Chocolat chaud

Vous prendrez bien une tasse ?

d'Lëtzebuerger Land vom 27.11.2015

Novembre, le mois idéal pour déguster un chocolat chaud. Servi dans une tasse fumante qui nous réchauffe les mains avant de nous réconforter le cœur, on se délecte avec plaisir de ce breuvage onctueux et mousseux, qui vient brûlant caresser nos lèvres et nous replonger, le temps d’un instant, dans nos souvenirs d’enfants. Mais peut-être le préférez-vous froid ? Glacé ? Frappé ? L’aimez-vous tout doux, garni de chantilly et saupoudré de cacao ? Dense et amer comme le font les Italiens ou léger et dilué comme le servent les Américains ?

Dans ses multiples variations, le chocolat est aujourd’hui consommé partout dans le monde. Au Luxembourg, on le sert traditionnellement surmonté d’une généreuse écume de lait. Mais certains ont choisi l’originalité. Ainsi, du côté de La Maison Oberweis, une gamme de luxueux chocolats chauds surmontés de crème fouettée, de caramel, de sauce chocolat… réalisés à partir de chocolat de qualité, constitue à elle seule un merveilleux goûter. À la Chocolate House, on sert carrément des cuillères gourmandes, baptisées « Hotchocspoon », enrobées de chocolat aromatisé à la noisette, à la cannelle, au tiramisu, à l’orange, au whisky… que l’on fait tremper dans du lait bien chaud. Un délice pour les yeux autant que pour le palais. Bref, le chocolat chaud a fait du chemin, depuis sa création par les Mayas il y a 2000 ans.

À cette époque, la boisson était réservée aux élites et servait de monnaie et d’offrandes dans les cérémonies religieuses. Il s’agissait alors d’un breuvage amer, additionné de piment, et recouvert d’une écume noirâtre. Au XVIe siècle, les conquérants espagnols adoptèrent la boisson en remplaçant le piment par du sucre, mais en gardant la technique de préparation du chocolat : le cacao râpé, mélangé avec le sucre, délayé dans de l’eau puis porté à ébullition. À l’aide d’un moulinet frotté entre les paumes, on agitait ensuite le liquide de manière à le rendre presque totalement mousseux…

Une fois arrivé en Europe, le chocolat suscita un véritable engouement, en Espagne d’abord, puis aux Pays-Bas. Son usage se répandit à la Cour de France après le mariage, en 1615, de Louis XIII avec Anne d’Autriche, fille du roi Philippe III d’Espagne. Mais ce fut surtout Marie-Thérèse d’Autriche, fille de Philippe IV d’Espagne, et épouse de Louis XIV, qui lança la mode du chocolat en France, après 1660.

Plébiscité de toute part, le chocolat fut aussi au cœur de nombreux débats. Plusieurs savants allèrent ainsi jusqu’à affirmer que le cacao était un poison très froid et que quoi qu’on lui ajoutât, on ne pouvait faire du chocolat une boisson saine. Mais rapidement, des études prouvèrent que le chocolat chaud pouvait avoir quelques propriétés bénéfiques en raison des antioxydants contenus dans le cacao et de manière générale, les XVIIIe et XIXe siècles considérèrent le chocolat comme un aliment sain, fortifiant, particulièrement recommandé aux personnes affaiblies ainsi qu’aux vieillards, mais aussi aphrodisiaque et stimulant pour l’intellect. Utilisé en médecine pour traiter les maux d’estomacs et pour apaiser les douleurs, il était même conseillé d’en prendre une bonne tasse après un copieux repas ! Mais en ces temps-ci, le chocolat se préparait à l’eau, comme c’est encore le cas en Espagne et dans les pays latino-américains. Ce n’est qu’au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle que l’on prit l’habitude de préparer le chocolat avec du lait en France et dans les pays du Nord. Plus gourmand pour certains… mais plus calorique encore pour d’autres.

D’ailleurs, si bien souvent vous préférez opter pour un thé plutôt que pour une gourmande tasse chocolatée, sachez que dans les siècles passés, les médecins espagnols et d’autres après eux, jugèrent que l’excès, voire même la consommation régulière de chocolat, engendrait l’amaigrissement ! Reste qu’aujourd’hui, le chocolat peut être trompeur… Saturé de matières grasses, pauvre en arôme… Le bon chocolat se distingue du mauvais tant par la qualité de ses ingrédients que par le soin apporté à sa préparation. Ainsi, chez quelques très bons chocolatiers et dans certains salons de thé, on peut encore déguster un nectar préparé avec du chocolat à croquer, coupé en petits morceaux que l’on ramollit et que l’on fait cuire document en y ajoutant progressivement du lait, ou avec de la poudre de cacao. Attention cependant à celles vendues dans le commerce, trop souvent fabriquées à partir de fèves de qualité inférieure, pauvres en saveur. Mieux vaut donc suivre la recette…

pour quatre tasses :

Faire chauffer le lait à feu doux. Concasser le chocolat puis le mettre dans la casserole, bien remuer, le laisser fondre. Faire mousser le liquide à l’aide d’un mixer (ou d’une chocolatière). Servez sans tarder.

Salomé Jeko
© 2024 d’Lëtzebuerger Land