Coyotes, série belgo-luxembourgeoise coréalisée par le grand-ducal Jacques Molitor et coproduite par les Films Fauves, est disponible sur Netflix. La série part plutôt bien, mais elle se perd dans ses propres rebondissements
Les coyotes sont un groupe de scouts catholiques de Bruxelles qui s’installe quelques jours dans le Luxembourg belge pour un camp de vacances. Il y a Mangouste, la cheffe de groupe, Panda, la sous-cheffe, Mouss et Furet. Et puis aussi Kevin, qui arrive en voiture et non en bus comme tous les autres, le seul à ne pas encore avoir son « quali ». Il a 17 ans et est plutôt du genre rebelle. Très ami avec Furet, il ne semble pas porter aux scouts le même intérêt que ses amis ou que son frère, le sous-chef du camp, un gars aussi sympathique qu’une porte de prison à qui sa troupe a donné le gentil nom de Doberman.
Le camp s’installe dans le joli jardin du château de la petite commune de Warnaffe. À première vue c’est aussi calme que bucolique. L’église est bien au centre du village et le père Julek veille sur ses ouailles avec prévenance et bonhommie. L’homme d’église est pour le moins spécial, moderniste. Il pratique le catch et est secrètement en couple avec la commissaire de la région. Certes, il y a bien une famille de barakis à la sortie du village, mais rien ne laisse présager que la commune sert de plaque tournante à une bande internationale de malfaiteurs actifs dans le trafic de diamants. Le boss local, c’est Marc, le douanier qui vit dans la forêt dans un petit cabanon aménagé.
Dès le pré-générique du premier épisode, il se fait voler les diamants entreposés dans son coffre-fort. Valeur ? Trois millions d’euros ! Le voleur s’enfuit, le douanier le pourchasse et n’hésite pas à lui tirer dessus à plusieurs reprises… En parallèle, et alors que les scouts sont en train de chanter une louange à Jésus dans le bus qui les amène à Warnaffe, un rapide montage nous montre les Coyotes inquiets, pourchassés, blessés… On se dit que ça part bien et que les réalisateurs n’ont pas peur de prendre quelques risques scénaristiques. Bon, certes, le fait que personne ne s’inquiète des nombreux coups de feu tirés par Marc intrigue, mais ça passe. Ce ne sera malheureusement que la première d’une très longue liste d’incohérences de ces Coyotes.
Celui par lequel le monde pépère des scouts et celui ultra-speed des trafiquants vont s’entrechoquer, c’est Kevin. Alors qu’il doit encore faire ses preuves auprès des coyotes et qu’il a Doberman constamment sur le dos, il décide, à peine arrivé, de « faire le mur ». Il n’a pas un rond, mais va tout de même au village à la recherche d’un peu de beuh. Là, il fait la connaissance de Marie, fille de la propriétaire du château, amatrice de bad boys et de drogues hallucinogènes. C’est avec elle qu’il découvrira un petit lac pittoresque où ils passeront la nuit. Au réveil, Kevin, une fois seul, y plongera, découvrira une grotte et là, une sirène lui offrira une grande quantité de diamants.
Évidemment Kevin voudra garder les diamants pour se faire une vie loin de son père violent. Avec son pote Furet, ils vont retourner dans la grotte pour s’assurer que Kevin n’a pas laissé de traces. Là, ils découvriront le cadavre d’un jeune homme avec une blessure par balle à l’abdomen. À force de mauvaises décisions, les deux vont embarquer toute la troupe dans une aventure qui les dépasse. Ils vont quitter leur vie d’adolescente pour entrer de plein pied dans l’âge adulte, quitter le monde, hiérarchisé mais simple, des scouts pour se trouver au centre d’une course poursuite qui les fera découvrir Anvers et avoir des ennemis jusqu’en Inde.
Dans les premiers épisodes, la photographie est réussie – les images subaquatiques sont particulièrement belles –, les caractères des personnages semblent recherchés et les scènes entre Kevin et Marie sont pleines de sensualité. Mais l’aspect sympathique du départ se perd rapidement dans un récit entortillé et invraisemblable aux innombrables incohérences scénaristiques et aux nombreuses longueurs. Quatre épisodes auraient très certainement suffi à boucler le récit. Les personnages finissent par se révéler manichéens et plusieurs scènes frôlent le ridicule.
Les différents sujets intégrés au récit : le passage à l’âge adulte, la violence familiales le harcèlement, la drogue, la drague, le coming out… ne sont que survolés et parfois traités avec de gros sabots ; et les différentes références cinématographiques : Stand by me, Sous le Soleil de Satan, les films de Tarantino ou encore des frères Coen que les auteurs et réalisateurs essayent de glisser à tour de rôle dans ces six épisodes, ne fonctionnent pas. Par manque de temps et de budget probablement. Mais cette fin, teintée d’humour noir après près de 240 minutes de drame et de thriller se révèle finalement plutôt grotesque. Dommage, ça avait vraiment bien commencé.