d’Land : Le Bulletin du Statec n° 1-2008 est consacré aux dépenses des salariés frontaliers au Luxembourg en 2007. Quelles sont les conclusions que vous tirez de votre étude ?
Guy Schuller : Premièrement, l’étude a démontré que la proportion des dépenses des salariés frontaliers au Luxembourg est restée constante par rapport à leur rémunération brute. En 2007, ils ont dépensé près d’un cinquième de leur salaire au Grand-Duché, ce qui équivaut plus ou moins au ratio qu’on avait observé il y a cinq ans. Puis, nous avons conclu à une certaine tendance à la convergence de comportement des salariés frontaliers selon leur pays de résidence au niveau de différents produits. Tandis que les produits soumis à accises atteignent des niveaux de saturation, la hausse des dépenses s’est poursuivie pour les courses, la restauration, les loisirs, les voyages à forfait, ainsi que les vêtements et les chaussures. Par ailleurs, les questions complémentaires (pour les dépenses alimentaires, les vêtements et les biens d’équipement) sur les raisons des achats – comme le prix, le gain de temps, le côté pratique, ou bien des produits non offerts dans le pays de résidence – ont permis de dégager des indications sur les motivations pour les dépenses frontalières.
Le troisième constat important que nous avons fait est la divergence par pays de résidence des salariés frontaliers, en ce qui concerne l’achat de véhicules. Ainsi l’écart, déjà observé en 2003, des dépenses des frontaliers français pour des voitures au Luxembourg par rapport aux Belges et aux Allemands s’est creusé. Ce phénomène explique largement la hausse des dépenses françaises, puisque dans les autres secteurs nous avons recueilli des différences moins spectaculaires.
Quelles sont les raisons pour cette hausse des achats de véhicules ??Nous n’avons pas d’explications directes pour cet état des choses. D’autres statistiques montrent néanmoins que, pendant ces dernières années, le Luxembourg a vendu beaucoup plus de voitures vers la France qu’avant. Par contre, nous n’avons pas de données sur les destinataires de ces voitures. Sont-ils des salariés au Grand-Duché ou bien des résidants français travaillant en France ? Néanmoins, ces indications confirment une certaine tendance que nous avons pu observer dans la cadre de notre étude sur les dépenses des salariés frontaliers.
Avec une hausse de 46 pour cent des dépenses pendant la période de 2003 à 2007, quelle est, selon vous, l’évolution des prochaines années à venir ??La hausse de 46 pour cent s’explique largement par l’augmentation du nombre de frontaliers (26,4 p.c.) ainsi que l’augmentation des prix (9,5 p.c.) depuis 2003. Cela veut dire que toute évolution des dépenses va au moins dépendre de ces deux facteurs déterminants. L’accroissement en quelques années de 106 856 à 134 935 du nombre des frontaliers français, belges et allemands, venant travailler au Luxembourg, est en effet une évolution considérable et, si elle continue, aura nécessairement une influence sur les dépenses totales de ces derniers dans les années à venir.