Cela fait un quart de siècle que les nations se donnent rendez-vous en fin d’année pour coordonner leurs politiques climatiques. Cette année, le Royaume-Uni et l’Italie président la conférence des parties, connue sous l’acronyme COP, 26ème du nom, à Glasgow du 1er au 12 novembre. La COP de 2020 ayant été annulée pour cause de pandémie, c’est là qu’on attend des gouvernements signataires de l’Accord de Paris qu’ils consolident leurs engagements nationaux (NDC) de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est désormais une constante : avant chaque COP, ceux qui s’inquiètent de l’avenir de la vie sur cette planète se mobilisent et s’égosillent pour ensuite se consoler des maigres avancées enregistrées. Le réchauffement étant un processus cumulatif, ce qui était vrai lors des COP précédentes l’est encore davantage à Glasgow : plus que jamais, c’est bien la conférence de la dernière chance, un va-tout pour l’humanité.
Meurtri et désarçonné par le coronavirus, impressionné par la multiplication des extrêmes climatiques de ces derniers mois, sans pour autant être prêt à en tirer les conséquences, le monde qui va s’attabler en Écosse est en piteux état. Certes débarrassés de l’histrion qui avait cru bon se retirer de l’Accord de Paris, les États-Unis restent de féroces exportateurs de gaz issu de fracking. L’Union européenne, toujours prise dans les rets de l’addiction aux énergies fossiles, fait le beau mais navigue à vue. La Chine a annoncé ne plus vouloir financer de centrales au charbon à l’étranger, mais poursuit-elle aussi sa quête éperdue de croissance. Les pays pauvres, les plus exposés aux ravages des inondations, sécheresses, incendies et tempêtes causées par le réchauffement, n’ont eu droit en moyenne qu’à un cinquième des cent milliards de dollars par an promis en 2009 à Copenhague pour les aider à s’adapter – alors que les pays riches ont assigné sans sourciller des milliers de milliards à leurs plans de récupération post-pandémie. Même les pays les plus engagés, comme les États-atolls du Pacifique, devront composer à Glasgow avec l’Arabie Saoudite, l’Australie ou la Russie, pour ne citer que trois de leurs pairs écocidaires, toujours aussi déterminés à extraire jusqu’à la dernière molécule de pétrole, de gaz ou de charbon de leur sous-sol.
Volontairement provocateur, Rupert Read, un des animateurs d’Extinction Rebellion, a exprimé l’espoir que le probable échec de Glasgow serve au moins de « branle-bas de combat pour l’humanité ». C’est lorsque les politiques auront fini de discuter et qu’on sera en présence d’un mauvais accord, d’un accord catastrophique voire d’une absence d’accord, que les gens « réaliseront qu’il n’y a pas de cavalerie pour venir à notre secours » et que les choses vont empirer « à moins que nous nous soulevions, prenions les choses en main et faisions bouger les choses », s’est écrié l’universitaire.