte alliance, parfois contre nature, d’enseignants, d’enfants et de parents pour imposer son énième réforme de l’enseignement secondaire, Yvan voudrait, non pas pour la guider, mais plutôt pour la consoler, lui soumettre ces quelques réflexions. Car comme le répondait déjà Sigmund Freud à une mère anxieuse qui lui demandait conseil sur la meilleure façon d’élever son enfant : « Mais ma pauvre Dame, il n’y pas de bonne éducation. »

Eh oui, l’éducation est cette impossible entreprise d’amener un être, né prématurément, à dire un jour « merde » à ses parents.

Ces parents, d’ailleurs, doivent tout à leurs enfants et les enfants, en revanche, ne doivent rien à leurs parents.

Laisser faire ses enfants sans se laisser faire, voilà le paradoxe de l’éducation.

Les psychanalystes reprochent aux mères d’être trop présentes et aux pères d’être trop absents. Un père absent père-turbe donc ses enfants alors que l’em-mère-deuse enfonce l’enfance de sa progéniture.

Les parents ne doivent pas être plus ego que leurs enfants.

Les fils-à-papa préfèrent les valises apportées aux valises à porter qu’ils ne font d’ailleurs jamais. Paradoxalement, ils n’arrêtent pas de se re-mère-morer leur enfance.

L’éducation consiste à imposer une constitution à Sa Majesté le Bébé.

Devenir adulte, c’est relativiser les thèses de ses parents pour ne pas mettre sa vie entre parents-thèses.

On n’élève pas un enfant en l’abaissant.

Les anthroposophes de Rudolf Steiner réussissent mieux l’élevage des raisins et du vin par la biodynamie que celui des enfants par les écoles Waldorf.

La cellule familiale nous gonfle tout en gonflant le porte-feuille des psychanalystes.

Les Français passent leur enfance, les Allemands « machen sie durch ». Serait-ce là la différence entre les films de Truffaut et de Haneke ?

Et enfin un dernier mot pour rassurer notre ministre : une réforme qui ne satisfait ni les profs, ni les élèves ne saurait être foncièrement mauvaise.

Yvan
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