Quand on pense à Thierry Faber, on pense d’abord à Capitani, la série policière événement de la fin de l’année 2019 - dont le tournage de la deuxième saison est prévu au printemps prochain. Si l’ensemble des douze épisodes ont été réalisés par Christophe Wagner, c’est bien Thierry Faber qui l’a écrite et imaginée (on dit show runner dans le jargon). Quand on pense à lui, on peut aussi penser à Superjhemp Retörns ou à Comeback dont il a cosigné les scénarios. On peut enfin penser à Rusty Boys, Tabu, Diamant 13 dont il a été le chef monteur. Plus rares sont ceux qui vont penser à À quoi bon ? sa seule réalisation, sortie en 2015.
Produit par le Centre National de l’Audiovisuel avec un budget réduit, le court-métrage de 19 minutes est basé sur le scénario de Julie Savary, lauréate du concours Crème Fraîche de l’année précédente. L’histoire est celle de Benoît (Frédéric Frenay), vieil ours solitaire vivant dans une vieille baraque à la campagne. Tous les jours, il attend impatiemment le passage du facteur. Ce jour-là il est en retard. « Pas trop tôt, voilà Andy Schleck qui arrive », lâche-t-il dans sa barbe en voyant approcher le vélo de Post. Pas de bol, le facteur a changé et c’est désormais une jeune fille, Agathe (Julie Savary), qui fait la tournée. Au lieu de glisser l’enveloppe dans la boîte aux lettres, elle sonne à la porte pour lui remettre en main propre. Ça ne lui va pas du tout au vieux solitaire. Il n’ira d’ailleurs pas ouvrir. Le voyant derrière sa fenêtre, elle décide de repartir avec l’enveloppe pour ne la lui rapporter que le lendemain.
Benoît est du genre casanier, et il a de bonnes raisons de l’être, mais tous les jours, il sort pour poster une lettre. On apprendra ensuite qu’il écrit à sa fille, mais que tous les envois finissent par revenir à l’expéditeur, son ex refusant que la gamine revoie ce père aux relations on ne peut plus louches. Il finira donc par demander de l’aide à la factrice.
Voilà deux êtres que tout oppose qui finiront par s’apprivoiser, s’apprécier, s’entraider. Sympa, pas dénué d’intérêt, mais pas non plus ultra-original. Un peu maladroit aussi en ce qui concerne le jeu et la direction d’acteurs. Des maladresses courantes pour un « premier film » dont est d’ailleurs conscient le réalisateur, coscénariste et monteur Thierry Faber.
Comme êtes-vous arrivé sur le projet À quoi bon ?
Thierry Faber : C’est le CNA qui est venu vers moi à la suite à mes premiers pas en tant que réalisateur sur la sitcom Comeback dont j’ai réalisé trois épisodes. Ils m’ont contacté, car ils tiennent à proposer les scénarios lauréats du concours Crème Fraîche à des réalisateurs débutants. J’ai accepté avec plaisir d’autant plus que je trouvais qu’il y avait pas mal de choses intéressantes dans le scénario, même si je l’ai remanié un peu. C’était assez drôle et j’ai aimé ce huis clos avec cette histoire simple sur une personne qui vient bousculer la vie d’une autre. J’ai pris ça comme une possibilité d’avancer professionnellement, même si je n’ai jamais eu l’intention de devenir un réalisateur pur et dur, je trouve intéressant d’avoir une expérience de réalisation pour mieux comprendre, en tant qu’auteur, comment le réalisateur doit se débrouiller pour mettre en scène un scénario.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce court-métrage ?
Je l’ai regardé une nouvelle fois tout dernièrement. Je n’ai pas l’impression d’avoir un regard bien différent aujourd’hui qu’à l’époque. Il y a des maladresses. Je les avais déjà repérées au moment du montage et je vois toujours. Mais dans l’absolu, en sachant en plus que c’est le seul court-métrage que j’ai jamais fait, je l’aime toujours bien. Je sais bien que ce n’est pas le film de l’année, mais je trouve que c’est un film mignon et agréable à regarder. C’est mon premier, pour l’heure c’est mon unique, et j’avoue qu’il m’est cher.
Qu’a apporté À quoi bon ? à votre carrière ?
Le film n’a pas beaucoup voyagé, il n’a pas fait beaucoup de festivals, mais il m’a permis de beaucoup apprendre. Ça m’a donné aussi une légitimité quand je donne un avis sur une mise en scène ou quand je dirige, comme sur Capitani, une deuxième équipe. D’ailleurs j’aimerais bien réaliser à nouveau. Pas cent pour cent de mon temps, mais de temps en temps. Ne serait-ce parce que, quand on écrit ou on fait un montage, on est très solitaire alors que quand on réalise, on est entouré de toute une équipe pendant des semaines. C’est aussi très agréable..