Valérie Trierweiler n’a pas la fesse discrète, mais on lira ses feuilles mortes tout au plus d’une fesse distraite, comme disait l’autre. Pour avoir oublié que l’amour du pouvoir est bien plus fort que le pouvoir de l’amour, l’ex se lâche comme jadis Pierrette Le Pen, autre répudiée célèbre. Chez les Hollande, l’amour rend aveugle, c’est « normal » ; chez les Le Pen, il rend borgne. L’ex de Jean-Marie posait dans Playboy, déguisée en soubrette qui maniait le torchon pour nettoyer la merde ; l’ex de François publie le torchon pour se vautrer dans la merde. Il y a de la Médée dans cette furie là, le tragique en moins, le comique, pardon, le ridicule en plus. L’héroïne antique, en suivant son amoureux de Jason, s’est retrouvée étrangère toute sa vie et a fini par tuer leurs enfants communs. La midinette moderne, en suivant son amoureux de président, est restée elle aussi une étrangère dans le monde des lambris présidentiels. Eblouie par les flashs de ses confrères paparazzi, elle a tué à son tour leurs enfants communs que sont le strass, les paillettes, l’illusion de la toute puissance du pouvoir. Que n’a-t-elle écouté l’infâme Alberich qui, pourtant, prévient dans la tétralogie de Wagner que pour avoir le pouvoir, il faut savoir renoncer à l’amour ?
Causes toujours, pourrait-on rétorquer à celle qui se faisait appeler Cosette par son auguste amoureux, qui par ailleurs n’aimerait pas les pauvres qu’il appellerait dédaigneusement les « sans-dents ». S’il avait vraiment lu Les misérables de Victor Hugo, le président aurait su que ce fut justement pour Cosette que sa mère Fantine s’était fait arracher, moyennant deux Napoléon d’or, « ses deux plus belles dents ». Valérie, quant à elle, garde sa plus belle dent contre Hollande, et le surnom de Rottweiler lui sied décidément mieux que celui de Cosette. Mais le président, qui attend toujours la croissance, peut au moins se prévaloir de la croissance d’un éditeur de caniveau, qui a imprimé le chiffon à deux cent mille exemplaires et qui fait enfin entrer le mot « Schadenfreude » dans la langue française. Car tout un peuple regarde maintenant par le trou de la serrure et se rince l’œil devant les déboires d’un couple dont les protagonistes comptent désormais parmi les personnalités les plus détestées de l’Hexagone. Et tant pis pour la dignité de la fonction présidentielle (ou ce qu’il en reste après les années Sarkozy) et le bon fonctionnement de la démocratie. À ce propos, nous reviendrons une prochaine fois sur ce que nous ont enseigné Mélusine et Lohengrin sur les limites de la transparence. Car pour aimer bien, il faut aimer caché. Et pour gouverner bien, il faut savoir cacher les secrets d’alcôve pour retrouver les joies de l’anonymat. Pour se désintoxiquer de sa haine pour le faible Hollande et de son addiction au puissant président, l’ex ferait bien de s’inscrire aux AA, aux amoureux anonymes. Il est vrai que ça rapporte moins que le mirobolant cachet que la répudiée aurait, semble-t-il, empoché. Mais comment appelle-t-on déjà les dames qui gagnent de l’argent avec l’« amour » ?
Quoiqu’il en soit, si l’ex première dame se plaint de ne plus avoir de rapports avec Hollande, son « livre » reste cependant d’un rapport qualité-prix exceptionnel. Car comme le confiait le regretté Desproges : c’est bien moins cher que Sartre, pour le prix d’un seul brûlot vous avez la nausée et les mains sales. Ou pour le dire approximativement avec cet autre grand sage : « Elle voulait même lui couper les choses, par bonheur il n’en avait pas ! »