Un Breton dans les vignes

d'Lëtzebuerger Land vom 25.01.2019

Pendant douze ans, sa passion aura déteint sur le cahier local du journal Le Quotidien, enrichi par ses soins d’une rubrique hebdomadaire baptisée « Vignes et vignerons ». Fort de ces quelques 300 pages rédigées à lui tout seul durant 624 semaines – oui, on a fait le calcul – le journaliste Erwan
Nonet s’est dit qu’il était temps de mettre à profit son réseau et ses connaissances pour enfin se lancer.

Le 24 novembre 2018, le premier numéro de Vinorama.lu est lancé au salon Expogast. Trimestriel et gratuit, ce magazine papier de 35 pages, également décliné en version online, n’a qu’une ambition : faire découvrir au grand public le vignoble luxembourgeois, « riche de ses terroirs, de ses cépages, mais surtout de ses vignerons », comme l’explique son fondateur lui-même, au sein de son premier édito.

Belle aubaine en effet que ce magazine spécialisé pour les vignerons mosellans qui trouvent enfin en Erwan Nonet, Français d’origine bretonne, une soif d’apprendre et un intérêt sincère pour leur savoir-faire. Car avouons-le, il était temps que quelqu’un s’intéresse de plus près à ces 1 250 hectares de vignoble luxembourgeois, certes concentrés mais fort d’une diversité souvent insoupçonnée. « C’est dix fois moins que l’Alsace niveau surface, mais nous avons de multiples terroirs, calcaire coquillier au Nord, marnes du Keuper au Sud, de nombreux cépages comme le riesling, les pinot gris, blanc et noir, l’auxerrois, le rivaner, le chardonnay, le gewürztraminer ou encore le Saint-Laurent. Ce qui donne des vins tranquilles, des vins de paille, des vins de glace et bien sûr des crémants », énumère-t-il. Tout cela sans oublier les vignerons et la cinquantaine de domaines qui longent la Moselle et qui ont tous leurs particularités et leurs histoires.

Bref, il y en a des choses à raconter, et Erwan ne vient là que de lancer son premier coup d’envoi. Avec son sourire avenant, cet ancien archéologue reconverti en journaliste est de ceux avec qui l’on partagerait volontiers un ou plusieurs verres, histoire de l’écouter parler, yeux pétillants et engouement contagieux, de cette passion qui l’anime au quotidien. Installé avec sa compagne et sa fille sur les rives de la Moselle, c’est du côté de Stadtbredimus qu’il a également tenu à aménager son bureau, dans un espace de coworking qui lui offre une vue imprenable sur les vignes, forcément. Page après page, sujet après sujet, Vinorama.lu y a vu le jour progressivement au cours de l’été passé.

Soutenu dans son entreprise par le Fonds de solidarité viticole et le ministère de l’Économie et du Tourisme luxembourgeois, Erwan avait certes l’écriture et l’expérience pour lui. Collaborant avec des photographes locaux, c’est auprès de son frère, Maël Nonet, fondateur et gérant de l’agence de communication Barberousse et des éditions Rouquemoute à Nantes, qu’il a trouvé l’aide nécessaire à la réalisation de sa maquette. « Pour un pays multiculturel comme le Luxembourg, j’ai souhaité faire un magazine trilingue, composé d’articles écrit alternativement en français, anglais et allemand. Pour obtenir la traduction dans la langue de son choix, il suffit de scanner un QR-Code qui renvoie directement vers l’article traduit sur le site​ vinorama.lu, explique Erwan. Ce concept permet une ​alliance idéale entre le papier et le numérique, tout en ouvrant des horizons qui dépassent les frontières luxembourgeoises ».

Côté sommaire, chaque numéro est composé de ​ rubriques récurrentes : l’interview d’une personnalité décrivant son intérêt pour le vin – le trompettiste de jazz Gast Waltzing pour ce premier numéro –, mais aussi des vignerons qui décrivent leur travail à la vigne et à la cave, le portrait d’un producteur, la description d’un lieu-dit, l’actualité du vignoble, l’accord mets/vins d’un chef réputé, les bouteilles coups de cœur de spécialistes, de vieilles photos commentées par les vignerons ou encore un zoom sur une attractivité touristique de la Moselle… Petit bonus qui fait mouche : chaque numéro renferme un dessin original d’Aurel (Le Monde, Le Canard Enchaîné, L’Express...) ainsi qu’une aquarelle de Gab (La France Agricole, La Vigne, Siné Hebdo...).

Avec ce premier numéro réussi, et suite à une année 2018 qualifiée à la Une de Vinorama.lu de « Fabuleux millésime » pour le monde viticole luxembourgeois, nul doute que le vignoble national a désormais tout ce qu’il faut pour faire encore plus parler de lui.

Salomé Jeko
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