Lopez, la balle au bond à Bordeaux
« Gérard Lopez à l’affut pour une reprise du club », titre en Une lundi le quotidien régional Sud-Ouest dans son feuilleton sur le rachat des Girondins de Bordeaux (photo : bt). Le club de foot de la préfecture girondine est placé en redressement judiciaire depuis que son actionnaire, le groupe financier américain King Street, a décidé de ne plus éponger les pertes ni d’honorer les dettes. Sud-Ouest apporte des nuances aux informations parues dans le quotidien sportif L’Equipe vendredi soir, lequel attestait que Gerard Lopez avait formulé une offre indicative qui avait été retenue par le groupe financier Rothschild & Co, qui accompagne le club dans sa cession. Le Luxembourgeois, 49 ans, interviendrait en son nom propre avec le soutien d’un fonds prêteur, comme il l’avait fait à Lille de janvier 2017 à décembre 2020, date de son éviction par le groupe Elliott qui lui avait prêté les sous.
« L’ex-patron de l’écurie de Formule 1 Lotus (2009-2015) aurait été sollicité directement par Rothschild il y a environ deux semaines. Pour l’heure, il n’a donc pas encore franchi le pas de formuler une offre, mais ce n’est peut-être qu’une question d’heures ou de jours », écrit le journaliste de Sud-Ouest avec beaucoup de prudence. Le quotidien revient sur le modèle novateur insufflé dans le club nordique par le Luxembourgeois : se débarrasser des gros salaires, acheter des joueurs jeunes et pas chers, mais à fort potentiel pour les revendre avec une plus-value afin de compenser le déficit structurel du club. Sur le terrain, le travail accompli, en association avec le directeur sportif Luis Campos (dont Gerard Lopez s’était attaché les services) a mené le Losc à la deuxième place du championnat en 2020. Lille a fini la saison 2021 en première position. Mais le président parti en cours de route n’a pas manqué de revendiquer dans L’Equipe ou chez Paperjam une certaine part de responsabilité. « Ce titre est une revanche » avait titré » le quotidien sportif. L’Equipe informe en outre ce week-end du gel des commissions décidé par la nouvelle direction du club de Lille. Celle-ci s’inquiète de la régularité des versements promis par le club époque Lopez dans le cadre de transferts. « Le cabinet Moyersoen (…) épluche les documents signés par l’ancienne direction, négociés par l’ex-propriétaire Gérard Lopez, son ex-conseiller sportif Luis Campos et l’ex-DG Marc Ingla, qui traitait au final les contrats, et vérifie s’ils rentrent dans le cadre légal », écrit le journaliste. Sud-Ouest souligne en outre que des salariés de la société de Gerard Lopez chargée de dénicher les pépites du foot (Scoutly) affirment ne pas avoir été payés depuis six mois, date de la résiliation du contrat avec le Losc. Contacté par l’intermédiaire de son porte-parole à Luxembourg, Gerard Lopez n’a pas souhaité éclairer les multiples zones d’ombre qui planent sur le dossier. pso
Gare à la boîte de Pandore
L’accession le 20 mai dernier au statut d’avocat à la Cour de la fille du vice-bâtonnier (et donc normalement futur bâtonnier) Pit Reckinger a fait jaser au sein de la prestigieuse étude Elvinger Hoss Prussen (EHP) dont il est associé. L’accession à la liste I, la plus convoitée (qui permet de se constituer avocat en son nom propre), alors que l’impétrante n’a pas accompli les trois ans de stage traditionnellement attendus et qu’elle n’appartient pas (encore ?) à un barreau étranger, a contrarié des prétendants au statut d’avocat à la Cour, qu’ils soient sur la
liste II (stagiaires) ou IV (exerçants sous leur barreau d’origine)… et notamment ceux qui s’étaient vus refuser une promotion car encore sur les listes de second rang. Ils ignoraient sans doute la « voie d’Arlon », un chemin de traverse emprunté par la progéniture Reckinger qui permet depuis 2008, d’éviter le stage et/ou l’épreuve d’aptitude. Raison pour laquelle la direction des ressources humaines du cabinet de la place Churchill s’est fendue d’un email aux collaborateurs des membres de la liste IV ou aspirants. La procédure du Areler Wee « permet à tous les avocats ressortissants d’un pays membre de l’UE et admis auprès d’un barreau ou (mot graissé et surligné, ndlr) étant éligibles à intégrer un barreau européen (même en l’absence d’assermentation), de demander l’inscription sur Liste I », est-il écrit dans le courriel comprenant ensuite le détail de la procédure comprenant notamment un template de courrier où figure déjà « le barreau de Paris, France (adapter si autre barreau européen) ».
Contactée, la bâtonnière Valérie Dupong se montre peu inquiète pour le cas d’espèce qui a suscité la polémique. Un avocat confie au Land que c’est « tout à l’honneur de Mademoiselle Reckinger que de passer par le barreau parisien » dont l’accès est réputé difficile. La cheffe du barreau se soucie davantage des suites que pourrait engendrer un recours généralisé à cette procédure passant par le ministère de la Justice (et non le conseil de l’ordre). Avant la loi de 2008 transposant la directive européenne, un examen d’aptitude pour accéder à la liste I dissuadait les avocats issus de barreaux étrangers (ils s’inscrivaient alors sur la liste IV). « Il s’agissait d’une voie d’accès à la profession très peu utilisée, une à deux fois par an durant mon mandat de bâtonnier (2016-2018, ndlr) », explique François Prum, rencontré en marge d’une autre affaire. « Les candidats étaient généralement des professionnels du droit, avocats de l’UE ou professeurs de droit, qui justifiaient d’une certaine expérience », détaille-t-il. Depuis 2008, une commission ad hoc statue sur la reconnaissance des qualifications professionnelles. Elle se compose d’un magistrat du siège (Lotty Prussen), d’un magistrat des parquets (Monique Schmitz), d’un avocat inscrit à la liste I (Robert Loos), d’un notaire (Jean-Joseph Wagner) et d’un fonctionnaire supérieur de l’administration gouvernementale (Tom Hansen). La commission délivre « un avis que le ministre prend en considération ou pas », informe le ministère rue Érasme. 24 demandes ont été traitées en 2020 (on parle notamment de procédures facilitées pour les avocats britanniques affectés par le Brexit). Dix l’ont été à date pour 2021.
« Le barreau n’a aucun pouvoir de s’opposer à cette décision, sauf à contrôler l’honorabilité de l’avocat avant son assermentation. Un refus de la reconnaissance peut seulement être décidé par le ministre s’il y a des différences substantielles » entre la formation professionnelle acquise ailleurs dans l’UE et celle exigée au Luxembourg, explique la bâtonnière. La polémique a provoqué une discussion au conseil de l’ordre. L’instance s’inquiète du maintien de la qualité du barreau dont l’accessibilité a été récemment élargie avec des facilités accordées en termes de langues. Il n’est plus nécessaire de maîtriser les trois langues officielles du pays (a minima le français). Le barreau souhaiterait objectiviser la dimension « substantielle » et compléter si besoin par un examen d’aptitude tel que la loi de 1991 sur la reconnaissance des équivalences le prévoyait. « La ministre de la Justice est ouverte à discuter avec le barreau de l’introduction d’éventuelles restrictions, si tel est leur souhait, tant que ces restrictions sont en accord avec la directive européenne (de 2005 qui a été transposée en 2008, ndlr.) qui règle l’accès à la profession des États membres de l’Union européenne », informe sa porte-parole. pso
Les victimes de Luxalpha attendront
Le tribunal commercial a rendu le 4 juin deux jugements dans les affaires des deux fonds « madoffés », Luxalpha et Luxembourg Investment Fund. En 2009, les liquidateurs, Alain Rukavina et Paul Laplume, avaient saisi la justice civile contre une palanquée de personnages et institutions impliquées dont la banque dépositaire UBS, le commissaire aux comptes Ernst & Young, la société Access Management et ses administrateurs ou encore la CSSF, lesquels n’avaient pas dûment fait la lumière sur le fait que les centaines de millions d’euros placés par les investisseurs (1,4 milliard de dollars d’actifs pour le seul Luxalpha fin 2008) filaient droit vers New York et la société de Bernard Madoff, plus tard condamné à 150 ans d’incarcération pour avoir monté un système de Ponzi sans égal. Vu les inculpations opérées en début d’année sur le plan pénal (Land, 21.05.2021), les liquidateurs avaient bon espoir d’avancer sur le volet de la responsabilité des opérateurs et de récupérer à terme de l’argent à distribuer aux investisseurs. Les juges du tribunal d’arrondissement ont douché cet espoir. Ils sursoient à statuer dans l’attente de l’instruction pendante au pénal. On risque néanmoins d’attendre que l’instance soit définitivement épuisée pour avancer sur le plan civil… et donc encore de nombreuses années. pso
Den Ennemi
Le 22 juin, l’Administration de l’enregistrement à Esch-sur-Alzette organisera une vente publique de « matériel de surplus » appartenant à l’Agence de soutien et d’acquisition de l’Otan. 124 armoires métalliques, 120 000 litres de gazole à chauffer, cinq bicyclettes, 116 PC, des imprimantes et laptops, fauteuils et tables. Sans oublier « dix cendriers en inox ». Dans l’annonce officielle, on apprend que « les acquéreurs de matériel d’origine américaine seront tenus de signer une déclaration par laquelle ils s’engageront à ne pas exporter ce matériel vers des pays non-membres de l’Otan ». Surtout ne rien céder à l’ennemi. bt
Cepal
Laurent Schüssler est le nouveau directeur de la Centrale paysanne luxembourgeoise et non de la Cepal, comme nous l’écrivions dans l’avant-dernière édition (d’Land du 28 juin). Cet acronyme renvoie à la société de gestion du patrimoine de la Centrale paysanne luxembourgeoise qui est, elle, dirigée par Claude Pundel. bt
Jean chez les Habsbourg
Dans la critique du livre d’André Linden sur le gouvernement (d’Land du 4 juin) , nous écrivions que Victor Bodson se serait plaint du fait que « le prince Félix frayerait trop avec les Habsbourg ». En réalité il ne s’agissait pas de Félix de Bourbon-Parme, mais de son fils, le prince Jean. On en apprend plus dans le deuxième volume de Le gouvernement luxembourgeois en exil de Georges Heisbourg : « À son avis [celui de Bodson], le prince Jean, qui fréquentait l’université Laval à Québec, se trouvait trop entraîné dans l’orbite des Habsbourg qui résidaient dans cette ville et autour desquels la presse canadienne et américaine faisait trop de bruit, à son goût ». bt
Dieu est-il Luxembourgeois ?
C’est ce que se demandait Norbert von Kunitzki dans les années 1980. Au vu des prévisions présentées cette semaine par le Statec on pourrait presqu’y croire. D’un point de vue strictement économique et budgétaire, le Luxembourg semble être sorti quasi-indemne de la pandémie. Les scénarios alarmistes présentés au printemps dernier par ne se sont pas réalisés. Le repli du PIB n’aura été que de 0,7 pour cent en 2020. Seules la Lituanie et l’Irlande auront fait mieux. (Tandis que la Grèce, l’Italie et l’Espagne ont connu des récessions autrement plus brutales, approchant les dix pour cent.) Les recettes budgétaires ont, elles aussi, tenu bon : -1 pour cent. Alors que les dépenses ont augmenté de quatorze pour cent, le déficit se situait à 4,1 pour cent en 2020, « certes historique, mais qui s’avère être le moins élevé de toute la zone euro ». Pour 2021, le Statec s’attend à une croissance de six pour cent du PIB et de sept pour cent des recettes publiques. Le solde se rapprocherait de l’équilibre dès cette année et deviendrait (très) légèrement excédentaire l’année prochaine. Or, il y a une ombre au tableau : « la branche sinistrée » de l’horeca dont l’activité a chuté de trente pour cent en 2020 et où l’emploi a reculé de 8,3 pour cent. bt
Discussions houleuses
Avant même de commencer, elles avaient coûté la représentativité sectorielle à l’Aleba. C’est dans une atmosphère très tendue, par moments carrément houleuse, que les négociations autour de la convention collective de travail (CCT) ont été menées dans les secteurs des banques et des assurances. Après sept mois, elles devaient déboucher ce jeudi sur la signature officielle de l’accord. Celui-ci prévoit une augmentation linéaire de 0,7 pour cent en 2022 et de 0,5 pour cent en 2023. (S’y ajoutent des augmentations « discrétionnaires » de 0,3 et de 0,5 pour cent.) Véronique Eischen (OGBL) et Roberto Mendolia (Aleba, photo : sb) tentent tous les deux d’assurer le service après-vente de la CCT en en réclamant l’exclusivité. Eischen affirme qu’après une résistance opiniâtre aux débuts, l’ABBL et l’Aca auraient finalement compris « nous sommes désormais incontournables ». Elle parle d’« une réussite, vraiment une réussite » : « Je ne peux que nous féliciter, nous avons tenus les promesses que nous avions faites aux élections sociales ». Elle dit avoir imposé l’augmentation linéaire contre l’avis de l’Aleba, qui n’y aurait « pas cru ». (Pour la secrétaire centrale ce sera la dernière CCT, elle partira à la retraite au cours des trois prochaines années.) Autre son de cloche de la part de l’Aleba, dont le président, Roberto Mendolia, affirme que le point d’achoppement principal était la redistribution entre augmentations linéaires, dont profitent à tous les salariés, et les augmentations « discrétionnaires », selon le « mérite ». Une question qui divise les syndicats depuis 2007, l’OGBL et le LCGB jugeant ces-dernières comme trop subjectives, dépendant du seul bon vouloir des DRH. En fin de course, estime Mendolia, la CCT serait très proche de l’accord de principe que son syndicat avait unilatéralement conclu avec l’ABBL en novembre dernier. Il confirme par ailleurs qu’une partie des réunions se sont déroulées « en bilatéral » entre les deux syndicats nationaux et les organisations patronales, l’Aleba intervenant « en off ». bt