Arts anciens

Origines chinoises

d'Lëtzebuerger Land vom 07.12.2018

On connaît la richesse du patrimoine culturel de la Chine – son développement exponentiel actuel se faisant plutôt dans le sens effréné de la mondialisation. Le Luxembourg a ainsi des échanges nombreux avec la Province du Henan, cœur de la Chine d’aujourd’hui et berceau de la civilisation chinoise. Ce n’est donc pas seulement une exposition tournée vers le passé que l’on peut visiter avec Les origines de la civilisation chinoise – Trésors archéologiques du Henan au Fëschmart jusqu’au mois d’avril de l’année prochaine, mais on verra des objets qui éclairent la culture de la Chine et des Chinois d’aujourd’hui, nombreux désormais au Luxembourg. Le Henan Museum exposera en échange, en 2020, le patrimoine archéologique de l’Antiquité romaine, dont les riches collections sont conservées au MNHA.

C’est la Bank of China – et Cargolux pour le transport depuis l’Extrême-Orient –, qui sont les associés du partenariat entre l’Administration de la Province du Henan pour l’Héritage Culturel et Archéologique et le MNHA, qui expose et explicite les mécanismes de l’émergence, des fonctionnements politique et cultuel il y a quelques 2 000 ans avant Jésus-Christ de trois dynasties du Néolithique, Xia, Shang et Zhou.

La Province du Henan (pour mémoire, elle compte actuellement 94 millions d’habitants sur un territoire de 167 000 kilomètres carrés) est située dans les plaines centrales fertiles du Fleuve Jaune et était déjà densément habitée au Néolithique. Ces conditions favorables permirent le développement de premiers États féodaux.

Parmi les 145 objets exposés au total, on verra dans la première partie de l’exposition, « La formation d’un Empire », des objets qui appartenaient, au souverain, à des familles aristocratiques et des objets de culte. De par leur symbolique et leur rôle d’usage, ils explicitent la hiérarchie sociale instaurée par un roi qui déléguait ainsi son pouvoir à des familles nobles et illustrent aussi des pratiques d’un culte religieux qui assurait la stabilité du système.

Des objets coulés dans du bronze ont été retrouvés dans un bon état de conservation sur des sites de fouilles. Ainsi de récipients, qui étaient destinés à contenir de la viande pour des banquets ou des cérémonies religieuses. On verra entre autres un ding qui, selon la légende, avait été coulé dans des métaux de neuf provinces différentes, symbolisant le pouvoir souverain du roi Yu le Grand (dynastie Xia, vers 2000-1600 avant Jésus-Christ).

On apprendra que durant cette même période déjà, la musique jouait un rôle primordial : un ling (une sorte de cloche en bronze), le plus ancien prototype des instruments musicaux de la dynastie Shang et Zhou, est présenté ici. La musique, est-il dit, si elle n’était pas harmonieuse, pouvait présager de la chute de l’État…

Des cruches en céramique (l’une à pied en tripode de la dynastie Zhou, l’autre ayant un bec verseur en forme de tête de coq de la dynastie Xia), montrent également la maîtrise de la cuisson de la terre cuite. Le jade est également déjà taillé. Ainsi d’une dague-hache symbolisant dans une cérémonie religieuse, les faucilles utilisées par les guerriers conquérants pour trancher la tête de leurs ennemis (dynastie Shang, 1600-1000 avant Jésus-Christ).

La deuxième partie de l’exposition, « Artisanat et savoir-faire », est consacrée à l’unification de la Chine. Y sont présentés des parures et des objets de la noblesse, mais aussi des objets montrant l’importance du cheval, la production agricole et la vie au quotidien, ceci jusqu’au XIIe siècle de notre ère.

On admirera bien sûr le gisant recouvert de 2008 plaques de jade et cousu de fils d’or d’une princesse de la dynastie Han, (200 – 0 avant Jésus-Christ), ainsi qu’un chœur de statuettes funéraires et des maisons miniatures avec grenier à grain en céramique peinte. À côté des bijoux en jade et en or, on verra grâce à des représentations miniatures, les avancées de l’aquaculture, l’importation de chevaux de bonne race, des chiens veillant sur leur maître et que dès le deuxième siècle de notre ère, les Chinois étaient en contact avec d’autres peuples, comme en témoigne une statue d’un palefrenier tartare.

L’exposition Les origines de la civilisation chinoise – Trésors archéologiques du Henan, au Musée national d‘histoire et d’art, Marché-aux-Poissons à Luxembourg-ville, est à voir jusqu’au 28 avril 2019 ; ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18 heures, le jeudi nocturne jusqu’à 20 heures ;catalogue de l’exposition édité par le MNHA : 38 euros ; www.mnha.lu.

Marianne Brausch
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