Les P[&]T Luxembourg passaient longtemps un peu inaperçus sur le marché du GSM. Certes, LuxGSM était bien leur réseau, mais la publicité vantait surtout les mérites des fournisseurs de services, CMD et Mobilux. Avec l’arrivée des cartes prépayées, la situation a toutefois évoluée. Aujourd’hui, les P[&]T peuvent clamer être le premier revendeur des services LuxGSM. La téléphonie mobile n’a rien d’un petit à côté pour l’entreprise publique. Avec une contribution entre 80 et 90 millions d’euros aux revenus des P[&]T, LuxGSM pèse un quart du chiffre d’affaires de la division télécom et toujours quelque 18 pour cent du total. « C’est très appréciable, » confirme Marcel Gross, directeur général de l’Entreprise des Postes et Télécommunications. Aussi plus de dix ans après le lancement de LuxGSM et six ans après l’explosion de ce marché avec l’arrivée du concurrent Tango, les P[&]T continuent à s’appuyer sur les service providers Mobilux (une filiale à cent pour cent) et CMD (détenu à hauteur de 34 pour cent) pour commercialiser les services. « Nous n’avons pas la même agressivité commerciale que ces PME, reconnaît Marcel Gross. Notre point fort est de faire une facturation précise, mais nous ne sommes pas des vendeurs typiques. C’est la différence entre une logique commerciale et une organisation administrative. » Les P[&]T ne se retirent pas pour autant du marché. « Nous sommes très actifs sur le prepaid, rappelle Marcel Gross. Nous avons toujours dit que c’était un produit à développer par l’opérateur. » Les revendeurs LuxGSM ont cependant mis entre-temps leurs propres offres de ce type sur le marché. Puis il y a les « grands comptes ». Souvent, ils ont d’étroites relations avec les P[&]T pour les services de télécommunications fixes. L’entreprise publique en profite pour leur offrir aussi des solutions mobiles. Pour certains services plus personnalisés, les revendeurs sont cependant mieux positionnés, reconnaît le patron des P[&]T. Le plus ancien acteur du marché, LuxGSM est le réseau en théorie le plus vulnérable aux effets de la portabilité des numéros du GSM d’un opérateur vers un autre. Marcel Gross ne s’inquiète pourtant pas outre mesure : « C’est beaucoup de travail et un coût important pour peu d’effet, » résume Marcel Gross. L’expérience d’autres pays aurait montré que le nombre de clients qui en profite pour changer d’opérateur est réduit. Pour Marc Rosenfeld, responsable de LuxGSM aux P[&]T, ce n’est qu’« une pièce du puzzle » d’un environnement fortement concurrentiel. La marge de manœuvre au niveau des tarifs serait cependant limitée sur le marché du GSM. « Il ne faut pas surestimer chaque mouvement, explique Marcel Gross en réaction aux derniers tarifs de Tango. Les différences sont minimes. » La formule Business des P[&]T combine un abonnement de 12,40 euros à un tarif minute de 12,40 cents. L’audit des P[&]T par le consultant McKinsey a révélé que le revenu moyen par client LuxGSM (Arpu) était peu élevé en comparaison avec d’autres opérateurs. Marcel Gross l’explique par des prix qui seraient plutôt bas au Luxembourg alors que la pénétration du GSM est très élevée. Or, plus elle est élevée, plus on attire des clients qui téléphonent en fait très peu. En attendant le lancement de Vox Mobile, on ne s’inquiète pas trop côté LuxGSM. « Nous avons renforcé notre position, » estime Marcel Gross. Le remue-ménage chez Tango aurait ainsi souligné l’image de fiabilité des P[&]T. L’accord avec Vodafone, conclu il y a quelques semaines, offrirait de même une réplique si jamais Orange décidait de se lancer sur le marché en 2005. L’UMTS ne provoque guère d’euphorie aux P[&]T. Officiellement, le réseau tourne et on peut s’abonner au « 3G » de LuxGSM. Mais on est loin d’une réelle offre commerciale. Le problème est double : faute d’autorisations, il est impossible d’installer des antennes, et faute de téléphones UMTS fiables et abordables, on n’a guère d’arguments vis-à-vis des clients. « Nous dépendons des fournisseurs, explique Marc Rosenfeld. Or, à la Cebit, où on présente les modèles pour la fin de l’année, il n’y avait pas encore grand chose. » « Mais, précise Marcel Gross, à terme on ne passe pas à côté de l’UMTS. » jls
Kategorien: Telekommunikation
Ausgabe: 06.05.2004