Festival Out of the crowd

La passe des dix

d'Lëtzebuerger Land vom 19.04.2013

Demain, samedi 20 avril, se déroulera à la Kulturfabrik la dixième édition du festival Out of the crowd (OOTC). Parmi les quelques nouveautés présentes cette année, soulignons la collaboration entre le collectif Schalltot, initiateur et tête pensante du festival, et l’Exit07. Celle-ci permet également le retour de deux scènes qui déverseront en alternance leurs quotas de décibels. Mise au point avec deux membres de Schalltot, Max Nilles (MN) et Claudio Pianini (CP).

d’Lëtzebuerger Land : Ce dixième OOTC, qu’est-ce que cela vous évoque ?

Max Nilles : 5x2, voire 5+5.

Claudio Pianini : Le sentiment d’avoir bien travaillé toutes ces années, d’être toujours vivant. Mais aussi qu’il y a encore de la place pour ce genre d’évènement. Un autre aspect que je retiens est le nombre énorme de rencontres que nous avons faites tout au long de ces éditions. Celles-ci nous ont permis de créer des réseaux particulièrement solides, atout très utile pour nos concerts. De plus, la Kufa nous a toujours soutenus. Sans oublier le public qui n’a cessé d’être été fidèle et curieux.

MN : Au fil des années, nous nous sommes aguerris en tant qu’organisateurs. De même pour les aides extérieures qui se sont multipliées pour le festival. Mais c’est surtout l’aventure humaine que nous vivons encore avec les groupes que nous programmons qui nous marque beaucoup. Leur influence tant musicale qu’humaine reste primordiale. C’est aussi lié à la scène.

CP : En effet, l’échange humain prime. Il y a rarement des prises de tête avec ces groupes, qui sont conscients qu’une entente sympathique et cordiale ne peut que contribuer à la réussite de leur concert et donc évitent de faire leur diva. C’est des passionnés et entre passionnés, nous nous serrons les coudes. D’ailleurs, les retrouvailles avec ces personnes sont également des moments très forts.

Au fil des éditions, quelles sont les évolutions que vous avez pu constater ?

CP : Il faut savoir que la première édition en 2004 était un concert de charité. L’accueil plus que positif ainsi que le soutien inconditionnel de la Kufa nous a motivé à remettre le couvert contre vents et marées. Nous nous sommes aussi rendus compte qu’il manquait ce genre d’évènement au Luxembourg. Puis le concept s’est élargi, car nous avons rapidement envisagé de dépasser le stade étriqué du festival de musique en proposant des stands végétariens, des expositions, des tatoueurs, des distros, etc…

MN : Musicalement, l’affiche est devenue au fil du temps de plus en plus éclectique. Les premières éditions lorgnaient franchement vers l’underground. Pour résumer, nous avons réussi à faire le grand écart entre hardcore et electro, tout en continuant à proposer des découvertes.

Qu’en est-il au sein de Schalltot ?

CP : Il y a eu une inéluctable évolution. Il y a eu des départs. Nous avions coutume d’organiser un nombre plus conséquent de concerts tout au long de l’année dans des cafés-concerts plus ou moins partenaires comme le Marignan à Athus, le 911 à Belvaux et plus récemment, le d:qliq et le Rocas. Cependant l’âge aidant, le temps disponible se fait plus rare, nos activités musicales respectives concentrent plus d’attention. Pzey (Ndla : Nicolas Pzeor) parvient encore à maintenir un tant soit peu ce cap, mais c’est beaucoup moins soutenu qu’auparavant. C’est un peu le cours de la vie. Mais nous n’avons jamais cessé de poursuivre ce côté passerelle entre les genres.

MN : Au sein de Schalltot, nous avons toujours privilégié une « communication de l’ombre » et ce afin d’éviter, encore de nos jours, l’amalgame entre le collectif et nos groupes respectifs. D’ailleurs, plus ou moins sciemment, nous ne disposons pas de véritable page Internet, si ce n’est sur Facebook.

Quelles furent vos modèles en créant cette structure ?

CP : Dischord (Label de Fugazi, basé à Washington DC, ndlr.), qui se voulait aussi le reflet sans fards d’une scène locale.

MN : Mais aussi, des labels comme Warp et Ninja Tune, durant les années 1990. Des structures où les formations avaient un certain esprit de famille tout en proposant quelque chose de frais. Il y a eu aussi le Rhâââ Lovely Festival en Belgique.

Vous venez de citer trois labels emblématiques. N’avez-vous jamais envisagé de fonder un tout en suivant les principes du DIY ?

CP : Évidemment, à une époque, la discussion revenait souvent, mais cela aurait été trop lourd à gérer.

Et actuellement, dans quelles structures vous reconnaissez-vous ?

MN : Des festivals comme le Dunk festival, qui disposera d’un stand à l’OOTC, ou le Glimps Festival, mais aussi des salles telles les Trinitaires de Metz. Au niveau des collectifs, nous nous sentons fort proches de gens comme les liégeois d’Honest House ou les messins de Young Team.

À quoi ressemble le futur de Schalltot ?

MN : Il est assez incertain, car de plus en plus d’éléments restent en suspens. Comme Pi l’a dit, le temps nous manque pour garder le même rythme qu’auparavant, d’autant plus que nous avons également nos vies sociales et professionnelles à gérer. D’ailleurs, je profite de cet entretien pour passer un message : Nous serions plus qu’heureux d’accueillir un peu de sang frais dans notre structure, même des bénévoles de manière ponctuelle serait le bienvenu.

Pourquoi avez choisi de collaborer cette année avec l’Exit07 ?

CP : Il nous semble que c’est une des rares programmations au Luxembourg qui propose continuellement des musiques nouvelles. C’est toujours frais ! Sur ce point, en tout cas nous nous rejoignons, l’Exit et Schalltot.

MN : Il est vrai que Schalltot s’efforce de programmer des groupes surprenants, mais surtout qui tiennent la route en concert et qui dégagent une certaine crédibilité. Pas « d’arty-farty ». Un groupe comme Minus The Bear reflète bien cet esprit Schalltot, en concert en tout cas. C’est un groupe de live qui s’est construit au fil des années. En plus, ce groupe revêt un caractère spécial, qui nous permet de refermer une espèce de boucle. Nous les avons programmés il y a longtemps au 911, puis ils sont revenus quelques années plus tard à l’Atelier, et ils joueront comme tête d’affiche à l’OOTC.

Avez-vous déjà envisagé d’organiser le festival dans d’autres salles ?

MN : La Kufa nous correspond en termes de taille et de budget. Une salle plus grande nous ferait pénétrer dans une autre sphère avec beaucoup de nouvelles inconnues, ce serait encore moins agréable à gérer et forcément plus stressant.

CP : Ce lieu avec tout ce qu’il représente, c’est un lieu chargé d’histoire pour nous. La Kufa poursuit une certaine idée artistique, où le business à tout va n’est pas le seul élément qui vaille.

MN : Je me répète mais le facteur humain et sentimental est un moteur pour nous, cette confiance réciproque dans un monde où s’exerce presque partout ailleurs une mondialisation néolibérale.

À titre personnel, quels sont vos coups de cœur de cette édition ?

CP : Publicist, Fang Island, Mmoths, Minus The Bear et au niveau local Heartbeat Parade, Napoleon Gold, Monophona,.

MN : Paws, Monophona, Mmoths.

Pour plus détails sur l’affiche complète et l’exposition : www.ootcfestival.com.
David André
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