La masculinité toxique tue. Cela commence par les innombrables femmes qui meurent sous les coups de leur mari ou de leur compagnon, une conséquence immédiate du machisme.
Ensuite, elle un obstacle majeur à la résolution de la crise climatique. La formidable concentration des leviers de pouvoirs entre les mains d’hommes convaincus de leur supériorité, blancs et quinquagénaires, ou plus la plupart du temps, et leur refus obstiné d’agir causent des inondations, sécheresses, incendies, et autres catastrophes causées par le dérèglement de notre planète, qui font chaque années davantage de victimes.
Aujourd’hui, la crise sanitaire enfonce le clou : les pays dirigés par des hommes connus pour le mépris qu’ils portent aux femmes sont ceux qui s’en sortent le moins bien. À l’inverse, les pays dirigés par des femmes, Taïwan et Nouvelle-Zélande par exemple, ont dans l’ensemble mieux su affronter la pandémie.
Comment s’explique ce contraste ?
Il y a d’abord, bien-sûr, la convergence entre machisme et conservatisme, qui fait opter pour des mesures impactant le moins possible l’économie, au mépris des morts évitables qu’une telle politique peut causer. Ce lien semble évident dans le cas de Donald Trump, prêt à sacrifier des dizaines de milliers de citoyens sur l’autel de la relance économique, ou de Jair Bolsonaro, qui sabote systématiquement les efforts de son propre gouvernement et des gouverneurs pour limiter l’hécatombe à Rio, São Paulo ou Fortaleza.
Face à la pandémie, ces deux leaders aux nets penchants autoritaires rechignent à utiliser leurs pouvoirs. Il semble qu’une dimension particulière de la crise du Covid-19, celle qui passe par le port généralisé du masque pour limiter la contagion, contribue pour beaucoup à leur attitude. Dans leur vision du monde, où le mâle sans peur subjugue tous les autres êtres vivants, porter un masque est une marque de faiblesse, un souci d’hygiène typiquement féminin, bref une précaution indigne d’un homme.
On en a eu un exemple frappant lorsque le vice-président américain, Mike Pence, chef de la taskforce en charge de la pandémie, a ostensiblement ignoré l’instruction de porter une protection faciale qui lui avait été transmise par la renommée clinique Mayo, dans le Minnesota, lors d’une visite fortement médiatisée. Quelques jours plus tard, le président lui-même s’est fièrement affiché sans masque en visitant une fabrique de masques, avec « Live and Let Die » en bande son.
Le président brésilien, quant à lui, a certes fini par s’équiper lors de rencontres avec la presse, mais il l’a fait avec tant de maladresse et de mauvaise grâce que le message était on ne peut plus clair.
Les mots comptent, mais les gestes et l’apparence tout autant. En foulant ainsi aux pieds les recommandations des épidémiologistes et les efforts des soignants, ces dirigeants rétrogrades dévoilent à la fois leur visage et le caractère meurtrier du machisme.