Prenons la côte belge, par exemple

La saison des Luxembourgeois

d'Lëtzebuerger Land vom 07.09.2012

Parmi les avantages de la vie au Luxembourg, le fait de ne reprendre l’école que le 15 septembre permet d’expérimenter des vacances originales. Un bon moyen d’éviter à la fois la Schueberfouer et les embouteillages du mois d’août consiste, en effet, a partir après tout le monde. Les locations sont meilleurs marché et la météo est sensiblement équivalente à celle du mois précédent.
Prenons la côte belge, par exemple. On se rappelle que Météo Belgique avait prédit, en juin, du mauvais temps pour toute la durée des vacances, causant l’ire des professionnels du tourisme local, qui envisagèrent de déposer une plainte (on frémit à l’idée que tous les touristes portassent plainte au cas où des prévisions optimistes s’avéreraient erronées). Résultat des courses, depuis samedi dernier et la fin des congés scolaires dans le Royaume, il y a du soleil. À partir du 3 septembre, de La Panne à Knokke-le-Zoute, vous aurez l’impression de redevenir jeunes, au milieu d’une concentration de personnes du troisième âge qui ferait passer la fondation Pescatore pour un endroit au top du rock and roll.
Certes, la température de l’eau dépasse rarement les 17 degrés. Mais la mer du Nord, on ne s’y baigne pas, de toute façon. D’ailleurs, sur la plage, on tourne le dos à la mer et tout est fait pour occuper les gens loin des vagues, depuis les fauteuils des plagistes en passant par les jeux pour enfants et les cocktails à siroter avachis sur des coussins géants.
L’intérêt de cette Mer à trois heures trente de Luxembourg est ailleurs que dans une eau que les locaux ont bien pris soin de camoufler derrière des digues et des rangées de barres d’immeubles. Premièrement, la promenade pédestre. En 2012, pour être dans le coup, il ne faut pas oublier sa poussette pour chiens, un contrepoint parfait de la laisse pour enfants de 2011. L’objectif n’est pas de soulager le caniche mais son maître, qui ne risque plus, ainsi, de dévaler la digue, tiré par un trésor à quatre pattes un peu trop vigoureux. Ceux qui préfèrent pédaler auront à cœur de restaurer la réputation du cyclisme luxembourgeois en endossant leur maillot Nissan Trek pour battre le record du monde du Ostende-Wenduine en Cuistax.
Côté gastronomie, si vous avez fait une croix sur votre merlan frit de la Schueber, vous pourrez vous rattraper avec des croquettes aux crevettes grises. Sans compter que c’est en septembre que la saison des moules commence réellement. De vraies moules bien fraîches, avec des frites comme ne savent les préparer que les Belges, dans deux bacs d’huile à des températures différentes. Ceux qui désirent se rhabiller iront à Knokke, ceux qui préfèrent se déshabiller à Bredenne. Pourquoi pas, d’ailleurs, pour éviter les refroidissements, aller un peu plus loin et s’offrir quelques belles journées dans une maison d’hôtes en Provence, un mini-trip en Italie ou à Marrakech.
Rien de tel pour se donner le courage d’affronter un automne et un hiver pour lesquels les prévisions sont pires que celles des derniers mois, la fin du monde étant toujours planifiée pour le 21 décembre (on ignore si Roland Emmerich a fait baisser les réservations pour Noël prochain). La cerise sur le gâteau de ces vacances de septembre c’est, surtout, le plaisir pervers de savoir que les frontaliers ont déjà repris le chemin du travail, alors qu’il vous reste encore quelques jours en famille...

Cyril B.
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