Marché de l’art

Devenir grand

d'Lëtzebuerger Land du 07.04.2017

d’Lëtzbuerger Land : On pensait que vous alliez vous installer aussi à l’étranger et vous ouvrez un nouvel espace à Luxembourg. Pourquoi ?

Alex Reding : C’est vrai que j’ai longtemps caressé l’idée d’ouvrir un autre espace d’exposition - à Paris pour ne rien vous cacher. Mais notre voisin, la galerie Ceysson, a quitté son espace de la rue Wiltheim et ma décision de m’agrandir, ici, à Luxembourg, est réfléchie.

C’est vrai que le nouvel espace est très clair, plus grand que la galerie au n° 4…

Très ! Il nous offre une plus grande visibilité, les pièces sont plus hautes…Vous voyez que je peux exposer ici les grands vases de Barthélémy Toguo, finaliste du Prix Marcel Duchamp 2016, ce que je n’aurais pas pu faire dans d’aussi bonnes conditions à côté. Dans l’espace attenant, vous voyez des sculptures de Stephan Balkenhol – modestes par leur taille d’ailleurs, mais vous savez comme moi qu’il travaille aussi des pièces beaucoup plus grandes. Je pourrai ainsi lui offrir de bonnes conditions d’exposition et je réfléchis aussi à exposer de la photographie. Cet espace-ci est donc non seulement plus grand, mais aussi plus représentatif.

Vous renforcez donc votre visibilité luxembourgeoise…

On peut le dire comme ça.

Il n’y a pas de liaison entre la nouvelle et l’ancienne galerie. C’est au programme de casser le mur mitoyen ?

Non, pas du tout. La galerie au n° 2 va rester autonome par rapport à cet espace-ci. Elle a une autre physionomie. Je réfléchis actuellement à son évolution. Sachant que je ferme l’espace d’exposition Project Room du Schéiechlach. Qui était parfait pour des installations, des projets de l’ordre de l’expérimental. Un lieu d’exposition doit pouvoir évoluer dans le temps, c’est ce que j’envisage pour la galerie actuelle.

Au salon Drawing now, récemment à Paris, vous avez exposé Rainier Lericolais. Vous allez aussi montrer son travail à Luxembourg ?

Pas nécessairement. Vous savez, les foires ont une toute autre dynamique désormais que les galeries. C’est une autre carte que je joue là, comme avec Rainier Lericolais à Paris. C’est phénoménal, le nombre de foires qui se sont développées en Europe ces dernières années et il faut être extrêmement mobile et réactif.

Pour preuve, l’Art Week, que vous avez initiée à Luxembourg en sera à sa troisième édition l’automne prochain…

Il y a une belle dynamique au Grand-Duché. L’Art Week de cette année sera plus grande que les éditions précédentes, ce que l’on m’a récemment reproché – en termes de mètres carrés. Comme si j’allais chasser le Salon du Cal… Ce n’est pas ça du tout. En fait, à la manifestation de l’année dernière, des travaux d’artistes plus « jeunes », plus accessibles financièrement, ont été présentés sous une tente, sur le parking. Cela a eu un beau succès. Donc oui, la foire va s’agrandir pour offrir des conditions meilleures. Nous restons au Hall Victor Hugo et nous allons aussi pouvoir utiliser le Tramschapp du Limpertsberg – où aura lieu le Salon du Cal.

Vous avez parcouru beaucoup de chemin depuis votre première galerie installée dans une ancienne épicerie Place de Strasbourg…

Oui, c’était en 2001…

Mais vous restez fidèles aux artistes que vous exposiez déjà alors – Tina Gillen, Jens Wolf, Damien Deroubaix que l’on a vu au Mudam récemment en dialogue avec des dessins de Picasso…

Manuel Ocampo qui représente cette année les Philippines à la Biennale de Venise…

C’est dans cette même optique que vous exposez, pour l’ouverture des galeries 2 + 4 rue Wiltheim de jeunes Luxembourgeois émergeants ? Sophie Jung, Marc Bourscheid qui va représenter le Luxembourg à Venise cette année ?

On peut avoir plusieurs orientations : être plus marchand, représenter des peintres de tendances reconnues au plan de l’histoire de la peinture… Je pense que c’est la programmation d’une galerie qui « fait » la galerie. La galerie Nosbaum Reding est de celles qui accompagnement les artistes.

« Vos » artistes – j’en cite ici encore quelques autres que l’on peut voir à cette exposition d’ouverture – Jean-Luc Moerman, Aline Bouvy, Wawrzyniec Tokarski – vous permettraient donc de vivre sur votre notoriété ? La reconnaissance des artistes serait une récompense du travail de galeriste ?

Si vous l’entendez au sens de « se reposer sur ses lauriers »… Non. Certainement pas !

L’exposition de groupe avec des œuvres de Stephan Balkenhol, Aline Bouvy, Mike Bourscheid, August Clüsserath, Damien Deroubaix, Christian Frantzen, Tina Gillen, Raymond Hains, Sophie Jung, Hubert Kiecol, Christoph Meier, Jean-Luc Moerman, Manuel Ocampo, Anselm Reyle, David Russon, Barthélémy Toguo, Wawrzyniec Tokarski, Steve Veloso et Jens Wolf est à voir jusqu’au 29 avril chez Nosbaum Reding Gallery, 2 + 4 rue Wiltheim à Luxembourg-ville ; ouvert du mardi au samedi de 11 à 18 heures ; contact : reding@nosbaumreding.lu ; plus d’informations : www.nosbaumreding.lu

Marianne Brausch
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