CSV

Astrid Lulling en campagne

d'Lëtzebuerger Land vom 03.07.2008

À presque 80 ans, la toujours fringante Astrid Lulling prend la tête du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL) et défend le splitting ainsi que l’individualisation des droits à pension en cas de divorce. Cependant, il faut savoir qu’il s’agit d’une veille marotte pour le conseil des femmes qui traite ces sujets depuis longtemps, pour ne pas dire toujours. La thématique procure néanmoins une plateforme intéressante à la députée européenne du CSV pour accomplir ses ambitions lors des élections l’année prochaine. Et oui, toujours bon pied, bon oeil, la dame ne semble pas vouloir raccrocher ses crampons. 

Passons au programme. Dans le cas du splitting des pensions, l’ancienne bourgmestre de Schifflange exprime la volonté de toujours du CNFL de l’inscrire dans la loi. Il faudrait  à ses yeux institutionnaliser le splitting dans le code des assurances sociales, ce qui donnerait à la mesure un caractère obligatoire. Or, le nouveau projet de loi sur le divorce préconise de régler la question dans le cadre du code civil, ce qui attribuera  ultimement aux juges le moyen d’arbitrer entre les deux parties. Lors de la conférence de presse lundi dernier, Astrid Lulling exprimait cependant la crainte que les juges pourraient ainsi être tentés de trancher en faveur de la personne économiquement indépendante, qui est, dans la plupart des cas, le mari. D’un autre côté, le fait que le splitting soit enfin pris en compte dans la loi est déjà une prouesse puisque le CNFL y travaillait déjà depuis la mise en législation de loi sur le divorce de 1978.

L’individualisation des droits à pension est le deuxième point important que le CNFL défend depuis un certain temps. L’institution veut encourager les femmes à développer une plus grande autonomie financière par rapport à leurs maris. Mais, selon Lulling, les conjoints-aidants sont un autre groupe vulnérable. « Il s’agit ici majoritairement d’artisans et de gens de profession libérale qu’il faut sensibiliser à travers une campagne », disait-elle lundi. Le conseil des femmes s’attaque aussi à la clause contre le cumul dans le cadre de la pension des survivants. En effet, pour recevoir les prestations allouées en cas de décès du conjoint, il ne faut pas dépasser le plafond de 2 400 euros de revenus de sa propre retraite. Une procédure qui pénalise avant tout les veuves.

Astrid Lulling ratisse large. Elle s’en prend même à la prostitution, le sujet de prédilection de sa collègue du CSV, la ministre Marie-Josée Jacobs. Selon la députée européenne, le trafic des femmes reste un des fléaux qu’il faut combattre dans la société luxembourgeoise. « Le racolage, qui demeure une pratique très répandue, doit être empêché », soulignait-elle lors de la conférence de presse. Elle critiquait, notamment, le fait que le Parquet avait implicitement autorisé de telles pratiques dans un  journal d’annonces luxembourgeois avec comme justification que l’on saurait au moins où les prostitués vivaient. 

Le CNFL a par ailleurs réagi par rapport aux cas de mutilations génitales sur les petites filles, qui se seraient produits récemment au Luxembourg. Pour Lulling, ce serait avant tout à cause de l’arrivée de nouveaux immigrants avec des traditions culturelles et religieuses différentes. Il s’agit donc de sensibiliser ces groupes aux dangers que présentent ces pratiques. Réaction un peu molle contre le barbarisme, diront les féministes.  

Cependant, comme toujours en politique, il ne faut pas oublier l’agenda des politiciens. L’ancienne bourgmestre de Schifflange a en effet du pain sur la planche si elle veut avoir une chance de figurer à nouveau au Parlement européen à l’issue des les élections de 2009. Comme l’a montré le récent baromètre politique publié dans le Luxemburger Wort (28/06/08), la députée européenne, qui inonde pourtant la presse locale de communiqués en tout genre et se déverse sur tous les sujets, n’arrive qu’à une médiocre quatrième place parmi les six représentants luxembourgeois à Strasbourg, pour ce qui est du « bon travail » effectué pendant leur mandat. Ensuite, un quart des personnes interviewées estiment qu’elle « n’a pas fait de bon travail », ce qui la place à la tête du peloton des mauvaises performances, devançant même ses collègues du CSV, Erna Hennicot-Schoepges et Jean Spautz. En d’autres termes, la coïncidence qui fait qu’Astrid Lulling prenne la présidence tournante du CNFL une année avant les élections lui apportera du moins une plateforme nationale pour promouvoir sa candidature. Si elle rempile pour un autre mandat, elle deviendra ainsi à 80 ans la doyenne du Parlement européen. Les thématiques qu’elle aborde en sa qualité de présidente du CNFL trouveront sûrement un certain écho positif auprès des électeurs du centre-droit, voir de la droite.  

David Goebbels
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