Le nom choisit par l’atelier Ligna vient du terme latin qu’on pourrait traduire par « en bois », un nom simple qui représente bien l’esprit de la menuiserie-ébénisterie : un désir d’authenticité. Les bois travaillés sont surtout des bois massifs indigènes, tels que le chêne, le hêtre, l’érable, le merisier ou le frêne. Créé en 1995 par Jang Feinen, l’atelier se diversifie en 2005 sous l’impulsion d’Edith Feinen qui vient alors de rejoindre son mari. À cette époque, leurs enfants sont encore petits et Edith trouve à redire sur les quelques aires de jeux que compte alors le Grand-Duché. Agronome, elle s’est toujours intéressée aux aménagements extérieurs et le couple va ajouter la construction d’aires de jeux à leurs offres. Des aires de jeux en bois de robinier. Si l’utilisation de ce bois européen s’est bien développée depuis vingt ans, l’idée est à l’époque originale. Résistant, le robinier ne nécessite aucun traitement chimique ce qui permet de construire des agrès tordus, noueux, loin de ceux des aires de jeux traditionnelles et géométriques. C’est ce qui fait tout leur charme. Au moment de rénover une aire de jeux, quinze à vingt ans après sa création, le bois traité naturellement peut aussi être brûlé sans dégager de substances nocives pour l’environnement.
La première aire de jeu digne de ce nom serait apparue en 1876 à Chicago mais, un siècle plus tard, il y en avait encore très peu au Luxembourg. En ce temps-là, les enfants jouaient dans les rues ou dans les jardins familiaux. Les cours d’écoles se résumaient bien souvent à… une cour. De nos jours, les enfants passent bien plus de temps à l’école et dans les crèches. Aussi, les projets d’aires de jeux à thème fleurissent. L’atelier Ligna a ainsi réalisé, entre autres, l’aire de jeux à Berdorf sur le thème de la forêt avec ses petites maisons et ses animaux, la locomotive de Bergem rappelant l’ancien chemin de fer qui y passait ou encore l’aire de jeux d’Itzig, construite sur deux étages, inspirée de l’Afrique et dans laquelle les enfants peuvent jouer au foot et au basket.
Les plus petites aires de jeux sont généralement construites avec les techniciens de la commune. Pour les plus importantes, l’atelier travaille avec des architectes, des paysagistes et des entrepreneurs. Le budget accordé doit être discuté par le ministère et l’avis des instituteurs, voire celui des parents, entrent en compte. Les aires de jeux prennent ainsi un à deux ans à se concrétiser et il arrive que les Feinen pensent qu’un projet est définitivement enterré avant que, finalement, un client les rappelle. La dernière étape avant la mise en service d’une aire de jeux est le contrôle par un organisme de sécurité, les normes européennes ne cessant de se durcir depuis les années 1980-90.
Du côté de la menuiserie-ébénisterie, les choses ont bien évolué depuis la mise en place de l’atelier. Les prix du logement ayant augmenté, le budget attribué aux meubles a fortement diminué. Les clients d’Edith et de Jang Feinen sont généralement dans la quarantaine et effectuent des rénovations plutôt qu’un premier aménagement comme cela a pu être le cas dans le passé. Pour la création des meubles, les clients décrivent leurs besoins et leurs envies, puis l’atelier Ligna donne une estimation du prix avant de commander le matériel nécessaire et réaliser le projet.
La plus grande satisfaction d’Edith Feinen est de voir un client revenir, une preuve de l’estime portée à leur travail. Dans le même esprit que les aires de jeux, l’atelier Ligna crée aussi des parcours pédagogiques avec des panneaux informatifs ou encore des jeux à tourner pouvant prendre la forme d’animaux. Fiers de leur atelier qui affiche près de trente ans, Edith et Jang Feinen voient chaque projet comme un nouveau challenge. Tandis que Jang prend en charge les aspects les plus techniques, Edith assure l’aspect administratif et la comptabilité. Outre l’aspect écologique et original de ses aires de jeux, la longévité de Ligna est aussi un gage de confiance pour les clients. Désireux de faire perdurer leur atelier après leur retraite, les Feinen se questionnent sur leur successeur. D’ici le passage du flambeau, le couple ne manquera en tout cas sûrement pas de travail, leur agenda étant déjà bouclé jusqu’aux grandes vacances.