Les communales comme premier test pour les législatives. Glossaire pour la soirée électorale de dimanche

Casting

Georges Mischo (CSV)
Photo: Sven Becker
d'Lëtzebuerger Land du 09.06.2023

DP ou La mobilisation générale

Le DP a décrété la mobilisation générale. Onze des douze membres de la fraction se présentent aux communales ce dimanche. Même les ex-maires ont suivi l’appel. Guy Arendt remonte donc au front à Walferdange, Frank Colabianchi à Bertrange, André Bauler à Erpeldange-sur-Sûre. Le DP présente des listes dans 47 des 56 communes votant à la proportionnelle. Les libéraux ont réussi à assurer la couverture territoriale la plus large.

Tous les yeux sont tournés vers la capitale. La maire Lydie Polfer réussira-t-elle à garder la Ville ou est-ce le tour de trop ? Ni François Benoy ni Serge Wilmes n’ont osé s’attaquer de front à son bilan. Que ce soit par manque de courage ou par stratégie électorale, les deux prétendants n’auront finalement pas réussi à démystifier Lydie Polfer. En toile de fond, un psychodrame oppose Corinne Cahen à la vieille garde du Stater DP. La ministre de la Famille (toujours en exercice, ce qui ne semble gêner personne) mène une campagne parallèle, tentant d’arracher les voix une à une avec un discours hipster écolo. Bien que le Stater DP ait réussi à maintenir une façade d’unité durant la campagne, il y existe désormais un « Team Lydie » et un « Team Corinne ».

Dans cet imbroglio, la co-tête de liste Patrick Goldschmidt n’a pas réussi à se faire entendre, tout comme il avait du mal à se démarquer en tant qu’échevin. La soirée électorale du Stater DP s’annonce tendue, ce dimanche à la Brasserie Schuman. Si Polfer perdait la Ville, cela constituerait un séisme dans le paysage politique, dont les effets se feraient ressentir jusqu’en octobre. Si Polfer réussissait à se maintenir au pouvoir, le combat pour sa succession ne ferait que commencer. Lundi après-midi, le Premier Xavier Bettel s’envolera avec sa ministre des Finances vers Dublin pour une « visite de travail » chez le concurrent offshore. Il risquera de passer beaucoup de temps au téléphone avec les élus locaux. Le 8 juillet, le congrès du DP arrêtera définitivement ses listes pour les législatives.

CSV ou Les députés-maires frustrés

Le CSV se trouve dans la position inconfortable de défenseur du titre. Le parti sait que, dans de nombreuses communes, ses résultats de 2017 étaient tributaires d’une tendance politique momentanée. Dix longues années dans l’opposition ont transformé le CSV en parti des députés-maires. La fraction n’en compte pas moins de neuf, contre deux pour le LSAP, une pour le DP et zéro pour Déi Gréng. Est ainsi apparue une génération de quinquagénaires continuellement frustrés de leurs ambitions ministérielles : Gilles Roth au Sud, Marc Lies au Centre, Léon Gloden à l’Est et Jean-Paul Schaaf au Nord. Qui finira par occuper le poste de bourgmestre dans leur commune dépendra autant du scrutin de dimanche que de celui d’octobre, et du mercato politique qui s’ensuivra.

« Dat geet lo relativ zack-zack », dit la présidente du CSV, Elisabeth Margue. Le parti adoptera ses listes pour les législatives (avec leurs Spëtzekandidaten respectifs) le 8 juillet, le même jour que le DP. Trois-quarts des candidats seront proposés par les quatre comités de circonscription qui se réuniront la semaine prochaine. Il s’agit d’un aréopage de notables locaux, dont la principale vocation est de caser tous les cinq ans un maximum de maires et d’échevins. Une procédure interne qui perpétue la tradition des doubles mandats. Pour contrebalancer ce mécanisme de reproduction, le dernier quart des candidats est nommé par une commission électorale qui regroupe le noyau restreint du parti. Selon les statuts du CSV, sa mission est d’assurer « den Charakter der Volkspartei der Listen » et de « rééquilibrer les profils nationaler, regionaler, sozialer und beruflicher Natur ». Dans la pratique, ce « Comité des Sages » a poussé quelques jeunes, déniché quelques experts et lancé beaucoup de sportifs et de journalistes RTL.

Les deux shooting stars de la politique communale, Serge Wilmes et Georges Mischo, auront peu impressionné par leur travail parlementaire. Ils ont été quasi-inaudibles à la Chambre. Durant les semaines de séances parlementaires, le Stater échevin court entre le Knuedler et le Krautmaart. Le maire d’Esch (et ancien prof d’éducation physique) se fend de temps à autre d’une question parlementaire. Elles portent souvent sur le sport : les terrains de tennis à Esch, les indemnités des entraîneurs, l’infrastructure sportive de l’Uni.lu.

LSAP ou En attendant Paulette

Les bastions rouges du Sud sont tombés un à un : Pétange en 1999, Differdange en 2002, Bettembourg en 2011, Esch-sur-Alzette et Schifflange en 2017, Kayl en 2022. Symboliquement, la perte d’Esch-la-Rouge aura sans doute fait le plus mal. Pour le LSAP, cette chute (de dix points de pourcentage et de trois sièges) a provoqué une profonde blessure narcissique. Au lendemain de la débâcle, Taina Bofferding se voyait investie de la mission de reconquérir le fief et d’effacer l’humiliation. Elle-même se désignait comme « un mix entre Vera et Lydia ». Les anciennes maires Spautz et Mutsch, disait-elle, seraient ses « mères » politiques. Bofferding aurait pu tenter la même manœuvre que Corinne Cahen, en quittant le gouvernement pour s’assurer une assise politique pérenne. Elle a préféré s’en tenir aux honneurs ministériels. La liste LSAP de 2023 présente un visage renouvelé, et renonce aux bonzes désavoués il y a six ans. (De l’ancienne garde échevinale, on ne retrouve plus que l’avocat Jean Tonnar.) C’est Steve Faltz, un proche de Marc Limpach, qui s’est retrouvé projeté tête de liste. Dimanche soir, il sera intéressant d’analyser le classement au sein de la liste du LSAP entre les newcomers Steve Faltz, Liz Braz et Sascha Pulli.

Dimanche, le LSAP d’Esch a quelque part rendez-vous avec l’Histoire. Les années à venir seront marquées par d’énormes mutations sociales et urbanistiques. La Minettmetropol va changer de base : Sur les anciennes friches naîtront une nouvelle ville et un nouveau quartier ; entre Belval et la Cloche d’Or un tram rapide circulera toutes les quinze minutes. Ceux qui couperont les rubans pourront se mettre en scène comme de grands modernisateurs. Ceux qui seront dans l’opposition risqueront d’y rester longtemps. Le cauchemar de la gauche, ce serait que le DP et le CSV gagnent chacun un siège, ce qui rendrait possible une majorité bürgerlich dans l’ancien bastion socialo-communiste. Mais à la manière d’une telenovela, la politique eschoise a souvent été exubérante et imprévisible, avec des épisodes riches en intrigues et retournements. En 1945, le CSV pactisait avec le KPL, et le communiste Arthur Useldinger devint maire. En 1970, le même Useldinger reprenait la mairie, cette fois-ci avec l’appui de socialistes « dissidents ». En 1999, Josy Mischo, le père de Georges, faisait sauter l’espoir d’Ady Jung de prendre la mairie. Si le LSAP réussissait à déboulonner Georges Mischo en 2023, cela constituerait une réelle surprise. Ce serait surtout un signal que l’objectif du LSAP de regagner leur septième siège dans la circo Sud est réaliste.

Pour le reste, Dan Biancalana ne peut quasiment que perdre (relativement) à Dudelange, alors qu’Yves Cruchten ne peut quasiment pas gagner (substantiellement) à Käerjeng. À Mondercange, Christine Schweich a de réelles chances de reconquérir la mairie. La haute fonctionnaire est bien implantée dans l’appareil du parti, et pourrait dès lors faire prévaloir des ambitions nationales. Quant à Differdange, la partie reste ouverte, les dernières élections ayant été dominées par des maires « charismatiques » aujourd’hui absents. D’autres fiefs socialistes sont apparus au Nord. La majorité absolue, le parti la tient depuis douze ans dans la ville de notables Diekirch et depuis 24 ans dans la ville ouvrière Wiltz. Malgré des enquêtes ouvertes, le bourgmestre, Fränk Arndt, y maintient sa candidature. « Ce que je peux dire, c’est que je ne me sens pas coupable », est-il cité dans la brochure électorale du LSAP.

En tout, les socialistes ne présenteront que 39 listes, soit moins que le CSV (45) et le DP (47). Le LSAP n’a réussi à monter des listes dans aucune des dix communes qui sont passées au scrutin proportionnel. Le parti disparaît même des bulletins de vote à Junglinster et à Mersch, où il figurait en 2017 encore. Mais ce qui devrait surtout alarmer le LSAP à l’aube des législatives, c’est son apparente faiblesse dans le Centre. Alors que Paulette Lenert (largement invisible durant cette campagne) préfère se présenter à l’Est, ce sera probablement au duo Franz-Francine de défendre les trois sièges, voire d’en gagner. La pente sera rude pour Fayot et Closener. Ce dimanche dans la Ville, le parti risque de glisser en-dessous de la barre des dix pour cent, où il se situait, en 2017 déjà, à Bertrange et Hesperange.

Dans la semaine suivant le 11 juin, les bonzes du parti entameront un marathon de réunions pour boucler les listes des législatives. Ce sera le temps du bilan des communales, dont les résultats seront scrutés de près. Qui a assuré ? Qui a échoué ? La jeune garde, organiquement liée aux ministères socialistes, a-t-elle réussi à percer ? La plupart des parlementaires se tiennent loin du scrutin communal. Seulement six des dix députés du LSAP sont candidats ce dimanche. C’est que la fraction compte beaucoup d’anciens maires : Cécile Hemmen, Lydia Mutsch, Dan Kersch et Mars Di Bartolomeo (les épouses de ces deux-derniers, Dany Hardt et Josiane Ries, sont par contre candidates).

Déi Gréng ou L’espoir d’une consolidation

« Consolidation », c’est le mot d’ordre des Verts en amont des législatives. Entre 2013 et 2018, Déi Gréng étaient passés de deux à quatre sièges dans la circo Centre, assurant la reconduction de la coalition. Le parti place de grands espoirs dans le Speckgürtel. Les jeunes cadres sont supposés y engranger un maximum de voix dès ce dimanche : Djuna Bernard à Mamer, Jessie Thill à Walferdange et Stephen De Ron à Hesperange. Dans ces trois communes, l’objectif est d’entrer (ou de rester) dans la majorité, comme junior partner du CSV. Née en 1996, Jessie Thill s’est construite par la politique communale. Elle a 21 ans lorsqu’elle est élue au conseil communal de Walferdange, elle en a 24 lorsqu’elle est nommée échevine, 25 lorsqu’elle entre, en janvier 2022, à la Chambre des députés. Née en 1992, Djuna Bernard a suivi le chemin inverse. Elle est entrée au Parlement en 2018 et sur la scène communale en 2023. Politiquement, la co-présidente des Verts aura peu à gagner à jouer à la première échevine à Mamer, sous un maire Gilles Roth (ou Luc Feller) ; pas plus qu’électoralement, puisqu’elle va être candidate dans la circo Centre. À Hesperange, Stephen De Ron, un jeune avocat d’affaires (chez Elvinger & Hoss), succède comme tête de liste au retraité cheminot-syndicaliste Roland Tex. Pour le trentenaire, il s’agit d’un premier essai. Le catho de gauche et ancien directeur de recherche de TNS-Ilres, Charel Margue, veut devenir maire de Lintgen à la tête de « Di nei Ekipp », et fixer son assise dans la Vallée de l’Alzette, le même terrain électoral labouré par Jessie Thill. Un peu plus au Nord, le scout et « product manager » Felix Bemtgen a pris la succession de l’ex-député Claude Adam au conseil communal de Mersch, et tentera de défendre les trois sièges.

À Echternach, le transfuge Christophe Origer se voit détrôner Yves Wengler (CSV). Or, il paraît improbable qu’en octobre, Déi Gréng puissent décrocher un deuxième siège dans la circo Est, alors que seulement sept mandats y sont à distribuer. Dans la circo Nord, où Déi Gréng n’avaient atteint que treize pour cent aux dernières législatives, le parti se présente à Ettelbruck avec une liste rajeunie ; Abbes Jacoby, l’éternel lieutenant de Bausch, s’étant retiré du conseil communal il y a deux ans. À Wiltz, la députée Stéphanie Empain n’a pas réussi à trouver douze autres candidats.

Dans la circo Sud, les Verts avaient manqué de justesse un Rescht-Sëtz en 2018, que le LSAP avait fini par remporter. Aux communales de l’année précédente, ils s’étaient retrouvés dans le rôle de faiseurs de rois, détrônant le LSAP à Schifflange et à Esch, bloquant son retour à Bettembourg, s’alliant avec Michel Wolter à Käerjeng. Là où c’était possible, Déi Gréng ont formé des majorités avec le CSV. Dan Kersch en gardera un très mauvais souvenir, y voyant une tactique politicienne : « Ech weess jo, wéi dat gelaf ass », dira-t-il au Land. « Je sais pourquoi les Verts l’ont fait. Regardez la coïncidence des dates. Les élections communales ont eu lieu en octobre 2017, un an avant les législatives… » À Differdange, Paulo Aguiar est chargé de défendre la mairie pour les Verts. Meris Sehovic est parachuté tête de liste à Esch, où le président des Verts vit depuis trois ans. Entre le jeune opérateur ambitieux et le vieil échevin précautionneux Martin Kox, le contraste est saisissant. Avec Joëlle Welfring, Sehovic devra colmater la brèche créée par les départs de Felix Braz et de Roberto Traversini.

Piratepartei ou Les opportunistes

Marc Goergen se rêve déjà en faiseur de rois : « On nous a demandé mon numéro de téléphone pour pouvoir échanger rapidement dimanche soir ». Il se dit prêt pour des « majorités alternatives ». Dans telle commune du Sud, le CSV serait « très fortement intéressé » ; dans telle autre, il pourrait s’imaginer « appuyer » le LSAP. Les Pirates ont hâtivement bricolé des listes dans treize Proporzgemengen. Les liens entre le parti et ses candidats semblent ténus. Certains ne se sont ainsi pas rendus aux séances photo. Du coup, les portraits de cinq candidats manquent sur l’affiche à Esch. À Hesperange et à Kehlen, trois candidats restent sans visage. La plupart des sections se bornent à décliner les thèmes fixés au niveau national, dans l’espoir d’attraper assez de voix de liste pour décrocher un mandat. À Esch, Kayl et Mondercange, Marc Goergen se fait placarder aux côtés des têtes de listes locales. Un marquage territorial en vue des législatives d’octobre.

À part Marc Goergen, député et conseiller communal à Pétange, les candidats des Pirates ne se démarquent guère par leur notoriété. À Betzdorf, on retrouve l’ancien militant socialiste, Laurent Kneip. « Ich wollte auf meinem Carport Solarzellen installieren und habe mich über bürokratische Hürden der Gemeinde geärgert. Daher kam der Entschluss, mit einer eigenen Liste anzutreten », explique-t-il au Wort. Ben Lomel, tête de liste à Kayl, a connu ses quinze minutes de gloire en participant à « Schwiegertocher gesucht », une émission de téléréalité diffusée sur RTL-Deutschland. (Son père, Petz Lomel, est candidat pour le CSV ; si les deux se faisaient élire au conseil communal, un problème d’incompatibilité se poserait.)

Pour les Pirates, la question du casting en vue des législatives est centrale. La « Sonndesfro » de RTL et du Wort leur prédit jusqu’à sept sièges au Parlement. Mais qui pour les remplir ? Même si les sondages promettent probablement trop, le parti aura du mal à gérer sa croissance. Le risque étant que les futurs députés produisent une cacophonie programmatique et politique. Aux yeux des partis établis, cette instabilité discrédite les Pirates comme parti de coalition. Car qui pour assurer la discipline de fraction (et donc la majorité), une fois Clement ou Goergen nommés ministres ?

L’élection d’un Daniel Frères, agent immobilier, protecteur des animaux et annonceur privilégié de Luxprivat, pourrait vite égratigner l’image d’opposant « constructif » que s’est construite Sven Clement. Alors que les candidats communaux sont en grande partie issus de milieux populaires (aucun autre parti ne présente autant d’ouvriers, par exemple), le profil socio-économique des listes Pirates pourrait changer aux législatives. Les promesses survoltées des sondeurs ont rendu le parti attrayant pour tous ceux qui cherchent un raccourci vers la Chambre. Le visage de TNS-Ilres, Tommy Klein, a déjà franchi le pas. Boris Liedtke, proconsul de la Deutsche Bank au Luxembourg entre 2013 et 2016, s’est porté candidat en Ville. Le parti continue à étoffer son réseau. Selon les informations du Land, l’avocat Gabriel Bleser serait pressenti comme candidat au Centre. Luc Biever, directeur de Stugalux et ancien chef de TNS-Ilres, conseille les Pirates de manière bénévole, mais a préféré jusqu’ici rester dans les coulisses.

ADR ou Les populistes résignés

L’ADR a toujours sous-performé aux communales. En 2017, le parti n’avait atteint que 5,1 pour cent dans les quelques Proporzgemengen où il s’était présenté, contre 6,4 pour les Pirates et 7,2 pour Déi Lénk. Contacté par le Land, Fred Keup préfère parler d’« une situation confortable » : aucun des députés n’étant « exposé à un risque » ce dimanche. Jeff Engelen est conseiller dans la commune rurale de Wincrange (canton de Clervaux) depuis 1990, il devrait le rester jusqu’en 2029. Fernand Kartheiser est candidat à Käerjeng, mais « en troisième ligne », comme le dit Keup. En 2017, le chef de la fraction ADR n’avait pas réussi à s’y faire élire au conseil communal, ne récoltant que 563 voix, contre 3 574 pour Michel Wolter (CSV) et 2 694 pour Yves Cruchten (LSAP). Ce dimanche, l’ADR sera sur les bulletins électoraux de onze communes, soit deux de nouvelles à Kayl et Troisvierges et une de perdue à Differdange, où un tiers des candidats ADR ont été démarchés par Fokus. Le parti a l’habitude des désertions, démissions et défections. Son mandataire à Dudelange, Victor Haas, a quitté le parti en 2019 et siège aujourd’hui comme indépendant au conseil communal.

Un enjeu majeur pour le parti sera le Knuedler. En décembre, la démission de Roy Reding a coûté au parti son unique siège en Ville. Marceline Goergen, qui lui avait brièvement succédé comme indépendante, se présente sur la liste CSV. Reding n’a pas brillé au conseil communal par son assiduité : « Je suis souvent arrivé plus tard et parti plus tôt », avouait-il. Interrogé cette semaine s’il compte se représenter aux législatives en octobre, le député renvoie à sa réponse donnée l’année dernière au Land : « Selbstverständlech ». Or, d’ici la clôture des listes, devrait tomber le jugement en appel dans l’affaire de la vente d’un immeuble de rapport au Kirchberg. En première instance, Roy Reding avait été condamné à douze mois de prison, une peine assortie d’un sursis intégral. Si l’arrêt venait à être confirmé en deuxième instance, une candidature de Reding pourrait soulever des résistances au sein du parti. En attendant, les visages d’Alex Penning et de Tom Weidig s’affichent sur 900 poteaux en Ville.

Déi Lénk ou Rock & Rotation

Au niveau national, Déi Lénk a été sévèrement secoué par des dissensions internes autour de l’obligation vaccinale et des livraisons d’armes vers l’Ukraine. Au niveau communal, le parti espère maintenir son implantation. Le parti se présente dans sept communes : une liste est née à Schifflange, tandis qu’à Strassen et Hesperange, les listes ont disparu. En 2017, le parti avait stagné aux communales. Un résultat ressenti comme très décevant, notamment à Esch où Marc Baum se voyait déjà échevin à la Culture. La section eschoise tente son comeback. Comme tête de liste à côté de la conseillère sortante Line Wies, elle présente Samuel Baum, assistant social et ancien joueur de handball au club local. En Ville, il sera intéressant de voir qui des deux députés en rotation de la circo Centre sortira premier. En 2018, David Wagner avait récolté 6 907 voix personnelles, c’était trois fois plus que Nathalie Oberweis (2 480), mais également davantage que François Benoy (4 381), Franz Fayot (5 826) ou Simone Beissel (6 658). Mais 25 mois d’absence de la tribune parlementaire auront probablement un effet en nombre de voix.

Serge Tonnar n’a pas réussi à monter de liste à Mersch, mais reste en lice pour les législatives. À Differdange, le co-porte-parole de Déi Lénk, Gary Diderich a tardivement tenté de faire monter la sauce. L’homme qui a fait tomber Traversini vient de lancer une pétition intitulée « 27 citoyens et citoyennes : Gary Diderich serait un bon bourgmestre pour Differdange ». Parmi les signataires se trouvent les actuels et anciens députés de Déi Lénk, quelques figures de la scène rock locale et Jean Portante. La stratégie électorale ne manque pas d’audace. En 2017, Déi Lénk avait obtenu moins de voix à Differdange que le KPL, emmené par sa mascotte Ali Ruckert. À Sanem, Serge Urbany avait invité les deux transfuges Myriam Cecchetti (Déi Gréng) et José Piscitelli (LSAP et CSV) sur la liste, pour fini par devoir leur céder son siège au conseil communal qu’il avait occupé par intermittences depuis 1976.

Bernard Thomas
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