Deux salles, deux ambiances
Mercredi à la Chambre de commerce devant la presse, le lobby des banques « alarme » (photo : sb) sur les résultats de ses membres en cette année maudite de pandémie de Covid-19. Le résultat net recule de 18 pour cent en 2020 par rapport à 2019, de 3 702 à 3 031 milliards d’euros. La faute principalement à des provisions pour risque de crédit qui explosent chez les banques universelles et celles spécialisées dans le financement des entreprises, lesquelles sont impactées par les lockdowns, notamment dans la restauration et le tourisme. Mais le président de l’ABBL Guy Hoffmann attire l’attention sur la « dégradation continuelle » de la rentabilité des banques. Selon un graphique affiché sur les écrans de la salle du sous-sol de l’organisation patronale, les profits ont tendanciellement chuté de presque trente pour cent entre 2014 et 2020. Le lobby des banques appelle donc le gouvernement à veiller sur la compétitivité-coût, à ne pas augmenter les impôts, à créer un cadre pour attirer les talents (avec des logements et des écoles en suffisance), « des chantiers sur lesquels travaille déjà le gouvernement », résume Guy Hoffmann, diplomate. Ce jeudi, la presse retient le message. « ABBL warnt vor negativem Trend », titre le Wort. « Le secteur bancaire accuse le coup », écrit Le Quotidien. Dans le rapport annuel présenté dans la newsletter envoyée à ses membres au lendemain de la conférence de presse (jeudi donc), le « Chaiman » (le foreword n’est pas signé) se félicite (bien naturellement) de l’entente négociée entre les banques et avec le gouvernement pour juguler les conséquences de la crise. Les moratoires ont par exemple culminé à 3,7 milliards d’euros en juillet. « This is good news, but it is clearly just a temporary reprieve. As government support packages come to an end, businesses will be affected », écrit Guy Hoffmann. Le président de l’ABBL s’y dit surtout « optimiste pour le futur » du fait notamment d’un cadre réglementaire et égal flexible pour ce qui touche à la manière de travailler dans la période post-covid, entre télétravail et présentiel, « where the ABBL has lobbied successfully ». Au niveau réglementaire, l’association des banques veillera particulièrement aux directives Mifid sur la connaissance de la clientèle ou AIFM sur les fonds alternatifs, ainsi qu’aux développements relatifs à l’union des marchés de capitaux, à l’union bancaire et ses conséquences sur le Luxembourg, mais aussi à la visite du Gafi. pso
La crise couve
Bloomberg raconte lundi un véritable drame humain au siège de la Banque européenne d’investissement au Kirchberg (photo : sb). L’agence d’informations financières (lue par les professionnels sur toute la planète) revient sur un suicide intervenu en décembre, le deuxième en sept ans. Une assistante administrative s’est jetée dans le vide sur son lieu de travail, le même modus operandi qu’une stagiaire en 2013. Pour Bloomberg, ces suicides tiennent au-moins indirectement au climat de travail oppressant de l’institution aux 3 600 salariés (dont 3 300 à Luxembourg).
L’agence cite un rapport rédigé en 2016 par deux psychologues employés par la banque dans lequel ils signalent « un risque de suicide » au sein des équipes, des accusations de harcèlement, parfois sexuel, ainsi qu’un « climat de terreur malsain ». Les journalistes de Bloomberg ont enquêté plus de six mois sur le sujet. Ils écrivent à propos du bras bancaire de l’UE qui finance annuellement pour plusieurs dizaines de milliards d’euros de projets dits durables, dont certains promouvant l’égalité des genres et la lutte contre les discriminations : « Interviews with more than two dozen current and former employees, court filings and internal documents paint a picture of an institution where accusations of sexual harassment, bullying and discrimination largely go unpunished. »
L’agence d’informations financières reprend un sondage réalisé en 2019 que lui a tendu le DRH de l’institution pour souligner que 78 pour cent de employés sont fiers de travailler pour la banque. Bloomberg remarque que seuls 19 pour cent sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle la direction opère en des termes d’éthique et d’intégrité ou que seize (petits) pour cent considèrent la politique de ressources humaines juste. Est en outre rappelé que la BEI ne dépend pas du droit du travail luxembourgeois et les plaintes relatives à un litige employé-employeur sont traitées au tribunal de l’Union européenne. Une procédure de signalement de harcèlement existe en amont à la banque et a été formellement enclenchée 21 fois depuis 2013. Deux cas ont été avérés. Deux enquêtes pour harcèlement sexuel ont été ouvertes, mais aucune preuve n’a été trouvée.
À la Banque ce mardi, une porte-parole de la BEI répond avec aplomb que les suicides n’ont « rien à voir avec du harcèlement ». On nous explique en outre que, sur environ 5 000 personnes employées sur la période considérée, ces statistiques ne seraient pas aussi alarmantes et que la banque veille au bien-être psychologique de ses salariés, arguant notamment de la présence de psychologues, « deux, trois ou quatre en fonction des besoins ». Un salarié de la BEI informe le Land que leur emploi du temps est souvent complet. En interne, l’institution reconnaît un problème. Dans un email interne envoyé le 9 février, la BEI constate « the high levels of stress that many of us are experiencing during these challenging times » et invite ses collaborateurs à prendre cinq jours de congés extraordinaires. « The need for regular breaks is extremely important before stress levels get too high », lit-on encore. Dans une communication publiée sur son intranet vendredi dernier, la BEI avait averti de la prochaine parution d’un article « qui ne rendra pas justice » à l’institution. Et d’y préciser qu’elle avait coopéré avec transparence (ce qui est vrai) et qu’elle mettait tout en œuvre pour juguler les situations de détresse mentale avec une « zero tolerance policy for harassment ». Les condamnations des fautifs (le cas échéant) ou l’écoute des personnes en détresse via les psychologues ne sont-elles pas des pis-aller traitant les symptômes plutôt que les causes du mal ? Sur les annonces d’emploi de la BEI figurent exclusivement (sauf éventuelles exceptions non remarquées lors de l’inventaire réalisé) des contrats à durée déterminée de trois, quatre ou un an. L’on comprend à l’écoute des salariés qu’ils sont régulièrement reconduits. La banque communique que seuls vingt pour cent de son staff sont en CDD et revendique un taux de conversion en CDI de 79 pour cent. Un interlocuteur relève néanmoins qu’une femme qui accède à un emploi auprès de l’institution (très cotée) après ses études ou après avoir acquis un peu d’expérience se trouve dans un dilemme au moment de créer une famille alors qu’elle brigue le prolongement de son contrat de travail. La BEI explique le recours massif aux CDD pour conduire les plans Juncker. Mais les besoins se prolongent aujourd’hui avec les plans de relance financés par la BEI.
Sur le fil de Bloomberg mercredi, l’eurodéputée Tilly Metz (Groupe des Verts) indique que l’Union européenne doit revoir « la gouvernance et la culture » de la BEI. Le conseil des gouverneurs, composés des 27 ministres des Finances des États-membres (les actionnaires), domine l’organisation. Ses principaux dirigeants tiennent à des décisions et des marchandages politiques. Le président de la banque Werner Hoyer est régulièrement consulté dans le cadre de l’Ecofin, comme vendredi soir dernier. Contacté pour savoir si le ministre luxembourgeois Pierre Gramegna (DP) avait évoqué les questionnements soulevés par Bloomberg avec la direction de la banque et les autres actionnaires, le ministère de la rue de la Congrégation indique qu’il « ne commente pas cette affaire ». pso
Grüner Stahl
Am Mittwoch hat die deutsche SMS Group GmbH offiziell die restlichen Anteile von 40,8 Prozent an Paul Wurth vom Luxemburger Staat, der Spuerkees und der staatlichen Investitionsgesellschaft SNCI übernommen. SMS war 2012 bei dem luxemburgischen Hochofenanlagenbauer eingestiegen und hatte damals schon die Mehrheitsanteile von Arcelor-Mittal und Luxempart erworben. Die neue Etappe „sei technologisch bedingt“, erklärte der Verwaltungsratspräsident des einstigen Familienunternehmens, Michel Wurth, Urenkel des Firmengründers, am Mittwoch auf einer Pressekonferenz. SMS und Paul Wurth wollen ihre Kernkompetenzen bündeln, um künftig mit Wasserstofftechnologie grünen Stahl zu produzieren und autonome und selbstlernende Großanlagen zu bauen. Da diese Technologie noch nicht sehr ausgereift ist, soll der Standort Luxemburg zu einem Kompetenz- und Innovationszentrum für Metallurgie und Wasserstoffenergien ausgebaut werden. Die Uni Luxemburg soll sich im Rahmen einer Partnerschaft an der Entwicklung beteiligen. Paul Wurth soll durch die Übernahme nicht verschwinden, sondern sich innerhalb des SMS-Konzerns weiterentwickeln, hieß es am Mittwoch. Alle Tochterfirmen des Anlagenbauers sollen bestehen und sämtliche Arbeitsplätze vorerst erhalten bleiben. Ein weiteres Standbein von Paul Wurth wird das Immobiliengeschäft, für das ein neues Unternehmen gegründet wird, an dem der Luxemburger Staat, SNCI und Spuerkees mit rund 40 Prozent beteiligt bleiben. Der Teilbebauungsplan (PAP) für die städtebauliche Erschließung des ehemaligen Industriegeländes von Paul Wurth und Heintz van Ladewyck in Hollerich wurde im Dezember bei der Stadt Luxemburg eingereicht. Träger ist das Groupement d’intérêt économique Nei Hollerich, dem neben Paul Wurth und Landimmo (Landewyck-Gruppe) auch die Stadt Luxemburg angehört. Auf dem Gelände des Carré Rotondes und des ehemaligen Luca-Sitzes will SMS eine neue Konzernzentrale für Paul Wurth errichten. Damit entstehe nach dem traditionellen Hauptsitz in Hilchenbach und dem neuen Verwaltungssitz in Mönchengladbach der technologische Sitz der Gruppe in Luxemburg, erklärte Edwin Eichler, Aufsichtsratsvorsitzender der SMS Group. Wie viel SMS dem Staat für seine Anteile gezahlt hat, wollte Wirtschaftsminister Franz Fayot (LSAP) am Mittwoch nicht verraten. Die Hälfte des Erlöses soll in den Zukunftsfonds, die andere Hälfte in den Staatshaushalt fließen. Trotz des Verkaufs soll der Staat für mindestens fünf Jahre mit zwei Mitgliedern im Verwaltungsrat von SMS vertreten sein. SMS hat zuletzt wegen des Rückgangs der Stahlnachfrage infolge der Corona-Krise in Deutschland umstrukturiert und plant, über 1 000 Stellen abzubauen. Gleichzeitig sollen im Zuge der Neuaufstellung neue Jobs vor allem in China geschaffen werden, erklärte Eichler. Bis wann das Unternehmen in der Lage sein wird, CO2-neutralen Stahl zu produzieren ist noch unklar. Vieles hänge von der ausreichenden Verfügbarkeit alternativer Energiequellen ab, sagte Eichler. Um Absatzmärkte ist den Stahlproduzenten nicht bange, die insbesondere die Automobilindustrie und Eisenbahngesellschaften als Abnehmer sehen. ll
Ça passe pépouze
L’année de crise pandémique s’est achevée sans casse pour la banque coopérative Raiffeisen qui publie cette semaine ses premiers résultats sous la direction d’Yves Biewer, promu en octobre à la place de Guy Hoffmann, nommé président. « Les résultats sont bons et dans la continuité des dix dernières années », commente Yves Biewer auprès du Land ce jeudi. Le bilan s’est alourdi de 8,2 pour cent à 9 641 millions d’euros, notamment par l’afflux de crédits immobiliers. Le nombre de membres de la banque coopérative a cru de neuf pour cent à 40 503 (pour 135 000 clients) et le résultat net progresse de 8,1 pour cent à 18,8 millions d’euros. Raiffeisen emploie 654 personnes. Le renouvellement du conseil d’administration sera opéré en juin et le Beirat servira de réservoir pour les nominations, informe en outre Yves Biewer. pso