C'eût été trop beau. Eric Hobsbawm, auteur du déjà mythique Age of Extremes était annoncé sur la plaquette de présentation du 5e Colloque de l'Association internationale des Musées d'histoire, qui se tient les 3, 4 et 5 mai au Luxembourg sous les auspices du Musée d'Histoire de la Ville de Luxembourg. Derrière son nom pourtant, il était marqué sous réserves entre parenthèses. À 83 ans, il s'est désisté, Carlo Ginsburg, pas moins prestigieux, le remplacera au pied levé. Le débat que tiendra le public d'historiens et responsables de musées d'Histoire n'en est pas moins passionnant. Avant-goût des thèmes qui seront abordés : « Quelles sont les conséquences de la circulation planétaire des images et des informations ? (...) Le musée devient-il seulement un prétexte à une diffusion de produits multimédias ? » Ou encore : Que faut-il conserver ?, Financement des musées et des expositions : quelle rentabilité ? , Comment construire une histoire comparative ? Marie-Paule Jungblut, historienne au Musée de la Ville, est forcément assez fière que son musée, à son jeune âge, puisse organiser un tel colloque international. Et s'inscrire ainsi définitivement sur la carte européenne des musées d'histoire, qui va en se densifiant.
Dernière initiative en date de l'association : le réseau Euroclio, le Conseil européen des Musées d'histoires, qui se décline en trois branches : Europexpo, un musée virtuel sur Internet, dans lequel chaque musée membre exposera un objet qui lui semble significatif de l'histoire européenne, puis Histeuropa, une exposition itinérante sur l'histoire de l'Europe, qui n'en est encore qu'à sa phase préparatoire, et en dernier, Comparare, la section scientifique, qui représente un forum d'histoire comparatiste. Les « petits » musées, comme celui de la Ville de Luxembourg, y craignent toutefois une prédominance des historiens établis sur les sujets qui seront toujours les mêmes et forgent des alliances entre périphériques pour faire contrepoids aux centralistes. « Pour nous, remarque pertinemment Marie-Paule Jungblut, cette association est d'autant plus intéressante qu'elle nous permet de discuter et travailler à pied d'égalité avec nos confrères. » Et de valoriser les collections, d'établir une circulation entre les institutions, d'enrichir la programmation.