Lundi après-midi, Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI, héritière du Tribunal de Nuremberg), a demandé l’émission de mandats d’arrêts à l’encontre de trois dirigeants du Hamas et de deux d’Israël, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant. Les cinq sont accusés d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité « sur le territoire d’Israël et dans l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) depuis le 7 octobre 2023 ».
Les diplomaties occidentales se sont rapidement positionnées. « La Belgique soutient le travail de la CPI (…) et continuera d’apporter son appui à l’indispensable travail de la justice internationale pour assurer que les responsables de tous crimes rendent des comptes », a d’emblée posté la ministre belge Hadja Lahbib. Plus tard dans la soirée, la France a publié une déclaration de soutien au travail de la CPI tout en précisant la nécessité pour sa chambre préliminaire de veiller sur le principe de complémentarité (l’enquête de la CPI ne peut se superposer à une instruction israélienne sur les mêmes accusations) avant de se prononcer sur la délivrance des mandats. Mêmes éléments côté allemand lundi soir, sauf qu’on regrette en sus un « unzutreffender Eindruck einer Gleichsetzung », alors que le tribunal doit évaluer les « sehr unterschiedliche Sachverhalte » détaillés par le procureur. « Si la CPI n’avait annoncé l’inculpation que des Israéliens ou des Palestiniens, on aurait crié à la partialité. Concomitance mais pas équivalence », a tweeté l’ancien ambassadeur de France en Israël Gérard Araud.
Et le Luxembourg ? Pas de communication des ministères sur leurs sites ou sur les réseaux sociaux à ce sujet. Silence du ministre Xavier Bettel, en congé. Il a fallu attendre mercredi soir pour connaître la position du gouvernement. Et elle est minimaliste : « Le Luxembourg prend note de la décision du procureur auprès de la CPI », introduit la réponse conjointe des ministères d’État et des Affaires étrangères avant d’expliquer brièvement le mécanisme. « Conformément à l’importance que nous attachons à l’indépendance de la CPI, nous ne nous prononçons pas sur une procédure judiciaire en cours. Tout commentaire est susceptible d’être perçu comme de l’ingérence, » concluent les services de Luc Frieden et Xavier Bettel. Ce jeudi, le socialiste Alex Bodry rappelle sur X que le Luxembourg est un des rares pays à reconnaître explicitement la CPI dans sa (nouvelle) Constitution.