Reliure, voitures et procédures
Le Wort annonce cette semaine à ses lecteurs son déménagement. La réception quitte Gasperich pour s’installer de l’autre côté du périphérique, à Howald. Son nouvel écrin (photo : sb) a été bâti sur les ruines d’un ancien atelier de reliure transformé après coup en garage pour voitures de collection. En 2016-2017, l’archevêché (le groupe Saint-Paul lui appartenait encore) avait cessé le bail du locataire Art & Revs, société qui gérait le parc automobile de Gerard Lopez. L’entrepreneur hispano-luxembourgeois poursuivait alors le Wort en diffamation dans trois juridictions (Suisse, France et Luxembourg) pour la publication d’un article. La maison d’édition a eu gain de cause et l’entrepreneur a été condamné pour procédure abusive à Paris et les poursuites ont été abandonnées. Les travaux du siège d’Howald ont entre-temps avancé et la rédaction s’installera dans les semaines et mois à venir dans une toute nouvelle newsroom sans bureau nominatif. L’imprimerie reste elle pour une durée indéterminée à Gasperich. Le groupe Saint-Paul a été racheté en 2020 par l’éditeur belge Mediahuis. Le bâtiment a été vendu en avril 2021 par le gestionnaire de l’immobilier de l’Église, Lafayette, au fonds d’investissement allemand Catella Real Estate AG. pso
Un géant bancaire lâche sa licence
J.P. Morgan est devenue la plus grosse banque du Luxembourg en termes de volume d’actifs, révèle le Wort dans son traditionnel Classement des banques publié en fin de semaine passée. Le quotidien de Howald (voir plus haut) ne s’en émeut pas, mais la discrète banque américaine sise au Senningerberg dépasse BCEE, BGL, Société générale et BIL en taille de bilan. 67 milliards d’euros selon le Wort, 82 milliards de dollars selon le rapport annuel 2020 publié au registre de commerce. La filiale luxembourgeoise de la banque fondée à New York en 1872 par John Pierpont Morgan (photo prise par Edward Steichen en 1903, licence CC) a consolidé plusieurs activités européennes entre 2017 et 2019. Mais il s’agit, selon nos informations, essentiellement d’actifs enregistrés dans les onze succursales de l’entité luxembourgeoise (dont Amsterdam, Dublin, Londres, Milan, Bruxelles ou encore Francfort). La banque luxembourgeoise réalise notamment les services aux investisseurs institutionnels et de paiement (gestion de liquidité). Mais J.P. Morgan a aussi placé sa gestion de fortune au Luxembourg après le Brexit. Toutes les activités de banque privée européenne (excepté là Suisse) logent maintenant dans la banque luxembourgeoise suite à une fusion avec la banque anglaise. En 2019, ses avoirs ont augmenté de 32 milliards de dollars (d’Land, 18.12.2020). De 26,5 milliards de dollars en 2020. La banque emploie du coup officiellement plus de 1 700 personnes, dont 463 au Luxembourg (fin 2020) et 1 036 à Londres (où les effectifs augmentent).
J.P. Morgan, implantée localement depuis 1973, est une banque majeure. Elle reste pourtant dans l’ombre et n’opère quasiment aucun engagement public, alors qu’elle se développe massivement. Aucun Luxembourgeois ne siège en outre à son conseil d’administration. De quoi sera néanmoins fait son avenir luxembourgeois ? Dans son management report annexé aux comptes 2020, le directeur financier de J.P. Morgan sème le doute. David Fellowes-Freeman écrit que toutes les activités européennes continueront d’être consolidées dans une même banque pan-européenne et poursuit : « The Bank (J.P. Morgan Bank Luxembourg, ndlr) is anticipated to merge into this European bank in 2022 and the business of the Bank will continue under a newly established and authorized Luxembourg branch (succursale, ndlr) of this European bank ». Faut-il s’attendre à l’abandon de la licence bancaire luxembourgeoise comme Pictet l’entreprend (banque originaire d’un pays tiers à l’UE comme J.P. Morgan) avec un départ pour Francfort ? J.P. Morgan dispose aujourd’hui et deux licences européennes, l’une à Francfort et l’autre à Luxembourg, deux juridictions où la banque est directement supervisée par la Banque centrale européenne (du fait de son volume d’actifs). La rationalisation pose la question de l’abandon d’une des deux. La direction a tranché. Contactée par le Land, la banque confirme qu’elle gardera uniquement sa licence bancaire allemande. pso
Wait, promotion communication
Le promoteur immobilier Flavio Becca se lance dans la communication et finance une agence spécialisée, annonce le site d’informations comm’ Adada. À la baguette : Mathieu Mathelin, un ancien de Maison moderne, groupe de communication et médias qui édite entre autres Paperjam. Au registre de commerce, il est associé au conseil d’administration à Davide Cottam (famille Becca) pour piloter des campagnes de communication, créer des sites web et organiser des événements. Parmi les clients, des sociétés dans lesquelles Flavio Becca a des intérêts, Cobolux (boucherie), Golf de Preisch, Vinissimo ou encore Omega. Le grand patron aime les montres et a financé l’ouverture d’une boutique de la marque rue Philippe II avec un investisseur saoudien actif en Suisse dans les tocantes haut de gamme (Les Ambassadeurs). pso
Brique dans le ventre
« Etienne Schneider ajoute LuxTP à son portefeuille ». Cet (excellent) jeu de mots est signé wort.fr à l’annonce mardi par le groupe de bâtiment et travaux publics de la nomination de son nouveau président, l’ancien ministre de l’Économie socialiste. LuxTP est une filiale de Besix Immo, un promoteur belge au board duquel Etienne Schneider siège aussi. Parmi ses mandats figurent ArcelorMittal (dont il était le ministre de tutelle) et Sistema, groupe financier du consul honoraire du Luxembourg en Russie (pré-carré des socialistes) Vladimir Evtushenkov. pso
Comme Monaco ou la Suisse
Le Luxembourg compte 42 800 millionnaires sur 635 000 habitants. Une personne sur quinze est en mesure d’investir un million de dollars (sans liquider sa résidence principale ou vendre ses tableaux) selon le World Wealth Report publié mercredi par Capgemini. Interrogé sur l’existence d’éventuelles juridictions connaissant de telles proportion de personnes fortunées, le responsable de l’étude répond : « Monaco ou la Suisse ». La fortune des HNWIs luxembourgeois a cru de 8,3 pour cent sur un an, passant de 117 à 127 milliards de dollars. La moyenne mondiale s’établit à 7,6 pour cent. Selon les diagrammes des investissements des personnes fortunées par classe d’actifs présentés lors de la conférence de presse organisée au Sofitel Grand-Ducal, les riches résidents du Luxembourg sont exposés à 22 pour cent à l’immobilier, contre 17,5 pour cent chez les riches belges. Puisqu’en matière d’étude le diable est dans la méthodologie, précisons que le World Wealth Report est préparé sur base d’entretiens et sondages réalisés auprès de 2 900 personnes fortunées, avec une centaine de cadres de la gestion de fortune ainsi que via un sondage qui a suscité 350 réponses d’autres professionnels. On retrouve notamment des participants chez BGL, Banque de Luxembourg, Pictet ou Delen, des établissements présents au Grand-Duché. pso
L’oncle Sam à la recherche de Frank
Les États-Unis avaient jusqu’au 28 juin pour procéder à la demande d’extradition de l’ancien numéro deux du Srel reconverti dans le renseignement privé, Frank Schneider (photo : sb). Elle a bien été reçue par la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Nancy et notifiée à son avocat parisien. Le Luxembourgeois, 51 ans, a été arrêté le 29 avril à Joudreville où il réside à l’occasion quand il n’est pas à Dubaï ou au Grand-Duché. Frank Schneider a été cité dans le procès de responsables de OneCoin, nom d’une crypto monnaie soupçonnée d’avoir servi à détourner et blanchir des capitaux. L’ancien espion dort à la prison de Nancy depuis plus de deux mois. pso
Farvel Danske Bank
International Union bancaire privée (UBP) rachète les activités internationales de banque privée de Danske Bank à Luxembourg, ont annoncé ce jeudi les deux établissements. La filiale luxembourgeoise de la banque danoise Danske Bank International s’éteindra ainsi. Les 70 employés seraient repris par UBP à Luxembourg selon les communications diffusées hier. Une soixantaine, selon les informations du Land. La transaction génère une plus-value de 250 millions de couronnes danoises (37 millions d’euros). UBP récupère 1 000 clients et amortit ainsi son investissement dans le recrutement du desk scandinave de la BIL, qu’elle a siphonné l’an dernier. La Scandinavie et ses ressortissants, au fort pouvoir d’achat (d’investissement), sont prisés des banques privées luxembourgeoises. pso