Troisième génération de mobile

Carrosse à cinq roues

d'Lëtzebuerger Land vom 10.04.2008

Luxembourg Online a droit à sa part de gâteau sur le marché de la troisième génération (3G) de mobiles. Le petit opérateur a dû se battre pour décrocher une licence UMTS qu’il se partagera finalement avec le consortium Astralis, alliance entre la branche européenne de SES (51 pour cent) et Cegecom (49 pour cent). Jean-Louis Schiltz, le ministre (CSV) des Communications a fait un geste de compromis cette semaine en annonçant le partage des fréquences de la quatrième licence 3G disponible sur le marché entre Astralis et Luxembourg Online (LOL). Au premier, qui n’a pas besoin du spectre pour le Luxembourg compte tenu du caractère international de ses projets paneuropéens basés sur le développement de la technologie bluetooth sur les téléphones portables, revient une licence de dix MHz, ce qui devrait largement satisfaire ses besoins. Le second se voit également attribuer une licence de dix MHz. Le partage 50/50 des fréquences s’est décidé au dernier moment ; le « deal » de départ prévoyant 15 MHz pour LOL et cinq pour Astralis. Dans ce cas de figure, une réserve de bande de fréquences aurait été mise à disposition des deux opérateurs. Elle serait revenue au premier qui en aurait formulé la demande, pour autant qu’il en justifiait le besoin. Jean-Louis Schiltz a finalement abandonné cette solution.

Les dix MHz devraient toutefois suffire à Luxembourg Online pour développer un service de téléphonie national. Actuellement l’opérateur sous-traite ses services de mobilophonie avec VoxMobile, détenteur d’une licence 3G. En Allemagne, T-Mobile utilise cette bande de fréquence de dix MHz pour offrir ses services. Astralis et LOL viennent donc compléter le club des opérateurs de 3G déjà composé de LuxGSM, Tango/Tele2 et VoxMobile.

Cette décision de Jean-Louis Schiltz lui a été imposée par les dirigeants de LOL, qui en avaient d’ailleurs fait la proposition en juillet 2006 peu après que le ministre eut octroyé la quatrième licence à Astralis au terme d’un concours de beauté qui l’avait opposé à LOL. Il a dû finalement faire marche arrière au terme d’une longue bataille procédurale devant les juridictions administratives. À la demande de LOL, l’octroi de la licence a été annulé définitivement le 20 décembre 2007 pour vice de forme par la Cour administrative. Jean-Louis Schiltz a dû retirer le 29 janvier dernier la licence à Astralis. Voyant venir le contentieux, le consortium s’était bien gardé de réaliser des investissements pour développer un système de convergence entre le satellite et les services UMTS. La commercialisation de Bluecom avait été annoncée initialement pour 2009. 

Jean-Louis Schiltz contente aujour­d’hui tout le monde après avoir fait analyser par des experts et une armée de juristes tous les scénarios possibles pour sortir du piège. Re­lancer un nouvel appel d’offre comportait aussi le risque d’un nouveau procès. La solution « à la luxembourgeoise » qu’il a choisie sert les intérêts internationaux de la SES et en même temps que les propres ambitions du ministre CSV de faire du Luxembourg une vitrine mondiale des nouvelles technologies. Le ministre soutient également, malgré lui, l’appétit de LOL qui entend tirer les fruits de la déréglementation du marché de la téléphonie en offrant à ses clients une offre groupée de téléphonie fixe, mobile et Inter­net à haut débit.En 2006, lorsqu’ils ont présenté leur candidature à la quatrième licence UMTS, les dirigeants de LOL visaient très haut : prendre entre quinze et vingt pour cent des parts de marché après avoir déployé un réseau couvrant la totalité du pays.

Au cours de la procédure administrative, l’avocat de l’État s’était un peu lâché en qualifiant le premier dossier de candidature présenté par Luxembourg Online de « défaillant ». Il pointait du doigt l’absence de financement clair et de prévision sur les besoins de trésorerie, d’analyse de marché et de stratégie marketing et jugeait « irréalistes » les prévisions de rentabilité présentées par l’opé­rateur. Aujourd’hui, les interrogations sont identiques. Comment LOL va-t-il faire pour déployer des sites pour y im­planter ses infrastructures et trouver des accords de roaming ?

Véronique Poujol
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