Croissance

Luxembourg : un point

d'Lëtzebuerger Land vom 12.06.2003

La reprise se fait attendre. À l'image de l'économie européenne et internationale, le Luxembourg devra faire preuve de patience. La Banque centrale de Luxembourg (BCL) a annoncé hier, jeudi, ses prévisions de croissance pour 2003 et 2004. Guère optimiste ­ et guère précise ­, la banque annonce 1,0 à 1,5 pour cent pour l'année en cours et deux à trois pour cent pour l'année prochaine. Premier coupable : la faiblesse de l'environnement international. 

La BCL est ainsi en ligne avec les derniers chiffres publiés par le Statec. L'office gouvernemental annonçait fin avril aussi une croissance du PIB (produit intérieur brut) entre un et 1,5 pour cent pour 2003. Ces chiffres confirment aussi ceux des principales organisations internationales. Seule l'OCDE était restée plus sceptique pour 2003 (0,5 pour cent) alors que le FMI (Fonds monétaire internationale) s'était montré plus optimiste en 2004 (quatre pour cent). Le Statec devrait publier prochainement une version actualisée de ses prévisions. En 2002, la croissance s'élevait à 1,1 pour cent, « la plus faible jamais recensée par les statistiques officielles » (donc depuis 1985), souligne la BCL.

Dans son analyse, la BCL ne trouve guère de points positifs au Luxembourg économique. La demande internationale restera faible. L'effet sur l'industrie exportatrice est direct. Elle n'est pas vraiment soutenue par la hausse de l'euro non plus. Pour ce qui concerne la place financière, beaucoup dépend de l'évolution des bourses. Celles-ci se sont certes reprises ces dernières semaines mais, met en garde la BCL, leur volatilité reste importante. 

L'espoir repose dès lors sur la consommation privée. La croissance salariale combinée aux effets retardés de la réforme fiscale devrait soutenir l'envie dépensière des ménages alors que le niveau de l'emploi n'a été que peu affecté par le ralentissement économique. S'y ajoute que l'« épargne de précaution » devrait se libérer à nouveau avec la fin de la guerre en Iraq. La consommation du secteur public devrait aussi rester élevée. Du côté des investissements, il ne faut pas trop attendre du secteur privé. Crise oblige, les chefs d'entreprise adoptent plutôt un comportement attentiste.

Les autres indicateurs sont mitigés. L'inflation, après sa flambée des dernières années, retombera en dessous de deux pour cent dès cette année pour y rester aussi en 2004. Le chômage par contre devrait augmenter. La BCL constate un « phénomène de thésaurisation du travail » au Luxembourg. En clair, les entreprises n'ont pas licencié au même rythme que la perte de leur productivité le leur aurait imposé en théorie. Il s'ensuit que l'emploi ne profitera guère d'une reprise de la croissance. Pour 2003, la BCL annonce donc un taux de chômage de 3,7 pour cent et pour 2004, 4,2 pour cent.

La BCL s'inquiète de la détérioration des finances publiques. Fort de son indépendance, elle appelle le gouvernement à « faire preuve de la plus grande rigueur dans l'exécution du budget ». La banque centrale lui rappelle notamment que la croissance du budget n'est plus en ligne, comme promis, avec la croissance économique à moyen terme. Depuis 1999, les dépenses (nominales) de l'État ont augmenté de 29 pour cent, alors que le PIB (à prix courants) n'a progressé que de 18 pour cent.

 

Jean-Lou Siweck
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