Née en 1984, la certification Made in Luxembourg continue de connaître un énorme succès. Rencontre avec Édith Stein, en charge du label au sein de la Chambre de Commerce

Un Stempel valorisé

d'Lëtzebuerger Land vom 24.12.2021

d’Land : Le label Made in Luxembourg existe depuis 1984. Pouvez-vous nous détailler sa genèse et son évolution ?

Édith Stein : À l’époque, les missions économiques internationales étaient réalisées conjointement avec la Belgique. Paul Helminger, qui était secrétaire d’État au Commerce extérieur, voulait un label pour distinguer les produits luxembourgeois par rapport aux belges. Le nom et le logo ont été développés par l’agence Made by Sams (Will Kreutz, ndlr). Cette couronne stylisée est toujours celle qui est utilisée aujourd’hui, avec une connotation un peu vintage qui plaît et qui est très identifiable. L’évolution du label s’est faite en parallèle à celle de l’économie luxembourgeoise : au début, il n’y avait qu’une demi-douzaine de demandes par an, avec pour commencer, Arbed, Luxlait ou Rosport, des produits tangibles, des marques à l’importante notoriété. Progressivement, il a eu des demandes de la part des entreprises de services, dans le domaine de la formation, de l’IT, des ressources humaines. Plus récemment, le soutien aux commerces et aux produits locaux s’est manifesté par une hausse des demandes. Par exemple, Cactus ou La Provençale ont incité leurs fournisseurs luxembourgeois à introduire des demandes. Aujourd’hui, nous contrôlons environ 120 entreprises par an et la Chambre des métiers, autour de 80, pour les professions qui leur incombent, surtout les métiers de bouche et de la construction. On constate en effet que le public plébiscite de plus en plus le local, que ce soit pour l’alimentation, l’artisanat ou les services. Cela veut dire qu’aujourd’hui plus de 1 500 entreprises sont labellisées.

Quelles sont les contraintes liées au label ?

D’abord le label est réservé aux membre des deux chambres. Les vignerons ou les agriculteurs par exemple disposent d’autres labels octroyés par leur chambre professionnelle. Pour les produits, il faut que la fabrication ait lieu au Grand-Duché. Il n’est pas possible que toutes les matières premières proviennent du Luxembourg, mais nous veillons à ce que l’essentiel de la production soit locale. Pas seulement l’assemblage, la finition ou l’emballage, sinon ce serait déloyal par rapport aux autres. C’est une contrainte qui explique qu’il y ait peu de marques vestimentaires, parce que la fabrication est trop onéreuse au Luxembourg. Pour les services, il faut qu’ils soient développés et offerts au Luxembourg. Pour le secteur IT par exemple, il s’agit de mettre en avant des softwares développés ici. Notre équipe comprend six personnes qui réalisent les visites en entreprises ou des entretiens en ligne. On se réunit toutes les deux semaines pour faire le point sur ces visites et valider l’octroi du label. De son côté, la Chambre des métiers fonctionne de la même façon, avec un comité du même type.

Ça vous arrive de retirer le label ?

Quand il y a des changements dans la chaîne de fabrication, généralement les entreprises nous le signalent et nous retirons alors le label. Bien évidemment, il y a aussi des entreprises qui ferment ou qui arrêtent la fabrication de certains produits. Depuis 2014, on a établit un certificat qui est revu tous les cinq ans, à travers un questionnaire et parfois des visites sur place. Notre règlement a aussi été modifié pour ne pas inclure les services financiers et l’immobilier. C’était à la fois trop vaste, trop difficile à contrôler et ça n’apportait pas vraiment une valeur ajoutée au label. Il y a quelque 800 entreprises dans l’immobilier. Ça n’a pas de sens de donner 800 labels.

Le label Made in Luxembourg n’est cependant pas une garantie de qualité...

En effet, il ne garantit que l’origine, sans autre cahier des charges. Il nous serait impossible à vérifier vu l’ampleur des secteurs différents. Cela dit, les visites sont très sérieuses et très cadrées. On vérifie l’origine des produits et on voit sur place que la fabrication a bien lieu ici. Pour les services, les entretiens s’orientent vers l’historique, les clients, la connaissance du marché… Ces procédures nous permettent de mieux connaître nos entreprises.

Qu’est-ce qui motive les entreprises à demander le label ?

Elles veulent souligner l’origine de leur produit, comme un gage de sérieux. C’est aussi un outil marketing. Même si beaucoup se concentrent sur le marché intérieur, à la base le label est né pour favoriser les exportations. Il est intéressant de voir que les producteurs étrangers implantés ici sont très demandeurs, comme une marque d’intégration au tissu économique du pays.

Le label est aussi une vitrine pour les activités de la Chambre de commerce…

Oui, on profite des visites et entrevues pour présenter notre travail et expliquer ce que l’on fait, notamment au niveau international. L’idée est travailler à plus long terme avec ceux qui ont le Stempel. Par exemple, un stand Made in Luxembourg a été présenté au Pavillon du Luxembourg à Dubaï, avec douze exposants. Ils ont été choisis par rapport à l’intérêt potentiel vis-à-vis du Moyen Orient et pour que les produits soient exposables. Il n’était pas possible de goûter, les produits de bouche ont été exclus, mais une participation à Gulfood en février 2022 est prévue. Dans les nouveautés, on peut aussi préciser que nous avons mis sur pied un nouveau site internet, qui devrait être terminé en cette fin d’année. Outre un relooking pour être plus dans l’air du temps, le précédent avait huit ans, le moteur de recherche a été affiné par mot clé et une géolocalisation a été ajoutée. Les communiqués et actualités des entreprises labellisées seront aussi publiés.

France Clarinval
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