Chronique Internet

Qui prendra la place de Google Reader ?

d'Lëtzebuerger Land vom 29.03.2013

Lorsque le géant de la recherche a annoncé à la mi-mars qu’il allait mettre fin à son agrégateur de contenus au 1er juillet, la déception et le désarroi ont été perceptibles chez de nombreux internautes. Nombreux sont ceux qui recourent à ce système de syndication RSS pour suivre leurs sources de nouvelles favorites. Google Reader, comme d’autres outils RSS, permet en effet de simplifier grandement la lecture de news en tous genres, en évitant de devoir ouvrir les sites un à un et d’attendre le chargement de pages farcies de contenus « parasites ». Fort de son omniprésence, Google avait réussi à se tailler une belle part de ce marché, mais a dû considérer qu’au vu du nombre d’utilisateurs en déclin et des maigres perspectives de développement commercial, le jeu n’en valait plus la chandelle.

La déception de nombreux internautes a été d’autant plus forte que plusieurs agrégateurs populaires utilisent Google Reader comme moteur et se contentent de proposer une interface et des fonctionnalités additionnelles plus ou moins soignées : ceux-là seront en panne le 1er juillet et construire un tel outil, avec la robustesse requise pour servir un grand nombre d’utilisateurs, n’est pas donné au premier venu.

La colère de certains contre la décision unilatérale de Google, mise sur le compte d’un des périodiques « nettoyages de printemps » de la firme de Mountain View, était palpable sur les blogs et les commentaires des sites spécialisés. Certains ont voulu lancer un mouvement de protestation pour convaincre Google de maintenir, ou du moins prolonger quelque temps, son Reader ; d’autres ont cherché à établir quelle est aujourd’hui la meilleure alternative. Il s’est avéré que certains des agrégateurs alternatifs cités étaient en réalité tributaires de Google Reader : ils ne pourront se maintenir que s’ils construisent leur propre moteur.

C’est le cas de Feedly, qui lors d’un sondage en ligne sur le site Lifehacker a recueilli près de 65 pour cent des suffrages. Certains internautes français ont préconisé de recourir à Netvibes, une solution made in France qui sert aussi de tableau de bord ou de page d’accueil personnalisée. Mais sur Lifehacker, Netvibes n’a eu droit qu’à cinq pour cent des recommandations, les autres étant The Old Reader, Newsblur (dont

le serveur a semble-t-il ployé sous l’assaut des internautes qui tentaient de migrer leur fil après l’annonce de la prochaine disparition de Google Reader) et Pulse. Dans l’ensemble, aucune solution satisfaisante ne semble cependant encore avoir émergé, et nombreux restent ceux qui se demandent comment ils vont à l’avenir alimenter leur « fil » de news.

C’est dans ce contexte que le réseau social Digg a annoncé cette semaine vouloir lancer sous peu son propre service de syndication. L’idée de Digg est de fédérer non seulement des sites web, mais aussi des réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, Tumblr, reddit et LinkedIn. Il s’agit d’un enjeu non négligeable, ce « fil » faisant partie des usages les plus fréquents et les plus appréciés par les utilisateurs avertis du Web et des réseaux sociaux.

Compte tenu de la diversité des sources qu’un tel agrégateur doit loger sous un même toit et des volumes de données que des serveurs dédiés à un tel service doivent pouvoir gérer, le défi technique est considérable. Digg, un réseau populaire mais qui reste doté d’une petite équipe, est-il en mesure de fournir les solutions requises ? Sur son blog, le réseau a expliqué vouloir proposer un outil simple, ultra-rapide, permettant la synchronisation entre différents terminaux et une importation simple depuis Google Reader. Pour y parvenir, Digg fait appel aux bonnes volontés du Net – mais il se garde d’annoncer une date de livraison.

Jean Lasar
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