Georges Mischo est un exécutant fidèle de l’agenda friedenien. Mais il s’avère tellement maladroit... Déjà en août, le ministre du Travail (CSV) avait fait une sortie improvisée contre le congé collectif dans la construction, provoquant l’incompréhension patronale et syndicale. Il vient de faire mieux, créant deux coups d’éclat en quatre jours chrono, réussissant au passage de cimenter le front entre l’OGBL et le LCGB (pourtant un allié potentiel). Vendredi, le conseil de gouvernement a adopté le projet de loi portant la durée de travail dominicale de quatre à huit heures. Une flexibilisation qui offrirait aux salariés « l’opportunité » d’une meilleure « work-life balance », lit-on dans le communiqué ministériel.
L’annonce était attendue (elle figure telle quelle dans le programme gouvernemental), mais son timing a forcément été interprété comme une autre provocation. Trois jours plus tôt, les syndicats avaient claqué la porte du Comité permanent du Travail et de l’Emploi (CPTE). Mischo venait d’y mettre en question le monopole des syndicats représentatifs pour la signature des conventions collectives (une prérogative qui remonte à 1936). Le ministre veut exaucer un ancien vœu patronal, et ouvrir les conventions collectives aux « 56 pour cent des délégués [qui] sont neutres ». L’objectif est d’atteindre un taux de couverture de 80 pour cent. À cette aune, l’idée ministérielle pourrait se révéler contre-productive. Car si un employeur pourra signer avec sa délégation-maison (a priori plus docile), il sera peu intéressé à passer par une convention sectorielle impliquant les syndicats (a priori plus mordants).
Georges Mischo a adopté une ligne de défense oscillant entre victimisation (« Ich fühle mich zu Unrecht in die Ecke gedrängt » ; Tageblatt), pédanterie (ne dites pas : « projet de loi » ; dites « plan d’action ») et entêtement (« Dir mengt, ech géif d’Kamellen hin an hir verdeelen? », Radio 100,7). Convoqué ce mercredi par la commission parlementaire, Mischo assurait vouloir réunir le CPTE au plus tôt. Il aurait envoyé une lettre aux syndicats les invitant à retourner à la table des négociations. (En 2019, c’était le patronat qui avait claqué la porte du CPTE, jugeant que les dés étaient pipés par les socialistes : « Mir sinn do 40 Joer laang gebiicht ginn », tonitruait alors le président de l’UEL, Nicolas Buck.)
Alors qu’il vient de lancer sa « consultation » sur une réforme-surprise des retraites, le gouvernement n’a pas trop intérêt à irriter les syndicats. Le Woxx fait un court récit de la réunion, « calme mais froide », à laquelle Martine Deprez avait convié les syndicats le 9 octobre. Selon « un participant », la ministre de la Santé aurait demandé à l’OGBL et au LCGB « de ne plus s’exprimer sur le sujet des pensions dans les mois à venir ». Une proposition qui a stupéfait les leaders syndicaux. À l’issue de l’entrevue, Nora Back et Patrick Dury auraient refusé de poser avec la ministre pour une photo.