En cette période de rentrée universitaire, l’édition 2019 des « Regards sur l’éducation » de l’OCDE va fournir du baume au cœur aux étudiants, à leurs parents et aux responsables d’établissements. Elle montre que les études supérieures sont une véritable assurance anti-chômage et la garantie de percevoir un bon revenu.
En 2018, le taux d’emploi des adultes titulaires d’un diplôme post-bac était supérieur de neuf points à celui de ceux ayant arrêté à la fin du secondaire, tandis que leur niveau de revenu était de 57 pour cent plus élevé. C’est la raison pour laquelle de plus en plus de jeunes s’y engagent. Entre 2008 et 2018, la proportion des 25-34 ans détenant un diplôme du supérieur est passée de 35 à 44 pour cent en moyenne dans les 36 pays de l’OCDE. C’est désormais un pourcentage supérieur à celui des jeunes qui se sont arrêtés au niveau du bac (41 pour cent).
Les femmes sont plus instruites que les hommes, quel que soit le niveau de formation et l’âge. C’est le cas dans la tranche des 25-34 ans, où elles sont 51 pour cent à être diplômées du supérieur contre 38 pour cent des hommes, un écart étonnamment élevé mais que l’on retrouve par exemple en Belgique. Les deux sexes confondus, le taux d’emploi progresse avec le niveau post-bac atteint, les licenciés (84 pour cent) et les titulaires de masters (88 pour cent) s’intercalant entre les adultes issus de cycles courts du supérieur (82 pour cent) et les docteurs (92 pour cent).
Le lien entre la formation et le revenu est sans équivoque : dans les pays de l’OCDE, l’avantage salarial dont bénéficie le titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur par rapport au détenteur d’un bac est de vingt pour cent après une formation supérieure de cycle court, de 44 pour cent après une licence et de 91 pour cent après un master ou un doctorat ! L’impact de la formation augmente même avec l’âge, et le supplément de rémunération qui est de quarante pour cent chez les 25-34 ans au profit des diplômés de l’enseignement supérieur par rapport à ceux de niveau bac, monte à 70 pour cent dans la tranche 45-54 ans.
À niveau de formation égal, les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes. Les diplômées de l’enseignement supérieur n’échappent pas à ce triste constat. Celles qui travaillent à temps plein gagnent en moyenne 25 pour cent de moins que les hommes dans les pays de l’OCDE, soit un écart plus élevé que celui qui existe entre salaires féminins et masculins pour un niveau de fin de secondaire ou même inférieur (22 pour cent dans chaque cas). Pis encore : en prenant en compte le travail à temps partiel, plus fréquent chez les femmes, l’écart de rémunération au détriment des diplômées du supérieur grimpe à 31 pour cent !
Le rapport évoque des causes variées mais dénonce surtout « les stéréotypes sexistes et les conventions sociales » qui seraient à l’origine de cette situation par leur rôle sur l’orientation des études. En effet, les garçons sont plus nombreux à opter pour des domaines comme l’ingénierie, les sciences ou les TIC, alors que les filles sont davantage présentes dans l’éducation, l’information, les lettres et les arts. Or les filières scientifiques conduisent à des taux d’emploi et des niveaux de rémunération plus élevés. Cela étant, de nombreux pays ont adopté des politiques visant à réduire les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes et, dans la plupart ceux où les données sont disponibles, l’écart salarial entre les filles et les garçons sortant de l’enseignement supérieur a diminué entre 2010 et 2017.
Au-delà de son impact sur les écarts de salaire entre les sexes, l’orientation des étudiants suscite une autre inquiétude. Ils ne s’inscrivent pas toujours dans les filières les plus adaptées aux besoins de l’économie, de sorte que certains secteurs pourront avoir du mal à trouver les compétences dont ils ont besoin. Ainsi moins de quinze pour cent des jeunes gens qui entrent en licence étudient l’ingénierie et les techniques industrielles et du bâtiment, et moins de cinq pour cent les technologies de l’information et des communications, malgré des taux d’emploi et des revenus parmi les plus élevés.
Les profils spécialisés en TIC et en ingénierie sont très demandés sur le marché du travail et sont appelés à le rester sous l’effet du progrès technologique. Mais selon l’OCDE, la « popularité » de ces domaines parmi les étudiants est stable, voire en recul selon les pays. D’autre part, toutes formations confondues, posséder un diplôme du supérieur ne protège pas totalement contre le chômage dans certains pays. Ainsi, si dans l’ensemble de l’OCDE le taux d’inactivité des 25-34 ans ayant une formation universitaire est de onze pour cent, avec des niveaux encore plus faibles en Islande, aux Pays-Bas et au Luxembourg (moins de huit pour cent), il atteint quinze pour cent en Turquie et en Hongrie, 19 pour cent en République tchèque et en Corée et passe la barre des vingt pour cent en Slovaquie, le cas le plus préoccupant étant celui de l’Italie avec 24 pour cent d’inactifs jeunes. Dans ces pays les raisons économiques (conjoncture) et culturelles (place des femmes) le disputent à l’inadéquation entre les études supérieures suivies et les besoins de l’économie.
Les « Regards sur l’éducation » 2019 contiennent des données précises, et particulièrement élogieuses, sur le Luxembourg. Les Luxembourgeois sont hautement qualifiés, avec 22 pour cent des adultes de 25 à 64 ans qui détiennent une maîtrise ou un diplôme équivalent, une proportion très au-dessus de la moyenne de l’OCDE (treize pour cent). Comme par ailleurs quinze pour cent justifient d’une licence et six pour cent d’un autre diplôme universitaire, ce sont au total 43 pour cent des actifs qui ont une formation supérieure, contre 38 pour cent en moyenne de l’OCDE et 36 pour cent en moyenne de l’UE.
Dans la tranche d’âge de 25 à 34 ans, la proportion est même de 55 pour cent, en hausse de seize points depuis 2008 ! Seuls trois pays de l’OCDE font mieux. Comme la proportion des titulaires du bac est de 32 pour cent, on obtient un écart de 23 points, parmi les plus élevés du monde, entre le pourcentage de bacheliers et celui de diplômés supérieurs dans la population de cet âge (il n’est que de trois points en moyenne OCDE et seulement de sept à neuf points en France ou en Belgique). Le Luxembourg est un des pays du monde où les élèves ont le plus tendance à poursuivre leurs études dans le supérieur. Comme constaté ailleurs, les Luxembourgeoises sont plus instruites, avec, dans cette tranche d’âge, 57 pour cent de diplômées du supérieur contre 52 pour cent pour les hommes. Mais la différence est beaucoup plus faible que dans les autres pays (teize points en Belgique, huit points en France).
Les taux d’emploi des détenteurs d’un diplôme universitaire sont supérieurs de onze points à ceux des titulaires d’un baccalauréat pour la population luxembourgeoise de 25 à 64 ans, mais elle n’est que 6 points si on considère la tranche 25-34 ans. Néanmoins ils augmentent avec le diplôme obtenu, tout comme les niveaux de rémunération. Un licencié gagne 39 pour cent de plus qu’un bachelier et un mastérien 59 pour cent de plus. Guère étonnant dans ces conditions que 26 pour cent des étudiants de licence poursuivent en master, deux fois plus qu’ailleurs dans l’OCDE.
Les Luxembourgeois sont portés sur le commerce, la gestion et le droit : 36 pour cent de la population adulte diplômée du supérieur a suivi ce type de cursus, contre 24 pour cent en moyenne OCDE. Une tendance encore plus marquée chez les « frais émoulus » du système universitaire : 44 pour cent des diplômés de l’enseignement supérieur en 2017 avaient étudié dans ce domaine.
Chers étudiants
Au sein des pays membres de l’OCDE, les dépenses pour l’enseignement supérieur entre 2010 et 2016 ont progressé de neuf pour cent alors que les effectifs croissaient de trois pour cent seulement. Par étudiant elles s’élèvent désormais à 15 600 dollars, soit 84 pour cent de plus que dans l’enseignement primaire et moitié plus que pour le cycle de fin du secondaire. À tous les niveaux d’éducation, le Luxembourg « fait exploser les compteurs » et se situe en tête des pays de l’OCDE. Dans le primaire et dans le secondaire, les dépenses par élève sont déjà deux fois supérieures à la moyenne, mais dans le supérieur, c’est trois fois plus ! Toutefois le chiffre de 48 407 euros doit être considéré avec prudence car il inclut les dépenses de recherche. Le financement des établissements d’enseignement supérieur est presqu’exclusivement public : 92 pour cent, contre 66 pour cent dans l’OCDE et 73 pour cent dans l’UE (sur 23 pays). gc