Mardi matin, la journaliste de RTL Annick Goerens interroge Bernard Gottblieb. L’association que préside ce dernier, Rial (pour Recherche et informations sur l’antisémitisme au Luxembourg) a envoyé vendredi soir dernier un communiqué (cosigné par la Liberal Jewish Community of Luxembourg) faisant état d’une « agression physique de nature antisémite (…) premier incident violent depuis des décennies ». « Pouvez-vous nous en dire plus sur le contexte ? », demande la journaliste du service public. L’invité raconte cet « incident » qui s’est produit dans une école primaire. « Un enfant israélien de dix ans, juif comme 75 pour cent des Israéliens, a été jeté par terre par quatre écoliers, frappé, griffé et mordu si j’ai bien compris ce qui m’a été rapporté », déroule Bernard Gottlieb. Il aurait été agressé « sur base de sa nationalité ». Il lui aurait été dit : « You are an Israeli crybaby », explique Gottlieb. Le président du Rial parle de « Migratiounshannergrond ». Entretemps, des médias israéliens ont évoqué quatre agresseurs syriens et déjà pris acte de la nature antisémite de l’agression.
Dans le communiqué diffusé vendredi, les deux associations signataires font référence à la « brutalité de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza » et regrettent « toutes les victimes civiles de cette guerre comme celles des autres guerres qui déchirent le globe ». Mais l’importation du conflit viendrait « des manifestations quasi-quotidiennes sur la place publique » : « Prendre prétexte de tout événement, y compris culturel, pour poser des questions parlementaires ou faires des communiqués incendiaires (…) n’aidera pas la population de Gaza », croient savoir les auteurs du texte en question. Tout cela instaurerait un « climat anti-israélien haineux et violent qui touche directement les Israéliens vivant dans notre pays, et par-delà les personnes désignées comme sionistes, et par extension la grande majorité des juifs de notre pays, présumés sionistes ».
Dans le communiqué et face à RTL, Bernard Gottlieb vise le LSAP. Il aurait « sauté sur le wagon » sur lequel aurait déjà été embarqué déi Lénk. Qu’un « grand parti » importe le conflit du Proche-Orient créerait « un climat qui est dangereux pour les juifs » et encouragerait « les gens à sortir avec des messages violents ». Sont visés des propos ambigus tenus lors des manifestations comme « From the river to the sea : Palestine will be free » ou « Yallah Yallah Intifada ». Ces slogans auraient un « eliminatorisch-antisemitischen Hintergrund », selon la WerteInitiative allemande qui recense les expressions problématiques. Le LSAP n’a pas (encore) réagi à la sortie de Bernard
Gottlieb, renouant avec sa logique « d'ignorer cette personne, tant la nature de ses écrits suffit à le discréditer ».
Le ministère de l’Éducation se retrouve bien embêté par cet incident de cour de récréation (une dispute pour une balançoire) érigé en symptôme d’un antisémitisme croissant en Europe… mais qui n’a pas d’observatoire officiel au Luxembourg. Les services de Claude Meisch (DP, qui n’a pas officiellement réagi) constatent la nature « discriminatoire » des propos, « pris très au sérieux », mais ne parlent pas d’antisémitisme. Le Premier conseiller au ministère de l’Éducation, Lex Folscheid, a souligné mardi auprès de RTL qu’il s’agissait « d’enfants qui ne mesurent pas tout ce qu’ils disent » et qu’il faut « thématiser » le vivre-ensemble avec eux. La police a ouvert une enquête après la plainte de la mère de l’élève agressé. Selon le parquet ce jeudi, « la police est encore en train de procéder aux vérifications utiles » sur cet événement qui s’est (selon les informations du Land) produit avant le 30 septembre.