Les trickle-down economics resservies par le Premier ministre, Luc Frieden (CSV), dans son discours sur l’état de la nation laissent l’opposition et les observateurs sceptiques quant à leur financement. Et face aux allègements fiscaux et autres coûteuses mesures présentées mardi s’ajoutent une augmentation des dépenses publiques (quarante milliards d’euros en 2024) inquiétante. Le think tank Idea en a présenté l’inventaire mercredi. Ces dépenses publiques (calculées en parité de pouvoir d’achat) se sont élevées en 2022 à 35 000 euros par habitant contre 21 000 euros chez les « quatre voisins » (Pays-Bas inclus), soit 66 pour cent de plus. Idea recense sept domaines de l’action publique où le Luxembourg dépense manifestement plus que les pays voisins. Il s’agit des dépenses en services généraux, en transports, en produits et équipements médicaux, dans la famille, dans la santé, mais surtout dans l’enseignement et la « vieillesse ». Le pourcentage de dépenses publiques dans les retraites au Luxembourg pèse 11,2 pour cent du revenu national brut avec 7 000 euros dépensés par habitant par an, le plus gros poste, loin devant l’enseignement, le deuxième poste en importance, à 3 000 euros par an. Pour le laboratoire d’idées de la Chambre de commerce, ces dépenses ont une efficience « très mitigée ». Et il faut s’en inquiéter car les dépenses pour les retraites vont augmenter beaucoup plus vite ici qu’ailleurs. Selon le groupe de travail européen sur le vieillissement démographique, les dépenses en la matière croitront de 10,7 points d’ici 2070, contre 1,2 point dans la zone euro.
Idea invite à ouvrir des forums de discussion sur les grosses dépenses et leurs déterminants, en présence d’élus, d’experts, de responsables administratifs et de partenaires sociaux. D’ici à ce que les discussions portent leurs fruits, le laboratoire d’idées du patronat préconise d’instaurer des budgets en base zéro (de ne pas reconduire mécaniquement les enveloppes à chaque début d’exercice) ou encore une budgétisation par objectif, le tout saupoudré de key performance indicators.
S’ajoute une augmentation fulgurante des dépenses en défense (dont Idea ne conteste pas la logique dans le contexte géopolitique actuel). Elles ont déjà progressé de 135 pour cent depuis 2014. Elles doubleront encore d’ici 2030 a promis, mardi, la ministre Yuriko Backes, de 780 millions d’euros aujourd’hui à quasiment 1,5 milliard d’euros à terme. Elles atteindront ainsi (plus vite que prévu) les deux pour cent du revenu national brut ciblés pour répondre aux engagements envers l’Otan. Une manifestation de bonne volonté envers l’Oncle Sam. Le plus gros contributeur de l’alliance transatlantique (et de loin). Déjà nerveux à ce sujet, il pourrait le devenir encore plus si Donald Trump était élu à la présidence États-Unis. En plus du renforcement des moyens alloués au bataillon de reconnaissance, à l’espace et à la cyberdéfense, le gouvernement prévoit notamment le développement de capacités de défense aérienne et antimissile intégrée.