Tzeedee

Introspection populaire

d'Lëtzebuerger Land vom 23.11.2018

Chaque semaine au Grand-Duché, et aussi étonnant que cela puisse paraître, de nombreux disques d’artistes locaux paraissent. Des obscurs EP mal mixés et partagés en ligne, des disques physiques aux pressages limités et revendus lors des tournées communales, mais aussi des projets distribués à une plus grande échelle et arborant fièrement un label qualité. Le premier album solo de Joël Heyard entre assurément dans le dernier cas de figure. Le paquet a été mis pour le lancement d’Introspection, un sept titres paru chez G-minor Records, label de l’artiste qu’il a co-fondé en 2013 avec Aaron Baustert. Joël Heyard est un producteur avec un curriculum vitae musical long comme le bras. Sur son site internet se dresse la liste de ses productions, certaines sont estampillées « n°1 » de telle ou telle autre radio autochtone. On y retrouve par exemple The Gentles, Deborah ou bien encore le légendaire Toxic René. Mais c’est aussi un musicien, un batteur qui donne le la.

Le 15 novembre, Joël Heyard vient défendre son projet à Dudelange. Vers vingt heures, le Grand Auditoire du centre Opderschmelz se remplit peu à peu. La première partie est assurée par Go By Brooks. Laetitia Koener au chant et à la guitare, Nicolas Palumbo à la seconde guitare, Jérôme Moes au clavier et Tom Roilgen aux percussions sont épaulés par Anik Schwall au violoncelle pour quarante minutes de folk-rock mélancolique et plaisant. Leur nouvel album sera présenté le samedi 8 décembre 2018 à la Kulturfabrik, à Esch-sur-Alzette. Après un court passage par la buvette, les spectateurs sont rappelés à l’ordre par le signal sonore qui annonce le début du concert. Ainsi, Joël Heyard s’installe au centre de la scène, à la batterie. Il est vite rejoint par Rom Christnach à la guitare basse, Claude Schaus aux claviers, Remo Cavallini à la guitare et Tom Roilgen à la seconde batterie. Jeannette Dalia Curta, Ingrid Schwarz, Vinylic et Ben Nilles sont au chant. La troupe interprète alors la totalité de l’album.

L’album donc, Introspection, se compose de sept chansons, en anglais, pour une demi-heure de musique électro pop. L’introduction, Moonlight, est un concentré d’énergie, mais ne convainc qu’à moitié. Une guitare rythmique, du synthétiseur, des drops, le morceau arbore toute la panoplie du parfait hit radio. Silver and gold, second titre, penche plutôt vers le blues rock avec une guitare plus nerveuse et des réverbérations. Avec son refrain et le soutien d’un chœur, on pense à Before he cheats de Chris Tompkins et Josh Kear que Carrie Underwoods chantait en 2006. Mais Silver and gold n’a pas la puissance du titre en question. S’ensuit You better move, la guitare est funky à souhait, là on pense à Get lucky avec son refrain chanté par une voix robotique. L’interprétation par Vinylic, le soir du concert, convainc les spectateurs qui se déhanchent timidement. Le quatrième morceau Woe is me est un featuring avec Matt Bednarsky, chanteur américain. Ce dernier n’a pas pu traverser l’Atlantique pour se présenter sur les planches dudelangeoises, cependant, Joël Heyard a prévu le coup. Une vidéo du chanteur est diffusée sur grand écran. Les musiciens jouent par-dessus et ça sonne très bien. Le live donne un sacré coup de fouet à cette petite balade pop et mélancolique, mais dont le refrain s’accroche et reste en tête des heures durant.

S’ensuit encore Turn it off, ses sons de grosse caisse et ses saturations. Ben Nilles est au chant et il est acclamé par l’audience. C’est Jeannette Dalia Curta qui termine avec les deux dernières pièces de l’opus. Feel it coming d’abord, posé et plus introspectif sans doute puis All alone et ses notes au synthétiseur aux sonorités eighties. Le concert se termine après 35 minutes de show. Ce fut court mais complet. Les remerciements durent un peu. L’introspection musicale de Joël Heyard est populaire tant elle use et abuse des codes de la musique pop mainstream. Mais le résultat est plutôt plaisant et le disque se laisse écouter franchement.

Plus d’informations : joelheyard.com/

Kévin Kroczek
© 2024 d’Lëtzebuerger Land