Films made in Luxembourg

Mon grand-père, ce héros

d'Lëtzebuerger Land vom 19.06.2020

Ça y est ! Après trois mois de fermeture, les cinémas ont finalement rouvert ce mercredi. Parmi les sorties de cette première semaine post-Covid, une coproduction luxembourgeoise (Wady Films) : Mäi Bopa vum Mars. Une belle aventure de science-fiction à destination des jeunes ados. Prévu initialement pour le 6 mai, Mäi Bopa vum Mars n’aura pas trop souffert du confinement. Alors que certains films ont dû être repoussés de plusieurs mois, voici ce court long métrage (1h15 à peine) déjà sur nos écrans. Une occasion pour les familles de retrouver, tous ensemble, le plaisir des salles obscures. Réalisé par Dražen Žarković et Marina Andree Škop – et coproduit par le grand-ducal Adolf El Assal – cette coproduction Croatie-Luxembourg-Norvège-Tchéquie-Slovaquie-Slovénie-Bosnie mélange science-fiction et film d’aventure pour ados.

C’est dans l’espace que débute le récit. Dans un univers aux technologies futuristes et à l’ambiance aseptisée, d’étranges capsules en forme d’œuf se positionnent de manière à former une sorte de fronde stellaire ; puis projettent un de ces œufs à travers l’espace. Direction, la Terre.

En même moment, sur cette minuscule planète bleue, la jeune Lena joue à Space Invaders sur son ordinateur, puis se couche en écoutant son walkman dernier cri. Quelques instants plus tard sa maison est entièrement détruite par l’atterrissage brutal de l’œuf spatial. Le père de la petite meurt sur le coup. Lena, elle, a le temps de voir apparaître un étrange être d’énergie avant de perdre connaissance.

En trois minutes de prégénérique, les réalisateurs ont placé les bases de leur histoire. Flash-forward ; nous voici trente ans plus tard. La maison est à nouveau en place et une nouvelle jeune fille, Una, interroge sa mère. « Est-ce que l’explosion était grande et vide ? » Parle-t-on de celle à laquelle le spectateur vient d’assister ? On va vite comprendre que oui. « Papy et moi n’étions pas à la maison quand c’est arrivé », lui répond sa mère. Du coup, on est bien dans la même famille, mais pourquoi ce mensonge ?

Ça aussi, on le découvrira bientôt. Mais pas avant d’avoir fait la connaissance du grand-père de la famille, sorte de savant fou qui invente tout un tas de trucs pas nécessairement utiles, mais rigolos, dans son sous-sol. Una l’adore. Elle le regarde comme si c’était un héros. Le soir du dixième anniversaire de la jeune fille, la fronde stellaire refait son apparition dans le ciel. Le grand-père est visiblement inquiet. À raison, puisqu’il sera, peu après, aspiré par d’étranges rayons rouges venus du ciel. Luna qui a assisté à la scène de loin, va immédiatement se lancer à sa recherche.

Et c’est parti pour l’aventure ! Une aventure qui débutera chez elle, quand elle découvrira une seconde cave dans son sous-sol. C’est là qu’est caché, depuis trente ans, un robot extraterrestre et polyglotte. Il s’appelle KD ZTX DP-11 c’est le pilote de l’œuf-vaisseau qui a détruit sa maison.

Après des premiers contacts difficiles et des intérêts divergents, les deux vont finir par devenir « amigos » et faire cause commune pour sauver le grand-père d’Una ; mais aussi la mère de la jeune fille tombée subitement et mystérieusement gravement malade.

La maison, la ville, puis la forêt, la rivière et même un vieux château vont devenir les décors des aventures fantastiques à vélo, en barque, à pied et même en quad, de cet étonnant duo. Ils ont 24 heures pour mener à bien leur mission. Pas une minute de plus !

Linéaire, un brin naïf, sans grands rebondissements, ce Mäi Bopa vum Mars reste malgré tout un divertissement agréable. Un film plein de petites erreurs – au niveau du jeu d’acteurs, de quelques scènes superflues, de quelques effets sonores excessifs… ; au niveau de la synchronisation du doublage luxembourgeois aussi –, mais les jeunes spectateurs, à qui le film est prioritairement destiné, s’en ficheront probablement.

D’autant que la petite qui joue Una, Lana Hranjec, est à croquer, que les effets spéciaux sont en grande partie réussis et que le petit robot, qu’Una surnommera Dodo, est bien fichu avec son visage à l’animation vintage… Et puis Mäi Bopa vum Mars, tout film d’aventure et de SF qu’il soit, arrive à placer de petite thématique secondaire : les relations familiales, l’harcèlement scolaire, l’amitié, l’amour… à hauteur d’enfant. Pas mal du tout. Les parents, de leur côté, devraient aussi y trouver leur compte, principalement grâce aux nombreux clins d’œil à des classiques du septième art de l’époque de leur jeunesse ; celui à E.T., l’extra-terrestre n’étant que le plus évident.

Mäi Bopa vum Mars, de Dražen Žarković et Marina Andree Škop ; version luxembourgeoise, avec les voix de Katharina Bintz, Raoul Albonetti, Nilton Martins, Marie Jung, Claude Fritz…, sous-titrée en allemand et français.

Pablo Chimienti
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