Very professional designer

d'Lëtzebuerger Land vom 24.03.2023

Pâques approche. Parmi les cadeaux potentiels exposés, au Luxembourg House, on pourra lire des petits cartons indiquant le nom d’une créatrice : Lea Schroeder. La maison spécialisée en produits, objets et accessoires fabriqués au Luxembourg, a déjà été séduite par l’identité visuelle du calendrier de l’Avent que la designer avait créé : Du classique avec sapin, boules, flocons de neige mais aux couleurs luxembourgeoises. Actuellement, on y trouve les broches Talisman en céramique – animaux, petits totems… – rehaussées d’un fil d’or, les mini-mugs et leur boîte ornés d’une tulipe, d’un oiseau, d’une étoile, ou des foulards aux couleurs pastel. Mais lors de notre conversation, ce qui allait suivre pour Pâques restait encore secret… comme des œufs surprise.

Imaginer que la jeune trentenaire est en train de préparer un décor de printemps appliqué à la main sur des carrés de soie – ceux en vente actuellement oscillent entre univers floral, cosmos et figures ethniques stylisées – en attendant simplement que sa création pour Pâques finisse de cuire dans le four, au 1535° Creative Hub de Differdange, serait erroné. Si elle a accolé « studio » à son nom, c’est pour montrer l’étendue et la diversité de ses créations : du graphisme, de l’identité visuelle, des bijoux, des foulards, des objets décoratifs en céramique... Car Lea Schroeder n’est pas une artisane qui ferait les choses comme tout le monde.

À commencer par ses études en section scientifique au lycée, qui ne la destinaient pas à intégrer l’école Créapôle à Paris, dont l’enseignement trans-disciplinaire va de la création de produits au packaging et à la communication. Elle a rejoint ensuite la très sélect Creative Academy à Milan. Les noms des marques qui parrainent l’école donnent le vertige. Elle a fait partie des vingt heureux sélectionnés à bénéficier du cursus d’un an, où elle apprend à diversifier et décliner son univers sur des objets d’exception : sertir des pierres précieuses, graver le cadran en nacre d’une montre. C’est ce qu’elle fera pour Lancel, le maroquinier parisien haut de gamme où elle a travaillé pendant cinq ans, de 2013 à 2018 pour lequel elle dessine divers produits des collections textiles.

Au cours des douze années passées à Paris, Lea Schroeder est devenue experte en matière de foulards et les carrés de soie sont venus s’ajouter à son amour pour la céramique. Car oui, il y a bien un four artisanal dans l’histoire de Lea Schroeder : celui de sa mère qu’elle observait, adolescente. Le parcours de la jeune femme a effectivement, une fois revenue au Luxembourg, suivi la lignée maternelle. Elle participe en 2017 au Marché des créateurs au Mudam, tient un stand à l’Emaïschen. Elle monte un degré vers l’excellence, en participant en 2018 à De Mains de Maîtres, où elle est la chouchoute du public qui lui attribue son prix. En 2019, la voilà de nouveau à Paris, dans un lieu voué au haut de gamme et à l’avant-garde, au Grand Palais pour le Salon Révélations.

Puis vinrent les années Covid. Comment rester visible ? Lea Schroeder expose en ligne et le pop-up store du 1535° devient une boutique virtuelle (leaschroeder.studio). On est très loin de ce que certains imaginent encore aujourd’hui être la vie d’artiste ! Lea Schroeder s’inscrit dans un réseau international qui l’amène à créer une carte de vœux et des produits iconiques pour le ministère des Affaires étrangères et le réseau d’ambassades. Elle continue de décliner son savoir-faire de designer graphique dans des objets pour tous (les céramiques et les foulards) tout en répondant à des commandes spécifiques de concepts uniques. Dans son portfolio, on découvre par exemple un service à café et chocolat chaud destiné à la marque Genaveh, une collection de bijoux pour la marque indienne Giva, des imprimés textiles pour les hôtesses et hôtes de Jägermeister Luxembourg ou diverses identités visuelles.

Aucun doute, la séduction de la communication visuelle nous a fait aller à la recherche de qui est donc Lea Schroeder, ce nom sur le petit carton de la Luxembourg House. On reste emballée après notre contact avec la personne et son esprit entrepreneurial. Une voie assurément à suivre.

Marianne Brausch
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