Ticker du 30 juillet 2021

d'Lëtzebuerger Land du 30.07.2021

Autobahn

347,58 millions d’euros sur les dernières cinq années : voilà le total des recettes que l’État luxembourgeois a retiré de ses concessions sur les sept aires de services qui longent ses autoroutes. (Une huitième aire viendra s’y ajouter à Pontpierre sur l’A4 en direction d’Esch ; sa construction coûtera environ cinq millions d’euros à l’État.) C’est ce qu’on apprend dans la réponse du ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch (Déi Gréng), au député Marc Goergen (Piraten). Même l’annus horribilis 2020 n’aura finalement que peu entravé la manne : 64,5 millions d’euros, soit un recul de seulement sept millions par rapport aux trois années précédentes. Une aire d’autoroute rapporte en moyenne quelque dix millions d’euros par an et coûte environ 70 000 euros en frais d’entretien. « Et handelt sech bei dësen Einnahmen net ëm Kléngegkeeten », souligne François Bausch, qui rappelle qu’il faut encore y ajouter les entrées sur les accises et les impôts. Alors que les producteurs automobiles annoncent ne plus développer de moteurs à combustion en Europe (2026 pour Audi, 2028 pour Opel, 2030 pour Ford et Volvo, 2035 pour VW), la manne des stations-services devrait lentement se tarir. François Bausch annonce l’aménagement de bornes de recharge rapide sur les aires d’autoroute. Le touriste néerlandais en route pour la Côte d’Azur va-t-il encore passer par le Luxembourg pour y faire le plein de l’électricité ? Mais au vu du prix économique du changement climatique (lire page 4), les recettes du tourisme à la pompe vont risquer d’apparaître dérisoires. (Photo : Patrick Galbats) bt

10 000 euros

Le Luxembourg vient d’ajouter une énième pièce à son dispositif anti-blanchiment. Comme presque toujours, il s’agit d’une transposition d’un règlement européen. Cette semaine, la Douane a détaillé les nouvelles règles de transport transfrontalier d’argent liquide. Jusqu’ici, toute personne traversant la frontière et portant plus de 10 000 euros en espèces sur lui était tenu d’en faire la déclaration. Cette obligation vient d’être étendue aux « pièces contenant au moins 90 pour cent d’or » et aux « lingots, pépites ou autres agglomérats d’or natif contenant au moins 99,5 pour cent d’or ». Le passeur de fonds qui ne respecte pas ces nouvelles règles risque une amende jusqu’à 25 000 euros et une confiscation partielle de son trésor. Le Luxembourg a connu une longue histoire de porteurs de valises. Dans les années 1980, 1990 et 2000, les clients de la place bancaire amenaient leur pactole au Grand-Duché. À partir de 2014, ils tentèrent désespérément de le rapatrier. De ce sauve-qui-peut, provoqué par la fin annoncée du secret bancaire, l’historien retrouve des traces éparses dans la presse régionale. Des lingots d’or cachés sous les sièges de voiture, des liasses de billets cousues dans la doublure du manteau ou enfouies sous le linge sale ou dans le slip. (L’argent a bel et bien une odeur – du moins les billets frais –, et les chiens de la douane allemande savent le détecter.) La douane luxembourgeoise a recensé sept infractions en 2020 et quinze en 2019. bt

Les copropriétaires

​Les résidences des années 1970-1990 représentent un gigantesque stock immobilier au bilan énergétique souvent désastreux. Dans le cadre de lutte contre le réchauffement climatique, leur rénovation est donc une priorité. Or, réunir la majorité exigée des trois-quarts des votes, légalement requise pour décider de travaux de transformation, s’avère souvent impossible. Déposé en février, un projet de loi propose d’introduire la règle de la majorité simple aux AG, afin de briser les blocages et l’inertie. Des conflits opposent régulièrement les propriétaires-occupants aux propriétaires non-occupants, les premiers voulant lancer des rénovations dont ils ressentiront les effets, alors que les seconds n’y voient pas l’intérêt (économique). Le gouvernement propose également d’instaurer un « fonds de travaux » alimenté par des cotisations obligatoires. Le montant de celles-ci reste pourtant assez modique : dix pour cent des charges payées au syndic, soit quelque 25 euros par mois et par propriétaire, en moyenne. Ce fonds devra permettre de mieux anticiper les investissements futurs, notamment dans l’assainissement énergétique. Il s’agirait, lit-on dans l’exposé des motifs, de « lutter contre l’effet ‘lock-in’ », donc le risque de s’enfermer, à long terme, dans un standard énergétique insuffisant : « Si le maître d’ouvrage se décide pour une faible isolation des murs extérieurs, celle-ci ne va être renouvelée que lors de l’entretien des premiers dégâts après trente ou cinquante ans ». Dans son avis, la Chambre des salariés met en garde contre un renchérissement des loyers si la rénovation énergétique finissait par être intégrée dans le calcul du « capital investi » (qui détermine le loyer maximal). Elle rappelle que les investissements « verts » dans les immeubles résidentiels sont « en partie importante » couverts par les subventions étatiques, et ne nécessiteraient « aucun effort économique de la part du propriétaire-bailleur » : « Il serait donc absolument absurde et en contradiction avec la logique de la loi de l’intégrer dans le calcul du loyer maximal. » (Photo : Sven Becker) bt

Tinder pour la place financière

Le Luxembourg, pays de holdings, de banques et de fonds, peine à trouver assez de résidents à nommer dans les CA. Le germano-luxembourgeois Eduard von Kymmel a eu l’idée de créer une plateforme de « matchmaking » entre administrateurs indépendants et promoteurs de fonds. Une sorte de Tinder de la place financière qu’il a nommé ID Linked. (Kymmel, un ancien de Credit Suisse et de VP Bank, a fait enregistrer le nom de sa plateforme « pour ne pas avoir de problèmes avec LinkedIn ».) En cas de matchmaking réussi, ID Linked retient une commission : Dix pour cent des tantièmes touchés la première année par l’administrateur, un prix que von Kymmel juge « fair ». En un mois, 70 administrateurs se seraient inscrits sur sa plateforme. La majorité seraient des résidents luxembourgeois, ou au moins entretiendraient un bureau au Grand-Duché. Un quart des inscrits seraient des femmes : « Je serais content s’il y en avait plus, mais c’est déjà plus que la moyenne sur le marché. Il y a vraiment un problème de ressources. Les administratrices indépendantes sont quasiment toutes fully booked ». Les mandats aux CA furent longtemps trustés par des banquiers semi-retraités, des comptables et des avocats domiciliataires. L’initiative rappelle que l’activité d’administrateur, est en passe de se muter en boulot à plein temps, en carrière professionnelle. Le mot d’ordre de la « bonne gouvernance » combiné à la recherche désespérée de substance économique l’auront rendu possible. » ID Linked s’ajoute à un petit écosystème. The director’s office regroupe seize administrateurs (et une administratrice), pour la plupart des anciens des Big Four et des banques. La CSSF joue le rôle de gate-keeper pour les futurs administrateurs de fonds et de banques qui doivent montrer patte blanche, déposer leur casier judiciaire et un CV détaillant leurs qualifications. L’autorité de surveillance a également freiné le cumul des mandats. Pour les fonds supervisés, un administrateur est en principe tenu de ne pas cumuler plus de vingt mandats. (Photo : Patrick Galbats) bt

Congé collectif

Ce vendredi, commence le congé collectif dans le secteur du bâtiment. (Les chauffagistes, installateurs sanitaires devront attendre lundi.) Il durera jusqu’au lundi, 23 août. 148 dérogations ont été accordées, surtout pour la construction d’écoles et les travaux pour les CFL ou les Ponts et Chaussées. Le nombre de dérogations (qui doivent être approuvées par un comité ad hoc réunissant organisations syndicales, fédérations patronales et l’ITM) se situerait « dans la moyenne », estime le secrétaire syndical de l’OGBL, Jean-Luc De Matteis. Qui rappelle que les ouvriers qui ne partent pas en vacances cet août seraient tous des volontaires. (photo: Patrick Galbats). bt

Bernard Thomas
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