The Money Team Racing
Le parquet suisse a inculpé mardi deux protagonistes du détournement du fonds souverain malaisien 1MDB. Ils ne sont pas nommément cités dans l’acte d’accusation mais, selon le média d’investigation Sarawak Report, il s’agit de Tarek Obaid et de Patrick Mahony, les dirigeants de la société helvétique Petrosaudi. En 2010, le premier, d’origine saoudienne, s’était rapproché de l’homme d’affaires luxembourgeois, Gerard Lopez, alors que ce dernier contrôlait, avec son associé Éric Lux, l’écurie Renault F1. Gerard Lopez travaillait alors à une entrée dans le capital de celui qui se présentait comme un golden boy du pétrole et du gaz. « Je te préfère en tant qu’associé en F1 à personne d’autre. C’est pour cela que je te donnerai dix pour cent de l’écurie avec le deal de sponsoring, car je ne veux pas que, toi en tant qu’ami, tu aies à payer », avait écrit Gerard Lopez à Tarek Obaid, dans un email en avril 2010. Tarek Obaid avait alors navigué dans la sphère VIP de la F1, opérant un passage au Grand Prix de Monaco le 16 mai (photo : Motorsportimages). Quelques mois plus tôt, Petrosaudi avait bénéficié d’une grosse rentrée de fonds. C’est celle-ci que vise l’enquête helvétique dans l’acte officialisé cette semaine : 1,8 milliard de dollars de fonds détournés puis blanchis entre 2009 et 2015. Comme l’avait déjà évoqué le Wort en 2016 après l’ouverture de l’enquête américaine, Tarek Obaid a investi 12,5 millions de dollars en avril 2010 dans Zink, une entreprise d’impression photo sans encre détenue majoritairement par des investisseurs luxembourgeois tels que Mangrove (société d’investissement où Gerard Lopez a des intérêts), Genii Capital (avec Éric Lux) et même l’homme d’affaires Norbert Becker (un pour cent). « Que ce soit dans mes affaires personnelles ou bien au travers de celles menées par les sociétés dans lesquelles je détiens une participation, telle que la société Renault F1, je rappelle que nous nous sommes toujours scrupuleusement conformés aux règles de conformité en vigueur », avait alors écrit Gerard Lopez dans un droit de réponse au Wort. Tarek Obaid devait voir Carlos Ghosn en septembre 2010. Gerard Lopez et le Saoudien se sont brouillés et l’investissement de ce dernier dans la F1 ne s’est pas réalisé.
Un demi-milliard de dollars détournés du fonds souverain malaisien 1MDB ont atterri au Luxembourg sur des comptes ouverts à la banque Edmond de Rothschild, mais ne sont pas liés au détournement opéré via Petrosaudi et les deux hommes inculpés. Ces sous ont été collectés par Khadem Al Qubaisi, ex-dirigeant de fonds émirati, lui aussi actif dans la F1 autour de 2010. Au Luxembourg, le procès visant la banque et son ancien directeur n’est pas encore programmé.
Y-a-t-il une dimension luxembourgeoise au détournement opéré via la Suisse ? Dans son communiqué de mardi, le ministère public de la Confédération helvétique remercie les autorités de poursuite pénale des États-Unis, de la Malaisie, du Royaume-Uni, de Singapour, de Jersey, du Canada et de la Barbade « pour leur excellente coopération », mais pas le Grand-Duché. Comme le rapportait le Land, Éric Lux et Gerard Lopez (aujourd’hui président du club de football des Girondins de Bordeaux) ont été inculpés pour des soupçons de faux et d’usage de faux dans le cadre de transferts financiers intervenus en 2014 entre leur écurie (devenue Lotus F1) et le club de foot Fola Esch, alors présidé par l’entrepreneur hispano-luxembourgeois. pso
Ende der Kupfer-Ära
Im Jahr 2030 sollen in Luxemburg keine Kupferkabel mehr zur Telekommunikation genutzt werden. Dann sollen flächendeckend die sehr schnellen Internetverbindungen im Bereich Gigabit pro Sekunde zur Verfügung stehen, sei es per Glasfaser, per Fernsehkabel oder in Ausnahmefällen per Satellit oder 5G-Box. Das mobile 5G-Netz soll bis 2025 landesweit ausgebaut sein. Weil die Verlegung von Glasfaserkabeln schon seit einigen Jahren läuft und auch die Fernseh-Verkabelung zunimmt, waren Ende 2021 bereits 95 Prozent der Internet-Anschlüsse gigabit-fähig, bilanzierte die Regulierungsbehörde ILR am Montag. Die geplante Glasfaser-Infrastruktur war damals zu 75 Prozent ausgebaut, die Verlegung der schnellen Fernsehkabel Docsis 3.X hatte 90 Prozent des Geplanten erreicht. So dass insgesamt gesehen nur noch fünf Prozent an Abdeckung hinzuzufügen bleiben. Ab März 2024 wird die Post damit beginnen, die Kupferkabel nach und nach abzuschalten. Die Nutzer der davon betroffenen Anschlüsse werden darüber zweimal informiert, sechs Monate und sechs Wochen vor der Abschaltung. Interessieren wird das nicht Wenige. Denn wenngleich heute nur rund fünf Prozent von ihnen allein per Kupferkabel ins Internet gelangen können, haben 67 Prozent der Internetverbindungen zugleich noch den langsamen und kupferbasierten DSL-Standard und 60 Prozent das etwas schnellere VDSL. Weil der Umstieg aufs Gigabit-Internet auch mit einem Wechsel des Anbieters verbunden sein kann, stellt das ILR in Aussicht, auf seine Webseite ein Modul zum Preisvergleich zu stellen, ähnlich wie es das für Strom und Gas mit dem Calculix gibt. pf
Les francs maçons soulagés
Les francs maçons de la Grande Loge du Luxembourg et le « Suprême Conseil du rite écossais ancien et accepté pour le Grand-Duché de Luxembourg » (Sucol) pourront bientôt remettre la main sur la gestion de leur société, Sacec. La Société anonyme pour la construction et l’exploitation d’un crématoire avait était fondée par Joseph Junck et Léon Schleich en 1916 pour mener à bien sa vocation éponyme. Mais face à l’interdiction d’incinérer les morts pendant des décennies, la Sacec était surtout devenue une société de détention immobilière pour les « frères » du Grand-Duché. Depuis 2012, les locataires de la maison des Merciers (au 5 rue de la Loge) accusent Jean Schleich, petit-fils du fondateur de la Sacec et ancienne éminence maçonnique, de s’être accaparé indûment les parts de la société portant des intérêts de deux obédiences, un portefeuille immobilier estimé entre six et douze millions d’euros, avec notamment des propriétés à Merl (rue Charles Martel) ou dans le centre (rue de la Loge et du Saint-Esprit, ainsi que des places de parking).
En première instance puis en appel, Jean Schleich, 82 ans, avait été condamné à une amende de quelques milliers d’euros pour abus de confiance et s’était vu ordonné la restitution des actions à la Sacec.
En cassation, la défense du franc-maçon a soutenu que la Cour n’avait pas tenu compte du dépassement du délai raisonnable sous l’angle des droits de la défense, Jean Schleich n’étant plus apte, pour des raisons de santé, à se présenter et se défendre devant un tribunal. 18 moyens ont été avancés. La Cour de cassation n’en a retenu aucun. Dans un arrêt du 20 avril consulté par le Land, cette dernière confirme la condamnation au pénal et retient la restitution des parts. L’avocate de Jean Schleich, Véronique Hoffeld, informe « analyser la question » d’un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg. pso
L’argent ne fait pas le bonheur
La compagnie nationale de fret aérien a annoncé mercredi avoir battu son record de profitabilité pour le troisième exercice consécutif. Cargolux réalise 1,6 milliard de dollars de bénéfice après impôts en 2022, soit 22 pour cent de plus qu’en 2021 où l’on avait déjà progressé de
68 pour cent par rapport à l’année précédente. Pourtant, « it has been an extremely challenging year from an operational point of view », a relevé le directeur général Richard Forson au cours d’une conférence de presse mercredi au siège de Sandweiler. La guerre d’Ukraine, les sanctions contre la Russie (particulièrement l’interdiction de survol de son vaste territoire) et l’augmentation du prix du fuel (de 80 pour cent) ont causé des soucis à la compagnie qui a notamment reporté un surcoût (war surcharge) sur ses clients pour les vols vers l’Asie. Depuis 2020, le manque de capacité, notamment lié au recul du transport passager (où les soutes sont utilisées pour le fret), a dopé le rendement (« yield », mesuré en freight tonne kilometer, soit le prix par tonne transportée). Et les compagnies tout-cargo comme Cargolux en ont bénéficié. Si bien que la société, qui est en train de renouveler sa flotte (dix Boeing 777-8F d’une valeur catalogue de 400 millions de dollars), dort sur un matelas de 2,6 milliards de dollars de cash. « Mais le niveau de profitabilité va revenir à l’ère pré-pandémique », prévient Richard Forson, soulignant le regain du trafic passager et les livraisons de capacités cargo. Ce retour à la normalité est annoncé alors que les syndicats dénoncent la rupture des discussions avec la direction sur le renouvellement de la convention collective arrivée à échéance fin 2022. Le directeur général assure ne pas vouloir négocier en public mais « les demandes doivent rester raisonnables », dit-il en soulignant « qu’on est déjà extrêmement généreux », les salariés se voyant reversés dix pour cent des bénéfices. pso
Damien Wigny,
directeur de la KBL entre 1994 et 2001, est décédé le 19 avril à l’âge de 80 ans. Il était le fils de Pierre Wigny, un baron du parti social-chrétien belge, ministre des Colonies (1947) et des Affaires étrangères (1958-1961). Dans l’annonce mortuaire, Damien Wigny est désigné comme « humaniste ». Mais dans les annales économiques, son nom restera associé au scandale « KB-Lux ». Le jour de la Toussaint 1997, le banquier est arrêté en Belgique, alors qu’il visitait la tombe familiale. Damien Wigny passera 19 jours en détention provisoire à la prison de Saint-Gilles, accusé d’avoir facilité la fraude fiscale de riches contribuables belges. Une année plus tôt, des microfiches avaient été subtilisées par deux anciens employés « indélicats ». Par l’entremise d’un indic, ces données avaient fini entre les mains des autorités belges. Au Luxembourg, un vent de panique se leva. La question des « risques juridiques liés aux activités transfrontalières » commençait à hanter les banquiers : Des actes considérés comme licites au Luxembourg mais répressibles ailleurs pouvaient donc mener à des poursuites pénales dans une autre juridiction ? L’illusion de l’impunité était rompue. Sur la place bancaire, l’arrestation de Damien Wigny a résonné comme un coup de semonce.
En août 2022, son fils Jérôme Wigny (avocat chez Elvinger Hoss) relate le traumatisme familial face à L’Écho : « Heureusement, mon père a toujours gardé sa mentalité de boy-scout, ce qui l’a énormément aidé en prison. Bien entendu, ce fut difficile : Il devait par exemple manger dans la même assiette pendant toute la journée, sans pouvoir la laver, et il était entouré de grands criminels. Mais au même moment, il a trouvé le livre Ulysse de James Joyce dans la bibliothèque de la prison et il l’a lu à voix haute dans sa cellule. » Remis en liberté sous caution, Damien Wigny a dû attendre presque quinze ans le verdict final. En 2010, il est acquitté, l’enquête étant jugé irrecevable car viciée et « partiale ». Certaines pièces étaient ainsi entrées illégalement dans le dossier, sur base d’une perquisition bidon.
Wigny a passé une bonne partie de son temps libre et de sa retraite à rédiger différents « guides » sur la Renaissance et la Toscane, région où il avait acheté une résidence secondaire. Ces ouvrages très volumineux (celui dédié aux localités d’Arezzo, Cortone, Casentino et Sansepolcro cumule un millier de pages) affichent une érudition encyclopédique, répertoriant et disséquant la moindre niche patrimoniale. (Un des guides est préfacé par le directeur des Offices.) Au Luxembourg, il apparaissait surtout comme mécène : Il était ainsi le premier président de la Philharmonie. bt
Macao
Ce lundi matin, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel (DP), a rencontré Ho lat Seng, son homologue macanais, en tournée européenne. L’Hôtel Saint-Maximin n’a quasiment pas communiqué sur cette « visite de travail », à l’inverse du « Government Information Bureau » de Macao. Selon le service presse macanais, Xavier Bettel aurait souligné les « many similarities » entre la péninsule et le Grand-Duché, notamment la taille de la population et du territoire, ainsi que le niveau élevé du PIB par tête. La « région administrative spéciale » chinoise est totalement tributaire des casinos qui emploient un quart de la population et fournissent presque 80 pour cent des recettes fiscales. Elle veut donc s’inspirer du Luxembourg (totalement tributaire, lui, de la finance) : « Mr Ho said it was hoped Macao could learn from Luxembourg’s successful experience of developing a financial industry, with a view to accelerating Macao’s appropriate economic diversification. » (Bettel aurait repliqué que le Luxembourg serait « pleased to share its knowledge with Macao ».) Avant de rencontrer le Premier ministre, le leader de la péninsule s’est fait briefer par l’ambassadeur de la République populaire, Hua Ning qui lui aurait expliqué que « Luxembourg was one of the first European countries to join the ‘Belt and Road’ initiative, with its agreement with China signed in 2019 under the sitting Prime minister ». bt
De l’eau dans le vin
Décidément, les promoteurs immobiliers n’inspirent pas confiance. Interrogé sur le programme de rachats publics de Vefa défaillants, le ministre du Logement, Henri Kox (Déi Gréng), avait déclaré que « certaines des offres ne sont pas sérieuses... je ne vais pas payer des plus-values privées avec de l’argent public » (d’Land du 10 mars). Les déclarations tenues cette semaine par Yuriko Backes (DP) et Franz Fayot (LSAP) à la Chambre sont dans la même veine. La ministre des Finances dit « tendre la main » aux promoteurs pour aussitôt clarifier : « Mais je tiens à le dire très clairement : Ce n’est pas à l’État de garantir les marges des promoteurs. Eux-aussi doivent mettre de l’eau dans leur vin. » Elle ne serait pas prête à « artificiellement » maintenir les prix à un niveau élevé, a-t-elle déclaré, avant de lancer un « appel » aux promoteurs privés de contribuer à l’intérêt commun : « Solidaritéit ass kee Sens unique ! » Le ministre de l’Économie profite lui aussi de l’occasion : « Si rien n’est vendu actuellement, cela a d’abord à voir avec les prix. Si on ne vend rien, il faut peut-être baisser les prix. Domadder fänkt et un. » Rétablir l’amortissement accéléré et revenir à une politique de la demande, ce serait « de Probleem op de Kapp gestallt ». La semaine précédente, Henri Kox expliquait sur RTL-Radio que les projets privés offerts jusqu’ici à l’État cumulent à un volume de 600 millions d’euros. Les premiers résultats de ces négociations seraient attendus « fin mai ». bt