Sale temps pour les Républicains ! Au Grand-Duché du Luxembourg, le nouveau monarque a fait, jusqu’ici, un sans-faute, alors que dans la République Française le président Macron a fait cent fautes et usé presqu’autant de premiers ministres. À Paris, Ubu n’est pas roi, mais président, et à Luxembourg, lors du Trounwiessel, Guillaume a reçu avec pompes, fastes et (circon)stances Emmanuel, peut-être pour le remercier qu’en 1919 la République a sauvé son trône. Il est vrai que la France n’a jamais fait le deuil de son roi décapité, et aujourd’hui, plus que jamais, la devise très Ancien Régime tel est notre plaisir tient lieu de boussole politique. Une boussole qui a perdu le Nord, ou plutôt la gauche, et qui est aimantée par une multitude de droites dont les cheffaillons se regardent en chien de faïence pour ne pas faire la faute qui les empêcherait d’empêcher Marine ou Jordan de ramasser la mise avec les restes de ce qui était une fois la Grande Nation.
Les sujets du Grand-Duc fêtent Guillaume, les citoyens du président font la fête à Emmanuel. Force est de constater que Macron a autosaboté son deuxième quinquennat comme Henri a autosaboté son unique règne. Les mêmes causes ne produisant pas forcément les mêmes effets, ce qui s’est avéré être un bien pour la monarchie, continue à constituer un mal pour la France. Deux tiers des Luxembourgeois semblent plébisciter aujourd’hui le régime monarchique qui est au régime républicain, disent-ils, ce que le slow-food est au fast-food. Il faut bien avouer que la cuisine de Macron fait vomir les convives conviés bientôt, une fois de plus, aux urnes. Le maître des horloges est devenu le coach du chronomètre qui donne la nausée en enregistrant record après record : Gabriel Attal a tenu six mois, Michel Barnier trois mois, François Bayrou neuf mois et Sébastien Lecornu ... un jour.
Mais cette accélération du temps politique (encouragé par le rapetissement du septennat en quinquennat) contamine aussi le calendrier des souverains au Luxembourg : Charlotte a régné 45 ans, son fils Jean 36 ans, son petit-fils Henri 25 ans. L’abdication du monarque était rare, son corps étant censé incarner l’État. Jadis, le peuple attendait le décès du prince pour aller crier Le Roi est mort, vive le Roi ! Mais autres temps, autres mœurs. Tout-à-fait conforme au Zeitgeist, Henri répétait à qui voulait l’entendre qu’il était au service du pays. L’État donc comme prestataire de services avec à sa tête un serviteur comme Grand-Duc et un CEO comme Premier Ministre. Avec des citoyens ravalés au rang de simples usagers qui consomment de la démocratie. Et un monarque qui soigne, comme n’importe lequel de ses sujets, sa work-life-balance, et profite de sa retraite pour faire de la moto dans l’Himalaya et prendre les eaux à Biarritz. Pas sûr que, pour un autoproclamé ami et défenseur de la nature, ce soit la meilleure façon de soigner son empreinte carbonique.